Traoré Salif dit A’salfo, commissaire général du FEMUA, nous livre dans cette interview réalisée mercredi 29 janvier 2020 à Dakar au Sénégal, ses ambitions à long terme pour le festival des musiques urbaines d’Anoumambo (FEMUA), un festival musical qui se tient chaque année dans la capitale économique ivoirienne. Pour l’édition 2020 qui accueillera le Sénégal comme pays invité d’honneur, le Boss de Gaou production annonce de grandes innovations dans le déroulé du Femua 13.
– Le Sénégal vient de confirmer sa participation en tant que pays invité d’honneur du FEMUA 13, que devons-nous retenir de cette participation et qu’est-ce qui a été dit?
Dans un premier temps, il faut remercier le Sénégal pour cette ouverture d’esprit et pour avoir accepté d’être pays invité d’honneur. Cela rejoint la vision du FEMUA qui se veut un festival panafricain et qui ambitionne de devenir cette plateforme de la musique africaine qui permet à tous ses acteurs de se rencontrer chaque année. Donc associer des pays à l’organisation de l’évènement, c’est quelque chose qui rejoint cette vision.
– Vous avez rencontré Youssou N’Dour et des autorités sénégalaises. Que devront-nous attendre de cette participation du Sénégal ?
Cela se voit déjà dans l’engouement qu’il y a ici. Il y a aussi l’implication du gouvernement dans cette participation du Sénégal qui aujourd’hui laisse croire que cette nation a envi de venir en puissance au FEMUA, c’est à dire marquer de leur emprunte le FEMUA. Je pense que c’est de bonne augure que ces pays qui sont de la sous région, puissent venir exposer leurs richesses culturelles. Pour moi, le Sénégal est en train de se préparer pour faire de cette participation une réussite.
– Lors de vos échanges avec Youssou N’dour, la star sénégalaise a promis son implication pour faire de la participation du Sénégal, une réussite. Devrait-on s’attendre à Youssou N’Dour à Abidjan?
Qu’un homme de la dimension de Youssou N’dour, qui lui même a été ministre de la culture, dit s’impliquer dans l’organisation de la participation du Sénégal, cela me rassure. C’est pourquoi je suis convaincu que le Sénégal veut nous surprendre. Tout le monde, y compris les autorités, est engagé et déterminé à faire de cette participation une réussite. Donc qu’on ne soit pas surpris que Youssou N’dour soit là. Au soir du 12 mars, nous pourront confirmer ou infirmer s’il sera là ou pas.
– Vous avez souhaité au cours de la conférence de presse que le FEMUA devienne un festival panafricain, un peu à l’image de la CAN. Tout est déjà calé pour qu’on passe à une autre dimension du FEMUA?
C’est un rêve ! Le FEMUA est un projet évolutif qui se veut innovant à chaque édition voire dans le futur sa scène se délocaliser. Avoir un FEMUA simultanée à Dakar et à Abidjan, est un projet, et ce projet ne peut se faire sans une volonté politique de nos autorités, sans une implication des Etats. C’est donc un nouveau combat que nous allons mener. Et on espère que tôt ou tard ce rêve se réalisera.
– En termes de stratégie, Gaou production a-t-il pensé à une tournée auprès des différents gouvernements, à une sensibilisation des autorités sur ce fait très important, un festival panafricain à l’image de la Coupe d’Afrique?
Ce sont des dispositions que nous sommes en train de prendre parce que cela y va de la volonté de nos autorités locales à commencer par la tutelle qui est le ministère de la culture. Le ministre nous accompagne déjà très bien sur ce projet. Nous avons la chance d’être accompagnés par l’Etat de Côte d’Ivoire et c’est déjà une grande chose. Maintenant qu’on porte cela au niveau panafricain, cela demande l’implication de plusieurs entités. Nous y pensons mais c’est la volonté de tous qui fera de ce projet une réalité.
Une intervention à un sommet de l’Union africaine …
Justement pour intervenir à un sommet de l’Union africaine, il faut déjà que les autorités puissent le permettre. Je crois que nous sommes dans une démarche. C’est une procédure qui peut être longue ou courte selon les attentes des uns et des autres mais le but c’est d’aboutir à ça et nous allons ensemble mener le combat pour que cela soit une réalité, pour l’Afrique ait sa coupe d’Afrique des nations de musique.
– En attendant le lancement du FEMUA 13 le 12 mars prochain, est-ce qu’on peut avoir une idée des grandes attractions de cette édition ?
Vous connaissez les volets du FEMUA, il y a le volet social, le volet culturel, le volet scientifique, le volet sport.., ces grands volets seront toujours là selon les articulations principales du festival. Quant au contenu, c’est la programmation artistique qui sera diversifiée. Cette fois, c’est toute l’Afrique qui a été invité au FEMUA. L’Afrique du nord, l’Afrique du sud, de l’est, de l’ouest, l’Afrique centrale. C’est donc l’Afrique dans toutes ses contrées qui prendra part à ce FEMUA 13. Et l’innovation, ce sera aussi, puisque nous sommes dans la continuité, l’alliance Afrique-Europe que nous avons entamée avec l’Union européene à travers l’UE Magic tour. Nous sommes dans cette continuité qui fera du FEMUA, le premier festival panafricain à s’ouvrir au monde, à la musique européenne. L’Europe sera représentée par trois pays pendant ce FEMUA. Pour le reste, c’est pendant la conférence de presse de lancement du 12 mars prochain que vous aurez des précisions.
