Henri Konan Bédié a été investi, samedi 12 septembre 2020 à Yamoussoukro, candidat du PDCI à l’élection présidentielle d’octobre prochain. L’occasion a été bonne pour l’ancien chef de l’Etat de présenter son programme de gouvernement pour les 5 années à venir s’il est élu au soir du scrutin du 31 octobre. Pour que chacun se fasse une idée, Afrique-sur7.fr vous propose ci-dessous l’intégralité de son discours programme.
Voici les engagements de Bédié face au peuple ivoirien
« Je vous salue et vous remercie pour cette belle mobilisation semblable à celle du 27 Août 2020 qui a accompagné le dépôt de ma candidature à la CEI. Nous voilà, réunis, à nouveau à la Place Jean-Paul II, pour mon investiture à l’élection présidentielle du 31 Octobre 2020, après mon plébiscite, comme candidat à ladite élection par les membres statutaires, lors des conventions électives éclatées des 25 et 26 juillet 2020. En ce merveilleux instant du 12 Septembre 2020, permettez que du haut de cette tribune j’associe la voix de mon épouse et de ma famille à la mienne pour vous traduire à tous toute ma reconnaissance pour votre détermination et loyauté à servir, avec foi et abnégation notre grand parti, le PDCI-RDA.
Chers Compagnons, notre présence ici ce jour répond à un objet de haute importance. Il s’agit de transmettre, aux Ivoiriennes, aux Ivoiriens, à tous ceux vivant en Côte d’Ivoire et aux amis de la Côte d’Ivoire, un message d’espoir et d’espérance, précisant notre engagement politique, tel qu’il transparaît de notre projet de société et notre programme de gouvernement.
Mes Chers Compagnons, mon ambition majeure pour la Côte d’Ivoire est de réaliser, à court terme, la réconciliation nationale, à travers l’adoption par tous d’un nouveau contrat social pour une Côte d’Ivoire réconciliée, unie et prospère. Nous avons besoin d’une Côte d’Ivoire reconstruite en recollant tous les morceaux décousus de notre tissu social. Cette reconstruction doit être une œuvre collective menée par toutes les Forces vives de la nation, dans le cadre d’un dialogue politique et social inclusif.
Ainsi, ce jour, je réaffirme, solennellement, que j’accepte d’être candidat à l’élection présidentielle du 31 Octobre 2020 et j’invite toutes les formations politiques et les plateformes politiques, qui le désirent, à soutenir ma candidature à l’élection présidentielle du 31 Octobre 2020. Soyons déterminés et engagés, car la victoire à cette élection est à notre portée à tout point de vue.
Au nom de la paix sociale et de la réconciliation nationale, si chères à chacun d’entre nous, je m’engage, dès mon accession à la magistrature suprême, à mettre en place un Gouvernement de large ouverture, fédérant toutes les formations politiques et les forces sociales qui le désirent et à prendre des mesures concrètes et immédiates pour le retour sans condition de tous les exilés, la libération des tous les prisonniers politiques civils et militaires de la crise post-électorale de 2010 jusqu’à nos jours.
Ce gouvernement aura pour missions de mettre en œuvre un programme, structuré en quatre (4) volets stratégiques, comportant vingt-six (26) engagements majeurs. Ces quatre (4) volets stratégiques sont : Premier volet : L’état de droit, la démocratie apaisée et participative. Il s’agit pour moi de montrer la façon, dont j’entends garantir les libertés publiques par un exercice sain de la démocratie qui conforte la défense du Territoire national, la reconstruction nationale, la réconciliation, la paix sociale, la justice et l’égalité de tous les citoyens devant la loi ; et ce dans un espace de vie sécurisé à l’intérieur du pays et aux frontières.
Au plan de la sécurité nationale, je m’engage à réformer le fonctionnement des forces de sécurité que sont la police nationale et la gendarmerie nationale et à doter l’armée nationale d’une nouvelle loi de programmation militaire pour renforcer son action et son rôle. Toutes ces innovations que je m’engage à entreprendre et qui sont des facteurs incontournables de paix, de développement et de stabilité, s’inscrivent parfaitement dans notre vision de bâtir une Côte d’Ivoire réconciliée, unie et prospère. En effet, aucun développement sérieux et durable n’est possible sans le préalable de la paix.
C’est pourquoi, je m’engage à renouer avec les trois paradigmes, que le Président Félix Houphouët-Boigny, Père Fondateur du PDCI-RDA et de la Côte d’Ivoire moderne, a conçus et qui ont valu à la Côte d’Ivoire un prestige et un rayonnement reconnus en Afrique et dans le Monde. Il s’agit de : La Paix à l’intérieur de la Côte d’Ivoire ; La Paix entre la Côte d’Ivoire et tous les pays Africains ; La Paix entre l’Afrique et le reste du Monde. Dans le cadre du respect de la chose publique, je m’engage à redéfinir les missions de la Haute Autorité chargée de la bonne gouvernance afin qu’elle agisse avec promptitude et célérité dans l’exécution de ces missions ; à l’effet de prévenir et de lutter contre la corruption devenue rampante de nos jours.
