Henri Konan Bédié qui se réjouit de l’allègement des restrictions imposées à Laurent Gbagbo par la CPI. Qui l’eût cru ? Et pourtant, c’est ce même Président du PDCI qui disait dans un récent passé que Gbagbo était bien là où il est (à La Haye). Tout est parti pourtant de son divorce d’avec Alassane Ouattara.
Ouattara – Bédié – Gbagbo, le trio choc de la politique ivoirienne
Trois personnalités politiques occupent le devant de la scène en Côte d’Ivoire depuis plus de trois décennies. Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, car c’est d’eux qu’il s’agit, ont tous occupé le fauteuil présidentiel. Mais toutes les fois que l’un d’entre eux est au pouvoir, les deux autres s’unissent pour le déboulonner.
Qui ne se souvient pas du Front républicain formé par la paire Front populaire ivoirien (FPI) – Rassemblement des républicains (RDR) en 1995. L’on pouvait alors voir Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, bras dessus-dessous lors des manifestations pour faire pression sur le pouvoir d’Henri Konan Bédié. Mais cette coalition de l’opposition a volé en éclat en 1999 à la faveur du coup d’État militaire perpétré par le général Robert Guéi.
Dès l’accession de Laurent Gbagbo au pouvoir en octobre 2000, il a non seulement été confronté à une rébellion armée, dès septembre 2002, avant de faire face à une opposition politique rassemblée au sein du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), créé en 2005. Cette coalition portée par Henri Konan Bédié (PDCI), Alassane Ouattara (RDR), Albert Toikeusse Mabri (UDPCI) et Innocent Anaky Kobéna (MFA), a réussi à remporter l’élection présidentielle de 2010 face à La majorité présidentielle (LMP) de Laurent Gbagbo.
Les causes du divorce Konan Bédié – Alassane Ouattara
Gbagbo Laurent à La Haye, le pouvoir RHDP a fonctionné tant bien que mal jusqu’à la présidentielle de 2015. Le Président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) avait alors lancé l’appel de Daoukro pour appeler ses partisans à massivement voter pour ADO afin de lui permettre de rempiler pour un second mandat. Mais en contrepartie, le Sphinx de Daoukro s’attendait à un retour d’ascenseur en faveur d’un militant actif de son parti dans une forme d’alternance interne.
Il finira par déchanter lorsque le Président Ouattara a déclaré : « Tout le monde peut être candidat ». Cette douche froide n’a donc pas été tolérée par le Président Bédié qui s’est finalement engagé à former une nouvelle coalition de l’opposition pour déboulonner le RHDP, qui est devenu entre temps, un parti unifié.
Bédié et Gbagbo ensemble pour faire tomber Ouattara
Les différentes confrontations électorales ayant démontré qu’aucun candidat ne peut valablement remporter un scrutin sans le jeu d’alliance en Côte d’Ivoire, c’est à juste titre que les ennemis jurés d’hier ont décidé de mettre de côté leurs divergences pour créer une « plateforme non idéologique » en prélude à l’élection présidentielle de 2020.
C’est dans cette dynamique que le Front populaire ivoirien (FPI) et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) se sont rapprochés davantage. Ces deux partis ont d’ailleurs organisé des meetings conjoints pour matérialiser leur union.
Henri Konan Bédié a dû faire le déplacement de Bruxelles en juillet 2019 pour y apporter son soutien à Laurent Gbagbo, en liberté sous conditions dans la capitale belge.
Ces conditions viennent d’ailleurs d’être allégées par la Chambre d’appel de la Cour pénale internationale (CPI). Gbagbo et Blé Goudé sont donc désormais libres de leurs mouvements et peuvent voyager dans tout État partie au Traité de Rome.
Dès l’annonce de cette décision, HKB a fait cette déclaration : « Je voudrais, en mon nom personnel, du PDCI-RDA et celui de tous les Présidents des partis membres de la CDRP, souhaiter un bon retour en Côte d’Ivoire au Président Laurent GBAGBO et au Président Charles Blé GOUDE. »
À moins de 5 mois de l’élection présidentielle de 2020, ce retour de l’ancien président ivoirien et de son filleul, viendra assurément mettre de l’eau au moulin de Bédié qui n’attend que de descendre sur le terrain pour tenir la dragée haute à Alassane Ouattara et à son successeur désigné, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.