Sauf changement de dernière minute, la candidature de Guillaume Soro à la présidentielle du 31 octobre devrait être déposée lundi 31 août 2020 auprès de la Commission électorale indépendante (CEI). Et pourtant, le leader de Générations et peuples solidaires (GPS) est sous le coup d’une condamnation judiciaire. Il a été condamné à 20 ans de prison. Alors pourquoi le député de Ferké s’entête-t-il à briguer la magistrature suprême ?
Guillaume Soro, candidat de GPS malgré tout
Guillaume Soro n’est plus dans les bonnes grâces d’Alassane Ouattara depuis bien longtemps. Président de l’Assemblée nationale, le député de Ferké a été contraint de démissionner de son poste, car refusant d’intégrer le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le nouveau parti politique fondé par le chef de l’État. Quand il quitte la tête de l’hémicycle, l’ex-secrétaire général de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) affiche ses ambitions de conquérir le fauteuil présidentiel. Dans la foulée, il crée un mouvement politique dénommé Générations et peuples solidaires avec lequel il entend mener la bataille pour la future présidentielle.
Mais les choses se compliquent pour Guillaume Soro très rapidement. En séjour dans l’hexagone, l’ancien chef rebelle, après avoir officiellement annoncé sa candidature à l’élection présidentielle, n’a pu rejoindre la Côte d’Ivoire afin de lancer sa campagne comme prévu. Le patron des soroistes est dans le viseur du pouvoir qui l’accuse d’avoir tenté de déstabiliser le pays. Un mandat d’arrêt international est lancé contre lui le 23 décembre 2019, certains de ses proches sont arrêtés.
Fin avril 2020, il est condamné à 20 ans de prison pour « recel de biens détournés » et « blanchiment de capitaux ». « C’est une sentence qui ne nous émeut absolument pas. La parodie de procès à laquelle nous avons assisté ce jour est la preuve ultime que l’État de droit est définitivement enterré par Alassane Ouattara », avait commenté Guillaume Soro peu après sa condamnation. Il a également maintenu sa candidature à la présidentielle.
El Hadj Mamadou Traoré, un proche de Guillaume Soro, explique pourquoi son mentor s’évertue à demeurer candidat à la présidentielle contre vents et marées. Selon ce cadre de GPS, le député de Ferké « veut d’abord démontrer à l’opinion nationale et internationale qu’il a rempli le critère du parrainage électoral ». En effet, soutient-il, si Guillaume Soro ne dépose pas sa candidature, le RHDP sera convaincu que le fondateur de Générations et peuples solidaires n’a pu réunir le parrainage électoral.
« Ensuite, Guillaume Soro veut prendre l’opinion à témoin, si sa candidature venait à être invalidée comme il le soupçonne, de ce que le gourou du Restaurant ne veut pas d’élections inclusives comme le lui ont recommandé l’ONU, l’Union européenne et même les États-Unis. Mieux, il veut démontrer à tous que celui qui fut hier le chouchou de la communauté internationale, est devenu celui qui la combat en refusant de se soumettre à ses recommandations », a confié Mamadou Traoré sur sa page Facebook.