Pour rassurer nos concitoyens de l’égalité de tous devant la loi et rassurer les milieux d’affaires, je m’engage à rendre effectives : • La séparation des pouvoirs entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire ; • La protection des magistrats et du personnel de justice, dans l’exercice de leur profession, contre l’intrusion du pouvoir exécutif dans le fonctionnement de l’appareil judiciaire érigée en système sous la gouvernance actuelle du RHDP- Unifié. Deuxième volet : La citoyenneté, le civisme, l’éducation, la formation et le bien-être pour tous. Encore, je m’engage à réaliser leur promotion à travers : • L’enseignement du civisme dans les cycles scolaires et la maîtrise de nos valeurs culturelles ;
• La formation scolaire, universitaire et technique adaptée à l’évolution du monde scientifique et du marché du travail ; Il s’agit pour moi de m’assurer de l’employabilité des jeunes diplômés sur le marché du travail. C’est pourquoi je m’engage, ici et maintenant, à mettre au cœur de mon programme de gouvernement plusieurs chantiers prioritaires relatifs à l’emploi des jeunes et à l’autonomisation des femmes et à une réforme profonde de notre système éducatif.
Je n’oublie pas nos braves femmes des villes et des villages, à la tâche dans les activités artisanales, commerciales et dans les champs, ces femmes sur qui repose l’essentiel des préoccupations quotidiennes de la vie des familles. Je m’engage à les rendre autonomes à travers des activités génératrices de revenus financées, comme je les avais institués de 1996 à 1999, grâce aux institutions de micro-crédits ou des établissements financiers spécialisés. Je veillerai à ce que les jeunes et les femmes, qui relanceront nos activités agricoles, soient mieux outillés qu’avec la houe, la daba et la machette.
Nous opterons progressivement pour une agriculture motorisée porteuse de gains de productivité et de revenus accrus, toute chose qui freinera l’exode rural et la migration des jeunes à l’étranger au péril de leur vie. Il est évident que le plein emploi des jeunes ne saurait être une réalité sans une transformation profonde de notre système éducatif qui s’est accommodé de la médiocrité, au regard de la baisse généralisée du niveau scolaire, comme l’atteste le faible taux de réussite aux récents examens du baccalauréat et du BEPC ; inférieur à 45 %. J’ambitionne de relever ce taux au moins à hauteur de 70 % à l’horizon 2025.
C’est ce qui motive ma détermination pour l’épanouissement de notre jeunesse, qui de mon point de vue, bien qu’intelligente et courageuse, est en manque de repères et de modèles, en raison de la faillite des politiques de l’éducation, de la formation et de l’emploi du RHDP unifié. Chers Compagnons, nous devons mettre fin à ce mode de fonctionnement ; le clientélisme qui n’honore pas notre République et les gouvernants actuels. Je veillerai à ce que l’égalité des chances, consacrée par notre loi fondamentale, soit, à jamais, le ferment de la réconciliation nationale, de l’unité nationale et de notre prospérité économique.
La recherche-développement en santé est quasi inexistante. Ce qu’a confirmé la gestion de la pandémie de la COVID 19. Au regard de ces faits, je m’engage à réformer en profondeur notre système de santé en mettant en œuvre un programme prioritaire de recherche-développement sanitaire dans les pôles économiques de développement. Troisième volet : Les grands travaux et l’aménagement du territoire national. A travers ce volet, je m’engage à développer les infrastructures de base nécessaires au développement économique et social durable.
A cet effet, je propose un ensemble de mesures structurelles d’appui et d’accompagnement aux entreprises privées et publiques exerçant dans les domaines : • des bâtiments et des travaux publics, • des transports, • de l’industrie et des mines, • des nouvelles technologies de l’information, • des hydrocarbures, de l’énergie et des énergies renouvelables, • de la santé et de l’hygiène publique, • de la construction, de l’urbanisme et du cadre de vie. Ainsi, je m’engage à réaliser de grands projets structurants tels que :
La création de neuf Grands pôles économiques de développement, La création de nouveaux chefs-lieux de départements; notamment ceux de OURAGAHIO, de GUIBEROUA, OUELLE, etc.
Par ailleurs, dans la lutte contre les inondations, avec son corolaire de pertes en vies humaines dans divers quartiers de la ville d’Abidjan, je m’engage à mettre en œuvre un programme ambitieux d’assainissement, de drainage et d’amélioration du cadre de vie des populations. Quatrième volet : Le développement économique et social durable. Enfin, à travers ce quatrième volet, je m’engage à bâtir un modèle économique adossé sur un cadrage macroéconomique, avec une prévision de recettes fiscales couvrant l’essentiel des dépenses publiques. A cet effet, je m’engage à faire adopter des réformes fiscales et douanières pour accroître les ressources de l’état en vue de faire face aux sollicitations financières des organisations syndicales des travailleurs.
