La rencontre Macron – Alassane Ouattara de ce vendredi, en France, est le sommet de tous les espoirs en Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens espèrent le retrait d’ Alassane Ouattara de la course à la prochaine présidentielle d’octobre 2020. Le candidat du RHDP va rencontrer Emmanuel Macron, le Président français, avec qui il va évoquer plusieurs sujets, y compris celui de sa candidature controversée à la prochaine élection présidentielle d’octobre 2020. Selon Jeune Afrique, les retrouvailles Macron – Ouattara seront aussi l’occasion pour les deux hommes de parler affaires, un peu comme devant un « nouveau casino en ligne » où l’on peut gagner gros ou perdre toutes ses illusions.
Rencontre Macron – Alassane Ouattara, de quoi accouchera la montagne ?
Alassane Ouattara avait promis à tous les Ivoiriens qu’il ne se présenterait pas à la prochaine élection présidentielle d’octobre 2020. C’est lors d’une intervention devant le Sénat ivoirien en mars dernier qu’il a fait cette déclaration qui a retenti jusqu’à Paris. Presque euphorique, Emmanuel Macron s’était senti l’obligation de saluer le geste fort d’un démocrate.
« Je salue la décision historique du Président @AOuattara_PRCI, homme de parole et homme d’État, de ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle. Ce soir, la Côte d’Ivoire donne l’exemple », postait le patron de l’Élysée. Et donc clairement, le Président français reconnaissait par son message que le départ promis par Alassane Ouattara de la présidence de la Côte d’Ivoire à la fin de son deuxième et dernier mandat était la chose la plus démocratique possible. L’inverse devient de fait son contraire, sauf que là, Emmanuel Macron est muet malgré les interpellations de milliers d’Africains curieux de connaitre sa position.
Pour beaucoup, en Côte d’Ivoire et en France, Emmanuel Macron n’a pas à commenter la dernière sortie d’Alassane Ouattara, annonçant sa candidature à la même élection présidentielle. Et pourtant si. Emmanuel Macron s’est déjà immiscé dans une affaire intérieure concernant ce pays, indépendant de la France. Il n’a donc plus aucun autre choix que de dire avec la même clarté ce qu’il pense du retournement de veste d’Alassane Ouattara. Ce revirement étant l’opposé du propos encouragé, Emmanuel Macron qui porte la signature de la France, pays dit des droits de l’homme, doit se désolidariser du projet d’ Alassane Ouattara avec le maximum de clarté possible. Ne rien faire est donner raison à ceux en Afrique qui pensent que la France ne pense qu’à ses intérêts et qu’elle n’en a absolument rien à faire du devenir des Africains. Une logique s’imposera à ce moment-là, si Alassane Ouattara peut le faire en Côte d’Ivoire, alors Alpha Condé pourra le faire en Guinée.
Les différents points du sommet Macron – Alassane Ouattara
Évoquant la rencontre de ce vendredi entre Macron – Ouattara, Jeune Afrique a dressé la liste des points qui seront abordés à l’Élysée. Ainsi, on apprend qu’Alassane Ouattara parlera avec Emmanuel Macron de son retournement de veste pour lui exposer les raisons profondes de son intention de manquer à sa première parole. Il semblerait que le Président français soit resté sur sa première position favorable à un départ du Président ivoirien de ses fonctions à la fin de son mandat. Il voudrait juste laisser la chance à ADO de le convaincre du bien fondé de sa volonté de poursuivre.
Incroyable, mais vrai. Dire que la Côte d’Ivoire est un pays qui se plaît à fêter le 7 août, anniversaire de l’indépendance, en laquelle son propre Président ne semble guère croire. Il se dit, comme la majorité de ses ministres, qu’avec le soutien de Paris, la pilule, aussi amère soit-elle, passera aux Ivoiriens, peu importe comment. Son bataillon de ministres et lui sont pour ce faire chacun dans son réseau, en train de marteler comme à des sourds qu’ Alassane Ouattara ne sera en réalité qu’à sa première candidature du fait de la nouvelle constitution.
