Me Jean Balan vient de publier un ouvrage dans lequel il met en cause des officiels Français d’alors dans le bombardement de Bouaké. Pour l’avocat des familles des victimes, il s’agit bel et bien d’un complot d’État pour renverser le régime Gbagbo.
Morts de soldats français à Bouaké, Me Jean Balan « C’est un complot français »
4 novembre 2004, Laurent Gbagbo lançait l’Opération César communément appelée Opération Dignité, qui consistait pour l’armée ivoirienne sous son contrôle de libérer Bouaké et les zones alors occupées par l’armée rebelle. Les premiers bombardements des aéronefs ivoiriens, qualifiés au départ de frappes chirurgicales, eu égard à la précision des tirs contre les cibles, ont curieusement atteint, le 6 novembre, le cantonnement de la force française Licorne, faisant dix morts et trente-huit blessés. Sur ordre de l’Élysée, l’armée française est entrée en action, détruisant toute la flotte aérienne ivoirienne. Ainsi commençait l’affaire dite Bombardement de Bouaké.
Plus de quinze années après, le mystère reste encore tout entier, et la classification de certains dossiers comme secrets d’État ne favorise pas l’éclatement de la vérité. Aussi, Me Jean Balan, avocat des familles, après plusieurs recoupements des faits, a publié « Crimes sans châtiment, affaire Bouaké – l’un des plus grands scandales de la Ve République », ouvrage publié aux éditions Max Milo, dans lequel le vieil homme de 72 ans dit sa part de vérité, tout en indexant sans sourciller, les ministres français d’alors, notamment Dominique de Villepin, Michel Alliot Marie et Michel Barnier, comme les commanditaires de ce raid sur le lycée français qui a été fatal aux neufs militaires français et d’un civil américain.
Il va jusqu’à traiter cette affaire de « complot d’État », car, ajoute-t-il : « Tout a été fait pour que la vérité ne soit pas connue. » Pour l’avocat, la raison d’un tel complot est simple : trouver un prétexte pour se débarrasser de président Gbagbo qui devenait très gênant pour l’Élysée dans le précarré français.
La sortie de ce livre de Me Jean Balan est d’autant plus stratégique que dès le mois de mars 2020, se tiendra en Assises un procès sur le Bombardement de Bouaké. Il s’agit donc pour l’avocat d’éclairer davantage la lanterne des observateurs sur ce qu’il croit être les tenants et aboutissants de cette affaire rocambolesque qui est loin d’avoir livré tous ses secrets.
Notons par ailleurs que la Cour de justice de la République (CJR) avait classé l’affaire sans suite au motif que les infractions pour lesquelles sont poursuivis ces trois officiels Français susmentionnés au moment des faits n’étaient pas constituées.