– Pouvez-vous nous nommer quelques pays qui prendront part à l’évènement?
Bien sûr, il y aura l’Afrique du sud, le Maroc, la Tanzanie, l’Ouganda, le Kenya, le Cameroun, le Burkina Faso, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et bien d’autres. Au niveau de l’Europe, il y aura la France, la participation de la Belgique, et de l’Allemagne sont en discussion. C’est vraiment une diversité culturelle qu’on va voir et qui va aussi prôner cette alliance de notre Afrique que nous avons commencée depuis l’année 2019.
– Comme quoi, on peut dire que Gaou production est déjà prêt pour le FEMUA 13 et que ça promet!
On n’est jamais prêt pour un tel évènement mais je peux vous assurer que les bouchées ont été doublées pour pouvoir faire de cette édition une autre grande édition. Les éditions se suivent mais ne se ressemblent pas mais le plus important est que chaque édition puisse aller au delà de l’autre. Et notre combat aujourd’hui est que le Femua 13 surpasse le Femua 12.
Et ce sera toujours à l’INJS?
Ce sera toujours à l’INJS, puisque c’est le site qui nous accueille depuis deux ans et jusqu’a preuve du contraire, je crois que tout le monde s’y sent bien même si on se sentait encore plus bien à Anoumambo.
– Anoumanbo n’est-il pas abandonné ?
Anoumambo n’est pas abandonné puisqu’il y a certaines activités du FEMUA qui s’y tiennent. C’est l’épicentre du Festival. Mais pour des raisons de sécurité, puisqu’il n’ a plus assez d’espace pour contenir le monde qui vient, donc on le fait à l’INJS. Mais Anoumambo garde quand même la parade des fanfares et pas mal d’activités.
– Est-ce qu’on peut avoir une idée de la ville qui accueillera, pour cette édition, une école Magic-system ?
Ce sera la surprise du 12 mars, puisque nous avons la volonté de faire plus. En 2010 j’avais dit que notre objectif c’était d’atteindre 10 écoles d’ici 2020 en raison d’une école par année. Aujourd’hui, nous sommes à la sixième école. Nous sommes encore loin des dix écoles mais on comprend aussi que la construction d’une école est toujours espacée d’un an, ce qui nous situe à un juste raisonnable. Mais à l’annonce du 12 mars prochain, on vous dira la surprise concernant le volet social.
– L’école, c’est la lumière et nous le savons tous mais est-ce qu’A’Salfo peut s’auto-satisfaire ?
On ne peut pas s’auto satisfaire aujourd’hui puisque notre pays a voté la loi sur l’école obligatoire portant nous ne disposons pas d’assez d’infrastructures pour accueillir tous les enfants en âge d’aller à l’école. Comment voulez vous qu’après 6 ou 7 écoles, nous soyons satisfaits? C’est encore peu! Donc la satisfaction est encore loin. Mais nous nous réjouissons du fait qu’il y ait des partenaires qui croient en nous et qui nous accompagnent. Ça réduit toujours la fracture des enfants non alphabétisés.
– Cette année, le partenariat avec l’UJOCCI a été reconduit, alors qu’attendez vous de l’UJOCCI ?
Avant même la signature du partenariat, l’UJOCCI a toujours été une branche du FEMUA. Elle a participé activement à la promotion de cet évènement. C’est donc un partenariat naturel qui vient d’être formalisé administrativement par la démarche de ses nouveaux dirigeants. Nous allons donc nous inscrire dans la même dynamique et renforcer encore plus notre manière de travailler.
– On parle également du prix FEMUA des médias, pouvez-vous nous en dire plus?
C’est la direction de la communication de Gaou production qui a voulu initier ce prix, dans l’objectif d’encourager cette presse qui fait des mains et des pieds et qui accompagne l’évènement avec des critères bien définis.
– Qu’est-ce qu’on peut retenir de ce voyage de Dakar et à quoi devrions-nous nous en tenir avant le lancement officiel?
Ce voyage nous enseigne que plusieurs pays attendent ce genre d’évènement. Le gouvernement sénégalais a bien initié la chose et c’est quelque chose que nous comptons pérenniser, avec le pays que nous inviterons. Aller vers ce pays et présenter le FEMUA ensuite demander l’engagement officiel de ce pays. De toutes les façons il y avait deux lancements, celui d’Abidjan et celui de Paris, maintenant nous pouvons le faire dans des capitales africaines c’est encore plus significatif. Mais je tire de cette étape dakaroise un très bon enseignement qui va nous servir pour les éditions futures.