Alors que la réponse d’Alassane Ouattara à propos de son éventuelle candidature à la Présidentielle 2020 est attendue, Marcel Amon-Tanoh vient de le devancer en annonçant la sienne. Serait-ce une manière de court-circuiter son ancien mentor ?
Présidentielle: La pression «diplomatique» d’Amon Tanoh sur Ouattara
5 mars 2020, Alassane Ouattara (78 ans) annonçait, devant le Congrès à Yamoussoukro, sa ferme volonté de prendre sa retraite politique, tout en transmettant le pouvoir à une nouvelle génération. Une semaine plus tard, Amadou Gon Coulibaly (61 ans) est désigné candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) lors d’un Conseil politique du parti au pouvoir. Marcel Amon Tanoh avait alors boycotté cette réunion, avant de rendre, cinq jours plus tard, sa démission de son poste de Ministre des Affaires étrangères. S’ouvre ainsi la bataille entre le président ivoirien et le désormais ancien chef de la diplomatie ivoirienne.
Cependant, chemin faisant, le Premier ministre, qui a été désigné comme le candidat du parti présidentiel quitte précipitamment Abidjan, le 2 mai 2020, pour un « contrôle sanitaire » en France. Après des soins intensifs et un repos médical de deux mois dans l’Hexagone, AGC regagne la Côte d’Ivoire avec la ferme détermination de reprendre le travail et lancer également sa campagne. Mais, ce 8 juillet, « Le Lion » pique un malaise lors d’un Conseil des ministres, dont il succombera quelques heures plus tard à la Pisam, une clinique d’Abidjan.
Ainsi, après les obsèques de l’illustre disparu, les dignitaires du RHDP unifié sont retournés au labo pour se trouver un nouveau candidat à trois mois de l’élection présidentielle de 2020. Adama Bictogo, Directeur exécutif, et ses compagnons ont donc jeté leur dévolu sur Alassane Ouattara afin de lui forcer la main pour revenir sur sa décision de passer la main. La réponse du chef de l’État, par ailleurs président du parti au pouvoir, est donc très attendue. Même si le confrère Africa Intelligence a révélé qu’ADO a d’ores et déjà confié à son premier cercle sa volonté de rempiler pour un troisième mandat.
Rien n’est pour l’instant officiel, et les tractations se poursuivent au sommet de l’État et dans les couloirs du palais. C’est pourtant dans l’attente d’une réponse du président ivoirien que son ancien ministre des Affaires étrangères vient quasiment de lui couper les herbes sous les pieds en déclarant, ce mercredi 22 juillet, sa propre candidature à ce scrutin crucial.
Le timing d’une telle déclaration est loin d’être fortuit pour celui qui s’est bien habitué aux couloirs et autres rouages de la diplomatie internationale. Serait-ce pour mettre le Président Ouattara mal à l’aise et de le forcer à rendre le tablier ? Alassane Ouattara accepterait-il d’affronter son ex-filleul lors de cette présidentielle ?
Telles sont les interrogations qui taraudent les esprits des Ivoiriens et autres observateurs sur les rives de lagune Ébrié. Quoi qu’il en soit, les jours à venir permettront de décrypter ce scénario digne d’un thriller hollywoodien.