L’affaire de la tuerie des sept femmes d’Abobo est loin d’avoir livré tous ses secrets. A l’occasion de la commémoration de l’an 9 de cette tragédie, les parents des victimes sont encore à se demander l’identité des vrais auteurs de la mort des leurs.
Parents des femmes d’Abobo : « Qui a tué nos femmes… »
Au nombre des faits majeurs retenus dans les chefs d’accusation contre Laurent Gbagbo à la CPI, Cour pénale internationale, se trouve le massacre des sept femmes d’Abobo, le 3 mars 2011, en pleine crise postélectorale.
Cette affaire qui avait suscité une indignation généralisée à travers le monde avait cependant été démentie par des témoins clés à la barre de la CPI. Le général Firmin Detho Letho, le commandant du théâtre des opérations d’alors avait affirmé que « les FDS n’ont pas tué les sept femmes d’Abobo ».
Même son de cloche pour le général Philippe Mangou, Chef d’Etat-major des armées sous Laurent Gbagbo, nommé ambassadeur par Alassane Ouattara au Gabon puis en Allemagne, qui avait également indiqué que ses hommes n’étaient mêlés ni de près ni de loin à ce massacre. Car selon le compte que ses collaborateurs lui avaient rendu, les forces pro-Gbagbo se trouvaient cantonnées au camp commando d’Abobo au moment des faits. Il serait donc impossible qu’ils soient les auteurs de cette tuerie.
L’expert en ADN, Até Kloosterman, appelé à la barre par la procureure Fatou Bensouda, a pour sa part soutenu que tous les tests liés au sang fait sur des restes d’habits qui lui ont été présentés étaient négatifs. De même, « l’état du tee-shirt était impeccable. L’état global du tee-shirt exclut toute usure liée à la déchirure ».
Les parents, amis et connaissances de Gnon Rokia, Coulibaly Ami, Sylla Malon, Coulibaly Fatoumata, Bamba Massiamy, Koné Moyamou et Touré Adjara, l’identité des sept femmes d’Abobo, ont donc tenu à commémorer la mémoire de leurs proches disparues.
Bamba Mamadou, Président de l’association des parents des femmes martyres d’Abobo, s’est, quant à lui, indigné du verdict de la justice de La Haye. « La CPI a brisé nos espoirs. Nous avons espéré la condamnation de nos bourreaux. Mais hélas ! Nous sommes vraiment déçus et peinés. » Continuant de porter le deuil de ces femmes tuées, il lance cet appel : « Qu’on nous dise alors qui a tué nos femmes, nos sœurs, nos mamans. »