Dans le secteur public, il s’agit : • Du relèvement de l’indice référentiel de base fixé à 233,457 depuis 1961, sans évolution tenant compte de la cherté de la vie, • De la revalorisation du taux d’annuité liquidable de la pension de 1,75 à 2, • De l’adoption du nouveau statut général de la fonction publique. Dans le secteur privé, il s’agit d’entreprendre des réformes se rapportant à : La révision du code du travail, La revalorisation du Smig et du Smag, La revalorisation des pensions de retraite, en raison de leur caractère dérisoire. Chers Compagnons, je m’engage à traiter ces attentes en instaurant la justice fiscale à travers : La réduction du taux d’imposition pour alléger la charge fiscale des contribuables, car trop d’impôt tue l’impôt, L’élargissement de l’assiette fiscale.
Les pertes de recettes issues de la réduction des taux d’imposition seront compensées par l’élargissement de l’assiette de l’impôt, L’adoption d’une fiscalité allégée et adaptée aux petites et moyennes entreprises et au secteur informel. En effet, les PME et le secteur informel constituent des maillons importants de notre économie. Sur la base de ces réformes fiscales et des ressources attendues, je m’engage à assurer une croissance économique inclusive, forte et durable, à travers la promotion : 1- D’une agriculture moderne, diversifiée, intensive et mécanisée. 2- D’un secteur industriel adapté aux impératifs de compétitivité de l’agro-industrie, des industries minières, pétrolières et gazières.
Ce secteur constituera le socle de l’expansion économique projetée à l’horizon 2025. 3- D’un secteur tertiaire dynamique soutenu par le développement des NTIC et par les petites et moyennes entreprises. En conclusion, l’objectif visé à l’horizon 2025, c’est de: 1- Réduire sensiblement le niveau du chômage, aggravé par la COVID-19. Le niveau élevé de ce taux de chômage, que je ne cesse de décrier à chacune de mes interventions, et qui se situe entre 70 % et 90 %. Malheureusement à ce jour, aucune action véritable n’a été menée pour la création d’emplois pour les jeunes, garçons et filles.
J’ambitionne de ramener ce taux entre 15 % et 25 %. 2- Accroître la richesse nationale dans tous les secteurs de production, avec une amélioration qualitative des systèmes de production adossés à une fiscalité à base élargie pouvant induire une croissance soutenue du PIB entre 8,5 % et 9,5 % à l’horizon 2025. 3- Assurer une meilleure répartition des fruits de la croissance par une affectation efficiente des ressources publiques vers les couches sociales les plus vulnérables, à travers des projets et programmes pour les pauvres.
Ces projets ciblés, en faveur des populations démunies, seront contenus dans les quinze (15) masses de projets plurisectoriels, à réaliser de 2020 à 2025, d’un montant de 46 000 milliards de francs CFA. Mes chers Compagnons La réalisation effective de ces projets et programmes va reposer sur une gestion saine des ressources publiques. A cet effet, je m’engage à assurer une gestion transparente des dépenses publiques, avec l’obligation aux gestionnaires des comptes publics de rendre compte des opérations financières de l’Etat.
C’est sur la base de la gestion efficiente des recettes fiscales Prévisionnelles, de 2020 à 2025, d’un montant de 34 776,3 milliards de francs CFA et la mobilisation de ressources additionnelles sur les marchés internationaux de capitaux que nous aurons la capacité de financer les quinze (15) masses de projets, comportant un total de cent quarante-trois (143) projets. Ces quinze (15) masses de projets plurisectoriels constituent la nervure principale du Programme de gouvernement 2020-2025 du parti.
Chers Compagnons, me voilà au terme de mon discours programme 2020-2025 qui met en exergue les axes essentiels des politiques publiques que je m’engage à exécuter pour une Côte d’Ivoire réconciliée, unie et prospère. Ce projet de société et ce programme de gouvernement sont ma vision et mes objectifs, contrairement au RHDP unifié qui n’a ni vision ni objectif à long terme. En effet, l’émergence projetée à l’horizon 2020, évoquée dans tous les discours officiels n’a pas été une réalité et la misère ne cesse de croître.
Leur modèle macroéconomique a généré une croissance appauvrissante sur la période 2012-2020, avec un taux de pauvreté de plus de 47 %, malgré un taux de croissance du PIB en moyenne de 7,6% sur la même période. Les tenants du pouvoir RHDP n’ont jamais eu pour objectif de parvenir à une meilleure redistribution des richesses nationales. Je voudrais dire à leur endroit la pensée de Confucius : « Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt ». Quand pour la nation les sages de notre pays montrent la voie de la paix, ils s’obstinent à violer la Constitution, à se parjurer en voulant un 3e mandat.
Contre cette forfaiture, je vais avec l’opposition remporter cette élection présidentielle afin de réussir une mission de salut public pour le bonheur de tous, en particulier des jeunes, filles et garçons des nouvelles générations. Je demande, donc, à tous les Ivoiriens et à toutes les Ivoiriennes de m’accorder leurs voix pour la victoire à l’élection présidentielle du 31 Octobre 2020, afin qu’ensemble nous reconstruisions l’état de droit et la démocratie apaisée, tant recherchés depuis le stupide coup d’État du 24 Décembre 1999.
Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire
Fait à Yamoussoukro le 12 Septembre 2020
Henri Konan BÉDIÉ
Président du PDCI-RDA
Candidat à l’élection présidentielle du 31 Octobre 2020