Depuis l’annonce d’Alassane Ouattara de briguer un 3e mandat, Emmanuel Macron s’est jusque-là abstenu de se prononcer sur la question. Jean-Marie Bockel, sénateur français, est pour sa part monté au créneau pour expliquer les raisons de la discrétion des autorités françaises.
Le Sénateur français Jean-Marie Bockel: « La France se doit d’être très discrète »
5 mars 2020, Alassane Ouattara avait annoncé devant le Congrès sa volonté de prendre sa retraite politique définitive et de passer la main à une nouvelle génération. Emmanuel Macron avait aussitôt salué cette « décision historique » du président ivoirien dans une Afrique où la tentation d’un troisième mandat est quasi-contagieux. Cependant, après le brusque décès d’Amadou Gon Coulibaly, le candidat désigné du RHDP, le Chef de l’État est revenu sur sa décision, en annonçant, le 6 août dernier, sa candidature à l’élection présidentielle de 2020. Cette annonce a aussitôt suscité de vives réactions de la part de l’opposition et de la société civile ivoiriennes. Mais depuis, le président français est resté muet et s’est jusque-là abstenu de donner son avis.
Pour Jean-Marie Bockel, sénateur du Haut-Rhin, a donc tenu à lever un coin de voile, dans un premier temps, sur les raisons qui ont poussé le Président Ouattara à candidater, mais aussi, et surtout le mutisme jusque-là observé par Emmanuel Macron. « Je suis personnellement convaincu que le président Ouattara, lorsqu’il avait décidé de passer le relais après deux mandats, était complètement sincère », a confié le Sénateur au confrère publicsenat.fr. Avant d’ajouter : « Si on réfléchit objectivement et avec du recul, sans se mêler du débat interne… en tant qu’observateur extérieur, je peux comprendre les raisons qui l’ont poussé à prendre cette décision. »
L’ancien secrétaire d’État chargé de la Coopération (2007-2008) au temps du Président Nicolas Sarkozy a par ailleurs expliqué qu’avec le décès d’Amadou Gon Coulibaly, il incombait au Président Ouattara de « prendre ses responsabilités » au regard de « l’intérêt général de son pays ». L’homme qui dit connaître la Côte d’Ivoire depuis 45 ans indique donc que la décision d’ADO se justifiait bien d’autant plus que le spectre d’une nouvelle crise politique plane sur la Côte d’Ivoire.
En pareille situation, « la France se doit d’être très discrète », déclare le Sénateur français, avant d’indiquer : « La France et ses responsables ont un devoir de réserve. Nous sommes face à des partenaires sérieux, confrontés à des difficultés. On doit rester à notre place. » Puis, de poursuivre : « Mieux vaut avoir un président tel qu’Alassane Ouattara. À lui, ensuite, d’organiser un passage de témoin. Il a essayé, ça n’a pas marché pour des raisons qu’on ne peut pas lui imputer. »
Voilà donc qui est clair. Même si le tweet du Président Macron sur la candidature d’Alassane Ouattara à la présidentielle de 2020 est toujours attendu, les propos du Sénateur Bockel viennent bien entendu éclairer quelque peu la lanterne des Ivoiriens et autres observateurs qui continuent de s’interroger.