La dépouille d’Amadou Gon Coulibaly a été transférée mercredi à Korhogo. Des Koyakas, voulant user des alliances ethniques pour stationner le cortège du défunt Premier ministre, ont purement et simplement été mis dans le décor par les forces de l’ordre.
Bataille entre Amadou Gon et ses alliés à Korhogo
La Côte d’Ivoire compte une mosaïque de 60 ethnies. En raison des guerres de peuplement et autres conquêtes d’autrefois, certains groupes ont tissé entre eux, des alliances ethniques ou interethniques en vue d’éviter des conflits entre leurs descendants. Ces parentés à plaisanterie sont d’autant plus opérantes dans de nombreuses localités ivoiriennes, que certains actes, en principe, incriminés par la loi pénale ivoirienne, passent comme lettre à la poste en toute impunité.
Yacouba et Gouro, Dida et Attié, Sénoufo et Koyaka, pour ne citer que ces ethnies, sont tellement versés dans ces traditions, que les membres de ces communautés ethniques ne s’imposent aucune limite quand il s’agit de faire jouer ces alliances.
C’est dans cette logique que depuis Séguéla, localité du nord-ouest de la Côte d’Ivoire, des Koyakas avaient donné le ton de ce qu’ils feront lors des obsèques d’Amadou Gon Coulibaly, leur allié sénoufo. Mettant à exécution ce plan, deux Koyakas, rameaux en mains, avaient donc barré la route au cortège funèbre du défunt Premier ministre, qui partait de l’aéroport à la résidence des Gon, à Korhogo.
Si dans les premiers instants, les gendarmes commis à la sécurisation du cortège se sont prêtés au jeu en donnant quelques billets de banque à ces alliés, comme l’exige la tradition, les minutes qui suivront seront plus mouvementées. En effet, ces agents de la maréchaussée, après quelques échanges avec ces deux individus, ont dû user de plus de vigueur pour les dégager de la voie afin de laisser passer le cortège.
Images qui ont somme toute fait réagir certains internautes. « Cette pratique est une tradition entre les koyakas et nous les Sénoufos. Vraiment décevante cette réaction barbare des gendarmes », a réagi un premier, avant qu’un autre n’ajoute : « Mon pays a perdu toutes ses valeurs traditionnelles. Ce sont les Koyakas qui se sont laissés faire, à cause de ça ils ont jeté leur fils. Chez nous les Gouros, on laisse la route libre, mais le corps ne pourra pas passer tant qu’ils ne nous expliquent pas pourquoi leur fils est mort. Une fois convaincus de leurs explications, ils vont partager une boisson avec nous. »