Ibrahim Boubacar Kéita est de plus en plus sous pression. Des manifestants répondant à l’appel de l’Imam Mahmoud Dicko, sont massivement descendus dans la rue, le vendredi 5 juin, pour exiger la démission du président malien.
Ibrahim Boubacar Kéita vs Mahmoud Dicko, le clash est inévitable
5 juin 2020, la Place de l’Indépendance à Bamako est prise d’assaut par des milliers de manifestants hostiles au régime d’Ibrahim Boubacar Kéita. « 7 ans de pouvoir, ça suffit », « IBK dégage », « Dégage, la France et Minusma », ne cessait de scander cette foule compacte qui appelait le locataire de Coulouba à rendre le tablier, et les forces internationales à partir du Mali.
Toute cette fronde contre le pouvoir de Bamako s’est faite sous l’impulsion d’un guide religieux, Mahmoud Dicko, qui a en effet appelé « à manifester contre la mauvaise gouvernance aux côtés de plusieurs partis d’opposition ». Leader de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS), l’imam est devenu au fil du temps, la principale figure de contestation au Mali.
À en croire Jeune Afrique, c’est bien sous la pression de cet imam, quelque peu atypique, que le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga a fini par démissionner en avril 2019. Mais, loin de s’arrêter, l’ancien dirigeant du Haut Conseil islamique du Mali (HCIM) a appelé les Maliens à « prendre leur destin en main ».
Pour lui, la corruption et la gestion de la crise économique et surtout sécuritaire au Mali sont telles que le départ d’IBK du pouvoir est plus que nécessaire. Causes qu’il ne cesse de marteler à travers ses mobilisations qui drainent des milliers de partisans.
Les révendications du guide religieux sont cependant mal perçues du côté du pouvoir de Bamako. Boubacar Salif Traoré, directeur Afriglob Conseil et spécialiste du Sahel, a en effet confié au confrère DW Afrique que la démocratie confère certes le droit de manifestation et d’association. Mais là où il y a matière à débattre, c’est que Mahmoud Dicko demande la démission du Président IBK qui vient pourtant à peine d’être réélu pour un second mandat.
De même, quand l’imam prend « le risque de galvaniser les masses, dont il n’est pas sûr d’avoir le contrôle », cela pourrait avoir de nombreuses conséquences sur la paix sociale. Aussi, rassembler une telle population en violation de toutes les mesures barrière contre le Covid-19 apparait comme une démarche illégale.
L’imam Dicko monte certes en puissance, mais le camp IBK n’entend pas se laisser malmener, et appelle les autorités sécuritaires à prendre les dispositions qui s’imposent.