La condamnation à 20 ans d’emprisonnement de Guillaume Soro continue de susciter de nombreuses réactions. Me Emile Suy Bi, membre du collège d’avocats, dénonce pour sa part une violation flagrante des droits élémentaires de son client.
Me Emile Suy Bi : « Nous n’avons pas été associés à la procédure »
Le Tribunal n’y est pas allé de main morte dans l’affaire Guillaume Soro contre l’État, et le verdict est tombé aussi lourdement que possible. Vingt (20) ans de prison ferme, cinq (5) ans de privation de droits civiques, 4,5 milliards de FCFA d’amende et 2 milliards FCFA de dommages et intérêts à l’État de Côte d’Ivoire pour recel de deniers publics et blanchiment de capitaux.
Le mardi 28 avril 2020, au tribunal de première instance d’Abidjan Plateau, l’atmosphère judiciaire présageait d’une telle issue.
Les avocats de l’État indiquent en effet que « le procès s’est effectivement tenu dans des conditions régulières, et a noté la présence de l’État de Côte d’Ivoire, partie civile. »
« Le prévenu Soro Kigbafori Guillaume, son conseil et l’autre témoin Koné Kamaraté Souleymane » n’étaient cependant pas présents à l’audience.
Aussi, Me Emile Suy Bi, l’un des avocats du collectif, a-t-il rétorqué que ce n’était pas un procès équitable, car les droits de la défense étaient totalement bafoués.
Poursuivant, l’avocat de Soro ajoute que ses confrères et lui n’ont « pas été associés à la procédure d’instruction ». Par ailleurs, leur client, Guillaume Soro, « n’a jamais reçu un acte l’informant qu’ il y aurait une audience ».
À toutes ces irrégularités procédurales, s’ajoute le fait que la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP) a demandé à l’État de Côte d’Ivoire de surseoir à toutes poursuites contre Soro jusqu’à ce qu’elle se prononce sur le fond de l’affaire. Ce qui n’a pas été le cas.
« Cette procédure aurait dû être gelée. Pour nous, à partir de l’arrêt de la Cour africaine, tout ce qui se fait actuellement se fait en violation de l’arrêt et notamment des droits fondamentaux de notre client », a conclu Me Suy Bi auprès du confrère APA.