Après la chute d’Ibrahim Boubacar Kéita, la junte militaire du CNSP et l’opposition malienne regroupée au sein du M5-RFP peinent à accorder leurs violons quant au partage du pouvoir. Ces deux entités maliennes ont eu une rencontre discrète, ce samedi, pour « laver leur linge sale » en famille, apprend-on de Jeune Afrique.
Rencontre entre CNSP – M5-RFP, toujours en attente de la fumée blanche
18 août 2020, le Président IBK a été déposé par un coup d’État militaire perpétré par les Forces armées maliennes. La mutinerie partie de Kati, une garnison à 20 km de Bamako, la capitale malienne, a finalement eu raison du locataire du Koulouba, qui était alors fragilisé par des manifestations quasi hebdomadaires du Mouvement du 5 juin- Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) dirigé par l’Imam Mahmoud Dicko. Le président malien finira par rendre sa démission de la présidence deux jours plus tard. En dépit de la médiation de la CEDEAO, la situation n’a nullement changé à Bamako, et le temps est arrivé pour organiser une transition au Mali.
Cependant, à l’heure du partage du pouvoir, militaires et opposants du M5-RFP semblent tirer, chacun à son profit, la couverture de son côté. Les membres du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), après leur forfait, a pris le devant de la scène politique en se posant en uniques et privilégier interlocuteurs de l’organisation sous-régionale. Cette attitude a fait dire à certains opposants que la junte s’est lancée dans une logique de « confiscation de la révolution ». Avant de rappeler : « Le M5-RFP est et demeure un acteur majeur de ce changement et doit être associé au premier plan à la conception de l’architecture de la transition. »
Pour donc dissiper le couac engendré par les deux communiqués successifs du CNSP à propos de la gestion de la transition, le CNSP et le M5-RFP se sont donné rendez-vous à Kati, base de la junte militaire, ce samedi 29 août, pour une rencontre qui s’est finalement tenue aux environs de 21 heures, à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes.
Notons qu’un rassemblement était initialement prévu pour se tenir, la veille, c’est-à-dire le vendredi 28 août, entre les partis politiques, les organisations de la société civile, les groupes signataires de l’accord d’Alger de 2015 et les militaires putschistes. Vu les grincements de dents des hommes de l’Imam Dicko, se réclamant partenaires privilégiés de la junte, ils ont dû être reçu en priorité. Après des échanges et la remise d’un document contenant la vision de la coalition de l’opposition, Choguel Maïga, chef de délégation du M5-RFP, a déclaré : « Les militaires nous ont surtout écoutés et nous ont dit qu’ils allaient examiner notre document. C’est à l’issue d’échanges avec le CNSP que nous pourrons définir l’articulation et le rôle de chacun dans la transition. Il ne faut pas qu’on se trompe d’alliés, de combat, ni de sens à donner à l’action des uns et des autres. Je pense que nous nous sommes bien compris. »
Les Maliens espèrent toutefois que la fumée blanche sortira de ces négociations entre les acteurs politiques afin que leur pays renoue, le plus tôt possible, avec la stabilité.