Les populations qui occupent la forêt classée et autres zones protégées ont du souci à se faire. Et ce, après cette descente très énergique des agents des Eaux et forêts, le 7 février 2020, dans la forêt classée de Goin-Débé pour la déguerpir de ses occupants illégaux.
Expédition punitive des agents des eaux et forêts dans une forêt classée
La question de l’occupation des parcs nationaux, forêts classées et autres espaces protégés constitue un véritable casse-tête chinois pour les autorités ivoiriennes. En effet, la Côte d’Ivoire, qui disposait d’un large couvert forestier au début des indépendances, est aujourd’hui confrontée à une déforestation sans précédent. Mais les espaces qui avaient été délimités et protégés par les forces publiques sont violés sans ménagement. Aussi, les nombreuses tentatives mises en oeuvre pour obtenir la libération de ces forêts classées ont-elles pour la plupart heurté l’intransigeance des occupants et surtout l’intervention des ONG pour mettre des garde-fous à toutes violations des droits humains.
C’est donc fort de toutes ces réalités que l’opération de déguerpissement de la forêt classée de Goin-Débé a été lancée par la Société de Gestion des Forêts (SODEFOR), le 23 janvier dernier. Mais cette opération a été interrompue par les autorités ivoiriennes en vue de mettre en œuvre un plan de déguerpissement « à visage humain ». Mais, contre toute attente, le vendredi 7 février dernier, des agents des eaux et forêts ont lancé une expédition contre quatre villages et campements (Quatre-Carrefour, Yaokro, Ladjikro et Karimkro) dans la forêt de Scio.
À en croire une source sur place, les agents des eaux et forêts, dirigés par le sergent-chef Richmond Stéphane Gbéhé, chef de l’unité de gestion de la forêt, n’y sont pas allés de main morte. Tirs nourris de Kalachnikovs en l’air, courses-poursuites, habitations, magasins, fournitures scolaires, écoles primaires, logements des enseignants, ainsi qu’autres biens mobiliers et immobiliers incendiés. C’est donc à une véritable de politique de terre brulée que nous renvoient les images de cette expédition militaire. « Ils m’ont menacé avec leurs armes et refusé que je sauve même une aiguille », raconte, le visage larmoyant, un habitant de l’un de ces campements.
Ayant perdu tous leurs biens et apeurés par l’horreur qu’ils ont vécue, les occupants illégaux de cette forêt classée n’ont eu d’autre choix que de se réfugier dans les forêts environnantes. Environ 7 000 personnes vivent donc à la belle étoile, exposées à toutes sortes d’intempéries et de maladies. Interpellé sur la question, le sergent-chef des eaux et forêts, mis en cause dans cette affaire, dit attendre l’accord préalable de sa hiérarchie avant de donner les tenants et les aboutissants de cet assaut lancé par lui et ses hommes.