Dans la Forêt classée de Rapides-Grah, une opération de déguerpissement a lieu depuis le 15 janvier 2020 au grand dam des populations.
Déguerpissement dans la Forêt classée de Rapides-Grah: Le sous-préfet d’Oupoyo accusé de rançon
Les habitants de 8 villages et plus d’une dizaine de campements situés dans la Forêt classée de Rapides-Grah, sont dans la tourmente actuellement. Depuis le 15 janvier 2020, la Société de développement des Forêts (SODEFOR) a entamé une opération de déguerpissement des paysans infiltrés dans la Forêt classée de Rapides-Grah, située à cheval sur les départements de Méagui et de San-Pedro.
Selon le Ministère des Eaux et Forêts, cette opération de déguerpissement qui entre dans le cadre du plan de sécurisation des Forêts classées, vise à freiner l’occupation illégale des forêts classées par les populations. Menée conjointement par les agents des Eaux et Forêts, la Gendarmerie nationale et les Forces armées de Côte d’Ivoire, l’opération a connu quelques débordements dans plusieurs villages au point où le Ministère des Eaux et Forêts a décidé de la suspension de celle ci, invitant les préfets des départements concernés à veiller à l’application de cette décision.
Mais contre toute attente, l’opération s’est poursuivie. Au mépris de la décision ministérielle. Fortement touchés par l’opération, les villageois de Djigbagui d’environ 20 mille âmes, n’en reviennent. Eux qui croyaient naïvement que la zone où ils sont ou étaient installés (c’est selon), avait été déclassée depuis belle lurette par feu le Président Félix Houphouet-Boigny, se retrouvent aujourd’hui sans abri.
Alors question. Comment l’Etat a-t-il pu laisser des populations habiter une forêt classée depuis près de 60 ans, en y bâtissant écoles, centres de santé et autres infrastructures socioéconomiques? Selon un habitué de la localité, tout a commencé quand des orpailleurs sont venus s’installer à Djigbadji ou Pascalkro, et ont commencé a creuser de l’or.
Très vite, les responsables de la SODEFOR, sont venus leur dire que cette pratique est illégale et ont demandé l’arrêt immédiat des opérations. Mais la colère sera encore plus grande lorsque ces orpailleurs clandestins qui ont déclaré avoir la protection de hauts responsables de la région à qui ils remettaient des dividendes régulièrement, leur répondront qu’il n’était pas question pour eux, d’abandonner leur travail d’orpailleurs.
C’est donc en riposte à cet affront que la SODEFOR aurait décidé de faire disparaître le village puisque ce sont ses habitants qui hébergent ces orpailleurs clandestins. Selon une source villageoise, pour éviter que leur village ne soit touché par le déguerpissement, les habitants de Yaodankro, toujours dans la même localité, auraient réuni, à la demande du sous-préfet d’Oupoyo, N’Cho David, la somme de 4,5 millions FCFA qui lui aurait été remise le vendredi 17 janvier 2020 à Oupoyo.
Joint au téléphone, mercredi 22 janvier 2020 à 17h37 GMT, le sous-préfet N’Cho David a botté en touche les accusations portées contre lui par les villageois. « Le déguerpissement ne dépend pas de moi. Quel pouvoir ou interêt aurais-je à faire déguerpir Djigbadji et à privilégier Yaodankro? », a-t-il interrogé séchement.
Puis de confier: « Bien au contraire, les populations ayant été déguerpies, c’est nous qui sommes à leurs côtés afin de leur porter assistance. Vous comprenez que ce que vous dites n’a pas de sens », s’est justifié l’administrateur civil. Nous y reviendrons.