Comme promis, Guillaume Soro s’est adressé à ses compatriotes et aux observateurs de la vie politique ivoirienne. Dans son adresse, l’ancien Chef du Parlement a totalement déconstruit le discours prononcé par Alassane Ouattara devant le congrès le 5 mars dernier.
Guillaume Soro apporte sa réplique à Ouattara
Alassane Ouattara était face aux Députés et Sénateurs réunis en Congrès, le jeudi dernier à Yamoussoukro, et s’est prononcé sur l’état de la Nation.
Au cours de son allocution, le président ivoirien a annoncé sa non candidature à l’élection présidentielle de 2020, avant d’indiquer qu’il se fera succéder par une jeune génération.
Cependant, Guillaume Soro, en rupture de ban avec le camp présidentiel, a tenu à apporter une réplique cinglante au discours de son désormais ancien mentor.
« La malice politique qui vise à capitaliser cette non candidature ne doit pas faire diversion », a déclaré l’ancien Président de l’Assemblée nationale, lors de son discours à la Nation, prononcé ce samedi 7 mars 2020.
Avant d’ajouter : « Renoncer à violer la Constitution excusée du peu est la moindre des choses ». Aussi, salue-t-il la décision du président Ouattara de « se conformer (enfin) à la loi fondamentale qui lui interdit de briguer un troisième mandat présidentiel. »
Le Député de Ferkessédougou dénonce toutefois « une dévolution successorale du pouvoir suprême par le biais d’une manoeuvre constitutionnelle ».
Car pour lui, « le pouvoir appartient au peuple. Ce n’est ni un héritage, ni un legs. Il ne se transfert pas. C’est au seul peuple de Côte d’Ivoire d’élire son Président de la République ».
L’ancien homme fort de Bouaké dénonce par ailleurs un « déni de démocratie », et indique que cela est « inacceptable ».
« Un pouvoir loyal et responsable ne peut prétendre engager un tel chantier sans privilégier une procédure référendaire » afin de lui conférer une légitimité.
Et pourtant, s’insurge-t-il « ici, c’est un homme seul, qui, de façon autoritaire et sans la moindre concertation, décide de la soumettre à son bon vouloir » à moins de sept mois de l’élection présidentielle.
Ainsi, ce tripatouillage de la Constitution « réduit le peuple en témoin passif de son destin ». « Un pouvoir légitime ne doit pas passer par-dessus de ses concitoyens. Il doit les mettre en situation de s’exprimer », ajoute-t-il.
L’ancien chef rebelle affirme également que cette façon du pouvoir d’Abidjan de renier la pluralité conduit à des tensions comme le pays en a connu il y a une dizaine d’années.
Voilà pourquoi il en appelle à « toutes les forces démocratiques », ainsi qu’à « tout le peuple de Côte d’Ivoire » pour une « union sacrée face au péril qui menace nos libertés et notre Nation ».
Il appelle donc à une élection présidentielle authentique et transparente. Il exige pour ce faire la création d’une nouvelle Commission électorale indépendante (CEI), d’autant plus qu’à ses yeux, l’actuelle CEI est « stipendiée, partiale et sclérosée ».
Guillaume Soro clot ses propos en déclarant solennellement qu’il « gagnera l’élection présidentielle de 2020 avec le concours du peuple ».