Candidat déclaré à l’élection présidentielle d’octobre 2020, Marcel Amon-Tanoh a disparu des écrans radars depuis l’annonce de sa candidature.
Marcel Amon-Tanoh, candidat ‘’Wouya wouya’’ comme Gnamien Konan?
Le mercredi 22 juillet 2020 au petit matin, la presse nationale et internationale est ameutée pour un point de presse animé par l’ancien ministre des Affaires Etrangères, Marcel Amon-Tanoh (MAT). Vers 09h 45, l’homme arrive dans la salle de l’Hôtel Pullman d’Abidjan-Plateau aménagée pour la circonstance. La mine grave, il se dirige vers le pupitre, ôte son cache-nez et feint un sourrire; puis d’un ton solennel, se met à prononcer son discours. Il ne regarde pas le bout de feuille, posé devant lui. C’est à croire que le fils de Lambert Amon-Tanoh a pris le temps de préparer cet instant. Nous sommes à la veille de la commémoration du 60è anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire du 07 août 2020.
Une fête qui, pour lui, revêt une tonalité particulière. D’abord parce que le pays fête ses 60 ans mais aussi parce que la Côte d’Ivoire procédera à l’élection de son prochain Président de la République, dans quelques petites semaines. Pour affronter ‘’ces défis présents et ultérieurs’’, Marcel Amon-Tanoh recommande ‘’une nouvelle mentalité, une nouvelle vision, un nouveau logiciel et une nouvelle motivation’’. «Je suis convaincu de très longue date que ce pays extraordinaire nous offrira davantage si nos cœurs battent à l’unisson pour l’aimer. Et nous ne pouvons réaliser cet objectif qu’en proposant une voie différente, un chemin de concorde et de paix véritable, gage d’un développement plus sûr et d’une prospérité partagée », dit-il.
Même s’il reconnaît que la Côte d’Ivoire a enregistré ces dernières années de grands ouvrages avec la construction de ponts et la restauration de son image à l’international, il ajoute que cette vision a atteint ses limites et le pays s’est fortement crispé. « Dans un monde en plein bouleversement, qui exige innovation et expérience, la Côte d’Ivoire ne peut plus se permettre d’investir dans des solutions sans portée humaine. Notre pays a besoin de quitter définitivement les sentiers improbables de la discorde et de la division », déclare Marcel Amon-Tanoh.
C’est donc pour rassembler les hommes et fédérer les énergies; pour servir de trait d’union entre l’Etat et le peuple; pour consolider la démocratie en rétablissant le dialogue républicain dans le respect des opinions et de la liberté d’expression, que MAT a décidé de se porter candidat à la présidentielle d’octobre. Un mois maintenant que cette annonce solennelle a été faite, mais point d’Amon-Tanoh sur le terrain. Même sur les réseaux sociaux où il avait habitué les Ivoiriens à des sorties sporadiques avec son épouse, son dernier message date du 06 août 2020, veille de la commémoration des 60 ans d’anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire.
Alors que les dépôts des dossiers de candidature qui ont débuté depuis le vendredi 16 juillet, s’achèvent le 31 août, Marcel Amon-Tanoh n’a toujours pas donné signe de vie. Au RHDP (parti au pouvoir), le président Alassane Ouattara, candidat à sa propre succession, a déposé son dossier de candidature, lundi dernier. Au niveau de l’opposition, Pascal Affi N’guessan promet, lui, de déposer son dossier ce jeudi 27 août au nom du FPI. Vendredi 28 août, Albert Mabri Toikeusse devrait, lui, être investi candidat de l’UDPCI avant de déposer son dossier de candidature.
Même si le PDCI n’a pas encore donné la date du dépôt du dossier d’Henri Konan Bédié, ses militants, eux, se targuent d’avoir obtenu le maximum de parrainages en faveur de leur candidat. A quatre jours de la fin des dépôts des candidatures, Marcel Amon-Tanoh qui devrait candidater en tant qu’indépendant, va-t-il jeter l’éponge comme l’a déjà fait l’ancien Ministre Gnamien Konan? Même si le président de la Nouvelle Côte d’Ivoire (NCI) justifie son retrait par la candidature «anticonstitutionnelle» à un troisième mandat du chef de l’État Alassane Ouattara, beaucoup pensent plutôt que son désistement est du au fait qu’il n’aurait pas obtenu le nombre de parrainages exigés pour se porter candidat.
Il faut noter qu’en plus du cautionnement passé à 50 millions de FCFA, le parrainage citoyen est l’une des nouvelles conditions de candidature pour l’élection présidentielle. Selon toute vraisemblance, cette mesure vise à écarter de la course à la présidence de la République toutes les candidatures « Wouya wouya » ou fantaisistes. Après avoir quitté Alassane Ouattara qu’il a servi depuis l’opposition jusqu’à sa récente démission du gouvernement, espérons que Marcel Amon-Tanoh ne se retrouve pas contraint d’abandonner soit par faute de n’avoir pas obtenu le nombre de parrainages exigés, soit au regard de la nouvelle donne politique marquée par la candidature contestée de son ex mentor.
On apprend à l’instant que l’ancien bras droit d’Alassane Ouattara, a été reçu en audience ce mercredi 26 août 2020 par Henri Konan Bédié, président et candidat du PDCI-RDA. “Je suis venu saluer le président Bédié que je n’ai pas vu depuis de longs mois. Et j’ai échangé avec le Président sur la situation sociopolitique de notre pays, qui est préoccupante. Et notamment sur les problèmes des libertés (…) Nous avons échangé; nous avons accordé nos points de vue », a-t-il confié au terme de l’audience. Reste à savoir si Amon-Tanoh va se retirer de la course pour se ranger derrière l’ancien chef de l’Etat. Quoi qu’il en soit, ça ne fera pas plaisir au président candidat du RHDP.