Me Claver N’Dri ne se contente pas de demander une liberté totale pour son client. Lors de l’audience de ce jeudi 6 février 2020, l’avocat ivoirien de Charles Blé Goudé exige de la CPI des poursuites contre les vrais auteurs des crimes contre l’humanité commises lors de la crise postélectorale de 2010-2011, faisant ainsi allusion à l’autre camp.
Me Claver N’Dri passe à l’offensive contre les pro-Ouattara
La crise postélectorale de 2010-2011 a opposé deux camps, celui de Laurent Gbagbo et celui d’Alassane Ouattara. Cette crise, qui a causé environ 3 000 morts selon le bilan officiel, s’est achevé par l’arrestation de l’ancien président ivoirien et plusieurs de ses proches, dont son épouse Simone Gbagbo. La CPI, Cour pénale internationale, saisie du dossier ivoirien, a aussitôt lancé des poursuites contre Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et l’ancienne Première dame Simone Ehivet Gbagbo.
Les deux premiers cités ont été jugés et acquittés par la Chambre préliminaire I de la CPI. Mais le procès est toujours pendant à La Haye, d’autant plus que le Bureau du Procureur a interjeté appel de ce verdict du magistrat italien Cuno Tarfusser et ses deux assesseurs. Aussi, une audience s’est-elle tenue, le 6 février 2020, au cours de laquelle les avocats des deux accusés réclament la levée de toutes les restrictions à laquelle est assortie la liberté accordée à Gbagbo et Blé Goudé.
Pour Me Claver N’Dri, avocat de l’équipe de défense de l’ancien leader des jeunes patriotes, il faudra que la CPI aille bien aller au-delà de la libération totale de son client, pour s’intéresser aux autres belligérants de cette grave crise qu’a connue la Côte d’Ivoire. Lors de sa plaidoirie, le brillant avocat ivoirien a ainsi interpellé cette justice internationale : « Puisqu’il y a effectivement victimes, il faille que les vrais auteurs soient recherchés, retrouvés et poursuivis. » Car pour l’homme de droit, son client et l’ancien président Gbagbo ont été acquittés.
Il se déchaîne par ailleurs sur Me Paolina Massidda, la Représentante légale des victimes (RLV) : « La possibilité avait été laissé à la Représentante légale des victimes d’appeler des témoins pour venir établir des faits lors de la procédure. La RLV a décidé, devant le monde entier, devant la justice, de dire qu’elle n’appelait pas de victimes ici. Je pense que l’heure n’est plus à la spéculation, mais à l’établissement des faits », a-t-il tranché.
Notons que la commission nationale d’enquête mise en place par le président ivoirien, ainsi que les rapports des ONG avaient épinglé les présumés auteurs de massacres dans les deux camps. Mais jusque-là, seul le camp des pro-Gbagbo est devant la cour. Le Président Ouattara avait indiqué qu’après Gbagbo et Blé Goudé, il n’enverrait plus d’Ivoirien à la CPI. Décision en vertu de laquelle il a jusque-là de transférer Mme Gbagbo en dépit des insistances de Fatou Bensouda. La Procureure gambienne avait d’ailleurs déclaré que le dossier des pro-Ouattara était également en préparation.
Avec cette interpellation de Me Claver N’Dri, va-t-elle remettre au goût du jour les poursuites contre les autres acteurs de la crise ivoirienne ?