Finalement, une messe en faveur de la paix en Côte d’Ivoire sera célébrée par la communauté catholique le 15 Février 2020. Le clergé de l’église catholique l’a décidé ainsi, en lieu et place de la marche initialement prévue. Comment auraient-ils pu penser qu’une telle initiative allait prospérer dans un contexte aussi loin d’être pacifique?
Et si la sagesse avait quitté nos hommes religieux et l’église Catholique?
Mon cher DEGBA,
Ton oncle me dit toujours que si l’expérience de ton passé ne t’a pas servi grand chose pour l’avenir, pose-toi des questions sur ta capacité à comprendre. Je t’explique simplement ce qui a choqué plusieurs ivoiriens. En 2010, au moment de la crise postélectorale, l’église catholique s’est illustrée d’une manière explicitement partisane. Autant dire à la surprise générale.
Rapporté par voix de presse, presse propagandiste proche de l’opposition de l’époque, que 500 prêtres auraient demandé à l’ex président Gbagbo de quitter le pouvoir. Si une telle position n’est pas politique, alors elle ne souscrit pas non plus au principe de neutralité et de sagesse. La suite, on l’a connait avec son lot de morts et de désolations. Loin de moi l’idée de tenir pour responsable l’église catholique de tous les malheurs de l’époque, sa position a pesé dans le processus de « dégagisme » de Laurent Gbagbo.
Un contexte inapproprié à une marche de l’église catholique
Tu sais, je ne t’apprends rien. L’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara s’est faite dans un contexte particulièrement violent. Il y a eu la guerre. Et si après la guerre il y a victoire, il y a justice et paix des vainqueurs. D’une part, de nombreux ivoiriens ont accepté l’administration Ouattara par contrainte des armes ou simplement par peur de la force.
Et ne viens pas me dire que je réveille les vieux démons. Je te rappelle simplement le contexte qui rend maladroit la marche de l’église catholique. D’autres parts, il y a le triomphalisme chauviniste des partisans de l’actuelle administration, qui ayant souscrit à l’époque à la thèse d’une guerre de chrétiens du Sud contre les musulmans du Nord, en gardent le subconscient nostalgique. Et nous en sommes là!
Dans une société qui en réalité n’a pas été pacifiée. Et où les vainqueurs d’hier gardent sous le coude, l’orgueil tenace d’une force perpétuelle en cas de récidive conflictuelle. Même s’ils ne disent rien, certains des défaits lorgnent la moindre opportunité pour rattraper une vengeance qui n’arrivera certainement jamais. Nous avons des névrosés ambulants.
Alors la marche de l’église catholique devrait et aurait dû commencer il y a 10 ans en arrière. Avec toutes les communautés religieuses, à arpenter chaque centimètre carré du territoire national, main dans la main avec les musulmans pour préparer la paix. Qui ne se gagne pas en usant ses godillots sur l’asphalte.
L’église catholique a manqué de sagesse car elle a fait comme les autres. Prendre le parti des hommes politiques. Pourtant, quand on sait la puissance du lobby de l’église catholique, on se pose des questions sur les vrais motivations de cette marche enrobée de la toile de la paix. Comme le dit Napoléon Bonapartes, « un bon croquis vaut mieux qu’un long discours ». Je t’ai fait un dessin!
A bientôt