L’impossible candidature de Ouattara, selon Cissé Bacongo
Il est pourtant clair dans l’esprit des Ivoiriens que ce mandat sera un troisième et il n’y a pas meilleure personne que M. Cissé Bacongo pour l’expliquer. Il répondait dans cette vidéo ci-devant à nos confrères de 7 infos : « Il est dit que le Président de la République est élu pour 5 ans. Il est rééligible une seule fois. » À la précision du journaliste « Oui, mais là c’est une nouvelle constitution ? » Il lui précisera de nouveau « Le Président a été élu sous l’égide d’une constitution », « De l’ancienne ? » « Non d’une constitution qui est actuellement en vigueur qui s’applique à lui », insistait le ministre avant de poursuivre : « On l’a dit, nous les juristes, le comité d’experts a dit à l’hôtel Ivoire Pullman : le Président de la République respecte quand même, il est le garant de la légalité constitutionnelle, la constitution actuelle lui interdit de se présenter une 3e fois. »
Le même Cissé Bacongo rajoutait, toujours par envie d’éclairer les ivoiriens : « Il ne faut pas considérer que la nouvelle constitution va balayer tous les effets de l’ancienne constitution. Jamais, ce n’est pas comme cela sinon ce serait le chao ! » Satisfait de la réponse, le journaliste lui retourne « Quand on parle de clarification, c’est ça », ce à quoi l’éminent juriste, alors en campagne pour le RHDP pour faire adopter la nouvelle constitution a répondu avec certitude « le Président l’a dit. Il a dit qu’il ne se présenterait plus. Mais vous voulez qu’on rassure comment, la nouvelle constitution est clair ! »
Cissé Bacongo au gré d’ Alassane Ouattara ?
C’est sur la base des affirmations de cet homme que les Ivoiriens ont adopté la nouvelle constitution. Cissé Bacongo est enseignant à l’université, avocat de formation et écrivain, mais aussi ancien Ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative sous Alassane Ouattara. Il est aujourd’hui encore Ministre ivoirien auprès du Président (Alassane Ouattara) chargé des Affaires politiques. D’où vient donc cette histoire de 3e mandat qui deviendrait le 1er d’une nouvelle constitution ? Le principe de la limite des mandats n’est pas lié à la constitution, mais plutôt au principe démocratique que promeut celle-ci. À l’application stricte de cette constitution, Alassane Ouattara n’a aucune chance de forcer le passage et c’est ce que doit lui faire comprendre Emmanuel Macron. Le constitutionnaliste d’ Alassane Ouattara a depuis changé de langage, mais comme dans le cas du Président, ce sont leurs premières déclarations que retient la majorité des Ivoiriens.
Rencontre Macron – Ouattara, la décision de l’Élysée déjà arrêtée
Apparemment, l’affaire serait mal embarquée pour Alassane Ouattara. Avec Macron, ils parleront de « la mise en place du troisième contrat de désendettement développement (C2D), pilier de la coopération économique entre leurs deux pays », selon JA. Cette source annonce aussi des échanges autour de la « crise au Mali » où un coup d’État a renversé Ibrahim Boubacar Keïta dit IBK le 18 août dernier. Durant les jours qui ont suivi la chute de l’ex-président malien, Emmanuel Macron et Alassane Ouattara auraient échangé plusieurs fois. On apprend du confrère que les deux hommes ne « partageaient pas la même position. » Macron aurait acté le coup de force là où Ouattara aurait cherché à réinstaller IBK au pouvoir. « Sa volonté d’asphyxie de la junte n’était pas soutenue par Macron », fait savoir le média français spécialisé dans l’actualité du continent.
La Côte d’Ivoire vers une transition politique
Comment en arrive-t-on à une telle situation alors qu’ Alassane Ouattara disait, il y a quelques mois, avoir formé plusieurs cadres ivoiriens capables de diriger le pays après lui ? Un cas dit de force majeure est un événement exceptionnel auquel on ne peut faire face. Qu’y a-t-il d’insurmontable dans la mort d’Amadou Gon Coulibaly qui pourrait faire de la situation « un cas de force majeure », selon lui, justifiant le viol de la constitution ivoirienne ? La Côte d’Ivoire ne devrait en l’espèce pas échapper à une transition politique.
Le député PDCI de Yamoussoukro, la capitale ivoirienne, M. Kouassi Kouamé Patrice dit KKP, Mme Simone Gbagbo ou encore Mme Danièle Boni-Claverie et l’ex-Ministre Anaky Kobéna appellent tous à cette transition. Les Ivoiriens espèrent un fichier électoral remis aux normes, une nouvelle Commission électorale indépendante (CEI) impartiale et l’acceptation des candidatures de tous les leaders politiques. C’est à ce seul prix que la paix sera consolidée en Côte d’Ivoire.