Bloqué à Bruxelles où il réside depuis sa sortie de la prison de Scheveningen à La Haye, l’ex-chef de l’État ivoirien, Laurent Gbagbo, éprouve de réelles difficultés à regagner son pays la Côte d’Ivoire, à moins de 3 mois de la tenue du scrutin présidentiel du 31 octobre prochain.
Les révélations de Mamadou Touré qui brisent le rêve des partisans de Laurent Gbagbo
Acquitté des lourdes charges de crimes contre l’humanité en janvier 2019, Laurent Gbagbo a vu les conditions assorties à sa libération, être assouplies le 28 mai 2020, soit un peu plus d’un an après sa sortie des geôles de la Cour pénale internationale (CPI).
Avec Charles Blé Goudé, son filleul, le fondateur du Front populaire ivoirien (FPI) peut désormais quitter librement Bruxelles, la capitale belge où il était assigné à résidence depuis février 2019.
Il peut éventuellement rejoindre la Côte d’Ivoire, son pays à condition d’avoir au préalable l’autorisation des autorités ivoiriennes, notamment celle du président Alassane Ouattara.
Cette décision des juges de la Chambre d’appel, qui avait suscité de l’espoir auprès de ses nombreux partisans dont-il est le choix pour le scrutin présidentiel du 31 octobre 2020, met du temps à devenir réalité.
Pour les autorités ivoiriennes, l’urgence est ailleurs. Pas question pour elles de pencher actuellement sur l’éventualité d’un retour en Côte d’Ivoire de l’époux de Simone Gbagbo, puisque « le problème ne se pose pas ».
«La question ne se pose pas aujourd’hui, la procédure au niveau de la CPI n’est pas encore terminée », a réagi en début de semaine le ministre Mamadou Touré, interrogé par TV5 monde.
Le porte-parole du RHDP a tenu à rappeler que le procès de Laurent Gbagbo suit son cours à la Cour pénale internationale (CPI), rappelant que l’ancien homme fort d’Abidjan fait l’objet d’une condamnation à 20 ans de prison par le tribunal de Première instance d’Abidjan.
« La question de son retour ne se pose pas pour le moment. Quand la question se posera, il reviendra donc au président Ouattara d’apprécier la question », a renchéri le cadre de la mouvance présidentiel.
Pascal Affi N’guessan, une bouée de sauvetage pour Laurent Gbagbo et le FPI ?
Le parti de Laurent Gbagbo est en effet confronté à une crise de leadership qui dure depuis 6 ans. Pascal Affi N’guessan qui détient légalement les clés du parti, est récusé par ses anciens compagnons de lutte.
Les négociations engagées depuis février dernier en vue de taire toutes les dissensions pour l’unité du parti, ont pris du plomb dans l’aile. Les deux camps se sont depuis lors séparés en queue de poisson. Et l’éventualité d’aller à la présidentielle en rang dispersé, se dessine.
Pascal Affi N’Guessan, pour sa part, a indiqué qu’il comptait participer à la présidentielle au cas où Laurent Gbagbo, son mentor, était dans l’incapacité de se porter candidat. « M. Affi N’guessan devrait, selon toute logique, être le second candidat (après Henri Konan Bédié du PDCI-RDA) de l’une des trois principales forces politiques de Côte d’Ivoire à être à son tour désigné par son parti samedi », a informé Geneviève Götzinger, ex-directrice générale de RFI dans un tweet posté mardi.
Pour elle, la candidature du député de Bongouanou devrait participer à corriger l’incapacité des protagonistes de la crise au sein du Front populaire ivoirien à faire émerger une alternative consensuelle.
«Intuitivement, je partage votre sentiment sur Gbagbo. Ses partisans auraient intérêt à jeter la rancune à la rivière. Le pouvoir est à portée de main avec Affi et sa victoire serait aussi celle de Gbagbo », a-t-elle confié dans un autre tweet.