La CPI vient certes de lever quelques restrictions à leur liberté, mais Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ne sont pour autant pas sortis de l’ornière. Les deux leaders politiques ivoiriens ont été condamnés par la justice de leur pays à 20 ans d’emprisonnement.
Gbagbo et Blé Goudé, vers le bout du tunnel à la CPI
Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ont été acquittés de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, et leur libération immédiate a été prononcée par la Chambre préliminaire I de la Cour pénale internationale (CPI) à la suite d’une procédure judiciaire digne d’un véritable marathon.
L’ancien président ivoirien et son filleul n’auront pas eu le temps de savourer leur victoire, qu’un appel de la procureur Fatou Bensouda leur a donné une douche froide après la liberté sous conditions décidée in extremis par la Chambre d’appel.
Après plus de mois (15) mois passés en restriction à Bruxelles comme à La Haye, les deux leaders ivoiriens voient à nouveau le bout du tunnel avec la dernière décision de Chile Ebo-esuji, Howard Morrison, Piotr Hofmański, Luiz Del Carmen Ibàñez Carranza et Salomi Balungi Bossa, les cinq juges de la Chambre d’appel.
Cette juridiction a en effet décidé de l’assouplissement de certaines mesures de restrictions, notamment de déplacement et de voyage, pour ne citer que celles-là, et enjoint au greffe de la Cour à leur remettre leurs passeports.
Dès le prononcé de cette décision, Laurent Gbagbo a envoyé son avocat récupérer son passeport auprès de qui de droit. La procédure se poursuit toutefois devant la CPI après l’appel du bureau du procureur.
Les deux Ivoiriens qui ne cessent de manifester leur ardent désir de rentrer en Côte d’Ivoire, pourraient donc rentrer au bercail, selon le souhait de leurs partisans qui ne demandent que ça. Mais ce retour passe nécessairement par un accord préalable des autorités ivoiriennes.
Gbagbo et Blé Goudé face à la clémence de Ouattara
Même si MM. Gbagbo et Blé Goudé rentraient au pays maintenant à la suite d’un consentement d’Alassane Ouattara, ils ne seront pour autant pas épargnés par la justice ivoirienne, qui a déjà prononcé de lourdes peines à leur encontre.
L’ancien Président Laurent Gbagbo a en effet été condamné à Abidjan, en janvier 2018, à vingt ans de prison et 329 milliards d’amendes dans le procès de la casse de la BCEAO. Un autre chef d’accusation, celui de l’« atteinte à la sûreté de l’État », est pour l’instant laissé en friches et pourrait être dépoussiéré à tout moment.
Quant à l’ex-leader de la défunte galaxie patriotique, il a également écopé de 20 ans d’emprisonnement pour « Crimes contre populations civiles » et « Crimes contre prisonniers de guerre ». Cette condamnation prononcée par contumace par la justice ivoirienne demeure toujours en vigueur, malgré les vives protestations de ses avocats.
Voilà cette épée de Damoclès qui pèse sur Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. Dès leur retour au pays, si cela est effectif, ils auront donc maille à partir avec la justice ivoirienne qui veillera à l’application des peines qui leur ont été infligées.
À moins que le Président Alassane Ouattara fasse usage de son pouvoir de grâce et d’amnistie pour exempter son prédécesseur et le président du Cojep de purger ces peines. Tout comme il a pris une ordonnance d’amnistie en août 2018 pour élargir l’ancienne Première Dame Simone Gbagbo, qui purgeait également 20 ans d’emprisonnement en Côte d’Ivoire.