Ange Olivier Grah, ex-président d’une association de magistrats et actuellement en exil, met en cause la responsabilité du groupe français Bolloré Transport et Logistique, en charge de la gestion du patrimoine ferroviaire ivoirien, ainsi que celle de l’Etat de Côte d’Ivoire dans le drame survenu jeudi 18 juin 2020 au quartier « Derrière Rail d’Anyama». Ce jour, un glissement de terrain dû aux pluies diluviennes qui s’abattent ces derniers temps dans le Grand Abidjan, a occasionné la mort de 13 personnes, selon un bilan provisoire. Ci-dessous, le réquisitoire du magistrat Grah Olivier.
Drame d’Anyama : Un magistrat accuse Bolloré et l’ Etat de Côte d’Ivoire, ce qu’il recommande aux parents des victimes
Lorsque j’observe les photos du glissement de terrain et de la coulée de boue d’Anyama qui ont occasionné la mort d’au moins 13 personnes parmi lesquelles se trouvent des enfants, une question me revient de façon obsessionnelle : que font ces rails à cet endroit où le sol est si argileux et friable ?
Il suffit d’examiner les images du drame pour comprendre ce qui s’est passé. C’est certainement le passage des rails à cet endroit qui est à l’origine du glissement de terrain et non simplement l’action des eaux de pluie. L’éboulement à eu lieu exactement sous les rails.
Certainement l’action des vibrations répétées du passage des trains sur le sol friable, qui est en plus soumis à cet endroit à au moins deux facteurs d’érosion : les eaux de pluie et le vent. Comment peut-on être aussi imprudent non seulement avec la vie des personnes qui habitaient à cet endroit mais également avec celle des passagers du train ? Essayons d’imaginer que le sol ait cédé lors du passage d’un train.
Les travaux de rénovation de la ligne Abidjan-Ouaga lancés en Décembre 2017, auraient dû être l’occasion de modifier le tracé des rails vu la dangerosité de leur situation géographique. Je crois même que ces travaux ont participé à la fragilisation des sols.
C’est certainement pour économiser sur les coûts que le concessionnaire Bolloré en charge de ses travaux a décidé de maintenir le même tracé, avec les conséquences dramatiques auxquelles nous assistons.
Ce drame est sans aucun doute de la responsabilité de cette société et de l’Etat de Côte d’Ivoire qui a failli à son devoir de contrôle des travaux qui sont réalisés. Nous invitons les familles des victimes à prendre des avocats pour poursuivre cette société de préférence en France.