Les évènements s’enchainent et transportent les ivoiriens dans un tourbillon d’incompréhensions et de surprises. Des religieux silencieux face à la destruction de vies dans un quartier d’Abidjan. Un gouvernement qui profite d’un fait isolé pour résoudre la question de mauvais voisinage des populations d’Adjouffou avec un projet balnéaire, puis Guillaume Soro qui décide de danser la Samba avec la justice. Que retenir de tous ces évènements? Nelson Zimin en parle avec toi!
Avant Guillaume Soro, il y a Adjouffou et le Projet de Sa Majesté
Mon cher KABAKA,
L’envie m’est venue de partager avec toi quelques mots ce matin. Je sais que cela te surprend parfois. Mais les surprises ont l’excellence d’agrémenter la vie, se plait à dire ton oncle d’Adjouffou. Comment te dire? Parlant de ce quartier martyr de l’imprudence de ce gamin qui voulait rejoindre la France en soute d’un avion.
Tu le crois ça toi? Un enfant du nord d’Abidjan meurt, et c’est à l’extrême Sud de la ville qu’on fait des habitants, les coupables. Pourquoi les populations habitaient-elles à cet endroit? Les démolitions vont bon train et les pauvres habitants en état de pauvreté extrême, vont encore sombrer dans la déprime de la quête d’un toit.
De toute les manières, le Roi du Maroc n’en veut pas dans l’environnement immédiat de son projet balnéaire sur le littorale d’Abidjan. Un décor trop naturel, pas très bien soluble dans les plans des architectes de sa Majesté. Vos hommes religieux n’ont certainement pas le cœur aussi pieux pour en tomber en compassion. Il ont d’autres chats récalcitrants à fouetter. En plus, qui pensait que la religion n’avait jamais été loin de la politique? De toutes les manières, chacun veut sauver sa gamelle et ce n’est pas Guillaume Soro qui m’en dissuadera. Parlons-en, tiens!
Guillaume Soro utilise-t-il la justice comme un bouclier contre une éventuelle extradition?
Depuis son atterrissage manqué à Abidjan le 23 Décembre 2019, Guillaume Soro n’a jamais cessé de donner de la voix. Se faire entendre en qualité de victime du purgatoire du pouvoir d’Abidjan, lui permet certainement de calmer ses nerfs. Se ronger le frein comme un canasson échoué dans un grange, loin de ses habitudes locales, pour Guillaume Soro sous – 5 ° Celsius, ce n’est pas évident.
Mais, de là à porter plainte contre le procureur de la République de son pays, j’avoue qu’il y aura du rythme. Taper directement sur Ouattara ferait certainement un effet de déjà vu, déjà entendu ou même de non événement. Seulement, comprends que si Guillaume Soro se contente de dire qu’il est innocent par voie de presse, cela n’aurait aucun effet. C’est un bon opportuniste je t’avais dit, le Guillaume!
Donner une base légale, en contre-attaquant par la justice, aux accusations qui lui sont portées, Guillaume Soro pourrait avoir trouvé une parade à la levée de son immunité parlementaire. Il ne faut surtout pas qu’il se fasse extrader. En clair, il porte plainte pour se protéger de l’exécution d’un certain mandat d’arrêt international.
Je ne suis pas juriste, tu le sais. Mais pour extrader Guillaume Soro, il va falloir que le procureur de la République Adou Richard, Olivier Bazin, Jean-Pierre Perez et Akim Laacher apportent les preuves des chefs d’accusation portés à son encontre et que la Justice le condamne. C’est la portée de la plainte contre les quatre personnes sus-citées.
Mon frère, ton oncle dit toujours: « On ne lave pas les mains dans l’eau que tes frères doivent boire ». Et je pense que sur ce coup, Guillaume Soro y a lavé ses pieds. Mais ce n’est que le début d’un long processus judiciaire qui maintiendra longtemps l’ex président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire en exil. C’est toujours mieux que la prison pour un ex chef rebelle, mais jamais souhaitable pour ses rêves politiques et ses militants.
Comme le dit Stendhal: « Une conspiration anéantit tous les titres donnés par les caprices sociaux. Là, un homme prend d’emblée le rang que lui assigne sa manière d’envisager la mort. L’esprit lui-même perd son empire ».
A bientôt