La candidature d’Amadou Gon Coulibaly à la présidentielle ivoirienne d’octobre 2020 continue de faire jaser dans l’arène politique. L’actuel président de la République, qui a décidé de prendre sa retraite politique, a porté son choix sur l’ancien secrétaire général de la présidence de la République pour lui succéder. Cependant, la décision du chef de l’État ne fait pas l’unanimité au sein du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), la coalition au pouvoir. Albert Mabri Toikeusse, président de l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) a opposé un refus catégorique. Mais contre toute attente, viré du gouvernement, l’ex-ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a vite fait de revenir sur sa position.
Pourquoi Mabri Toikeusse accepte finalement la candidature de Gon Coulibaly
Le 5 mars 2020, Alassane Ouattara a mis fin au débat sur sa probable candidature à la présidentielle du 31 octobre 2020. « Tout au long de ma carrière, j’ai toujours accordé une importance particulière au respect de mes engagements. En conséquence, j’ai décidé de ne pas être candidat en 2020 », avait déclaré le chef de l’État, qui avait réuni les députés et les sénateurs à la Fondation Félix Houphouët-Boigny, à Yamoussoukro, dans le Centre du pays. Dans la foulée, il indiquera sur son compte Twitter qu’il entend « transférer le pouvoir à une jeune génération ». Ces propos se concrétiseront une semaine plus tard. En effet, lors du conseil politique du RHDP, Alassane Ouattara fait savoir que le candidat des houphouëtistes à l’élection présidentielle s’appellera Amadou Gon Coulibaly.
Il n’en fallait pas plus pour irriter Albert Mabri Toikeusse. Le vice-président du RHDP a ouvertement exprimé son profond désaccord. « Nous avons appris aux côtés de Félix Houphouët-Boigny, alors faites usage du dialogue, appuyez-vous sur le dialogue. Nous souhaitons pouvoir apporter notre contribution. Ma culture, c’est d’être un homme de conviction. Je préfère dire les choses telles que je pense que de les taire », a-t-il martelé. La suite on la connait. Le patron de l’UDPCI va payer pour sa « rébellion ». Il a été débarqué de son poste de ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique par Alassane Ouattara.
Finalement, dans un communiqué, l’ancien ministre s’est résolu à prendre « acte des résolutions du conseil politique du RHDP du 12 mars 2020 désignant Monsieur Amadou Gon Coulibaly comme candidat du RHDP à l’élection présidentielle d’octobre 2020 », non sans réaffirmer l’appartenance de son parti à la famille des houphouëtistes. Mais qu’est-ce qui a bien pu convaincre Mabri Toikeusse ? El Hadj Mamadou Traoré croit connaitre les raisons qui ont fait plier l’homme politique. Pour ce proche de Guillaume Soro, l’ex-ministre a été l’objet de menace de la part du pouvoir.
« Je dirai que le chantage sur lui a eu son effet. En effet, des menaces de poursuites judiciaires contre lui ont été brandies par des envoyés du Restaurant. Ils lui ont fait savoir clairement que s’il décidait de s’opposer au choix de leur gourou, il serait passible de poursuites judiciaires sur plusieurs dossiers qu’il a eu à gérer. Et ils ont brandi par exemple le dossier d’un supposé scandale du recensement général de la population. Ils ont mis en mission un député pour lui rappeler qu’il lui devait plus d’un milliard », a écrit Mamadou Traoré sur sa page Facebook.