Elle n’est pas allée de main morte pour s’attaquer au régime Ouattara, en cette période psychose, due à la propagation de la maladie à coronavirus. Dans la contribution ci-dessous, l’ancienne ministre de la Communication, Danièle Boni Claverie, présidente de l’Union Républicaine pour la Démocratie (URD), s’insurge contre l’insuffisance des mesures prises par le gouvernement et dénonce l’acharnement qui a lieu contre certains leaders de l’opposition. Notamment contre Dr Assoa Adou, secrétaire général du parti de Laurent Gbagbo.
Covid-19 en Côte d’Ivoire: Danièle Boni Claverie se prononce sur la gestion de la crise sanitaire par le pouvoir Ouattara
Avons-nous perdu la tête ? Dans un post du 20 mars, je demandais que les élections soient reportées de quelques mois pour nous permettre de nous concentrer sur l’épidémie du Covid19 et nous focaliser sur les mesures sanitaires propices à enrayer cette pandémie.
Dans un souci d’efficacité et de solidarité à l‘endroit de nos compatriotes, l’opposition toute entière réclame la mise en suspens de toutes les opérations en cours du processus électoral.
C’était il y a 3 jours. En réponse, le silence du gouvernement est assourdissant alors que la situation s’aggrave et que les Ivoiriens se sentent abandonnés.
Certes, le gouvernement prend des mesures mais elles sont trop souvent contournées notamment au niveau des transports en commun où Gbakas, woro-woro défient les autorités et n’appliquent aucune des dispositions prises par le gouvernement.
La crise d’autorité que nous avons maintes fois dénoncée (saccage des commissariats, des Mairies, gifles distribuées à la gente féminine des forces de l’ordre) se matérialise maintenant de la pire des façons. Alors qu’en est-il à l’intérieur du pays ?
Le Pouvoir bafouille, le Président de la République n’est plus dans le peuple, le Premier Ministre reste invisible et inaudible et les ministres semblent débordés par une tâche qui aurait demandé cohérence et concertation.
Comment expliquer cette chasse aux opposants, totalement anachronique en ces temps troublés où le seul objectif de solidarité exige de nous réconciliation et fraternité. La Cour de Cassation a autorisé des poursuites judiciaires à l’encontre du Secrétaire Général du Parti de Laurent Gbagbo sans que les motifs ne soient rendus publics, crispant ainsi un peu plus toute une partie de la population.
Paul Koffi du Nouveau Réveil et Coulibaly Vamara de Soir Info ont été condamnés à payer 2,5 millions de frs cfa chacun. Si on cherche à asphyxier certaines entreprises de presse, on ne s’y prendrait pas autrement !
Alors que ces journaux prennent une part importante dans la lutte contre le virus grâce à leur sensibilisation et en effectuant des reportages à risque pour nous tenir informés et sans bénéficier d’aucun soutien de l’Etat.
Certes, nous nous réjouissons de la liberté provisoire dont jouit depuis quelques heures le Président Mangoua mais pourquoi, ne pas accorder la même mesure, par souci d’humanité aux députés emprisonnés dont l’incarcération multiplie les risques de contamination et l’étendre à tous les prisonniers politiques civils et militaires.
La population ivoirienne a besoin de se sentir aimée, entourée, prise en charge, en un mot, être guidée par une main ferme, généreuse et assurée. Alors, à quand les mesures d’accompagnement pour compenser la fermeture des petits commerces qui met au confinement tout le secteur informel. Quand va-t-on annoncer la gratuité pour quelques mois de l’eau et de l’électricité ?
Pourquoi ne distribue-t-on pas en urgence et gratuitement des masques, des gels hydro alcooliques, des savons et des produits de 1ère nécessité aux catégories les plus défavorisées d’autant que la Côte d’Ivoire vient de recevoir un don de 108t de matériel du milliardaire chinois Jack Ma ?
Si nos médecins brandissent la menace de la grève, c’est qu’il y a problème et nous avons ainsi pris connaissance de la précarité de la situation de nos services sanitaires et du personnel soignant.
Internet nous fait rêver. Nous voyons un Paul Kagame au milieu de son peuple impulsant une politique sanitaire d’urgence dynamique et chaleureuse. Le Niger, pays pauvre s’il en faut, nous montre l’exemple par la prise de mesures hardies en faveur de sa population.
Tandis que les Ivoiriens, si riches dit-on d’une croissance à 2 chiffres, sont entrain de prendre conscience de la vérité de la situation sanitaire si loin de la réalité qu’on nous chante à longueur de journée.