Le président français Emmanuel Macron, à Watford, pas très loin de Londres – à un sommet de l’ OTAN, a invité les chefs d’État africains à se prononcer sur la présence militaire française en Afrique. L’époux de Brigitte expliquera ensuite qu’il n’a aucune intention de maintenir ses soldats sur des territoires africains où ils ne seraient pas désirés. L’analyse de Patrice Dama…
Afrique : Emmanuel Macron pense-t-il vraiment ce qu’il dit ?
La France, dans toutes les sauces en Afrique, se sent désormais les mains moins propres. Elle aimerait se les laver. Faudrait-il encore qu’ elle soit vraiment rassasiée. C’est en tout cas le sentiment que donne son président Emmanuel Macron.
En déplacement près de Londres, le dirigeant français a évoqué la présence des militaires français en Afrique. Et dans une sorte de fausse indignation suite aux différentes accusations portées contre son armée, il pointe du doigt des «mouvements antifrançais » qui feraient planer une certaine ambiguïté sur le rôle de son pays dans le Sahel.
Presque courageusement, le Président Macron a appelé les présidents des pays membres du G5 Sahel à clarifier leurs positions sur le maintien ou non des forces militaires françaises.
Mais le problème avec Emmanuel Macron, c’est qu’il n’y a rien de sincère dans sa démarche. Il affirme des choses dont-on sait qu’il ne pense pas un mot. Si la France se sent incomprise pour sa présence militaire en Afrique, elle peut prendre seule la décision de son retrait.
Guerre au Mali – franc CFA, même combat ?
C’est un peu comme dans l’affaire du franc CFA. La France affirme que cette monnaie est l’affaire des Africains, mais qu’elle-même est prête à envisager sa réforme.
Si cette monnaie n’a d’intérêt que pour les Africains, Paris, face aux critiques, parfois en provenance de hautes personnalités africaines qui connaissent le fonctionnement de cette monnaie, aurait pu se retirer de sa gestion.
Si vous essayez d’aider la famille d’un défunt ami à gérer sa fortune et que l’on vous accuse de vol, vous vous retirez logiquement de cette gestion. Vous ne trouvez pas des moyens détournés de vous y maintenir. C’est cela la crédibilité.
Une opération militaire à plus de 5000 km de Paris, on le sait, coute de l’argent au contribuable français. Et donc si en plus de leur caractère budgétivore, ces opérations font de la mauvaise publicité à la France, Paris n’a pas besoin du positionnement d’un chef d’État africain pour rappeler ses troupes à la maison.
La France a débarqué au Sahel pour une mission de courte durée. C’était sous la gouvernance de François Hollande. Le fait qu’il soit toujours question de terrorisme sur le terrain des opérations, 5 ans après le debut, montre que l’opération Barkhane et ses dérivés sont un échec.
Et cet échec montre qu’il ne faut pas forcément être la meilleure armée du monde pour toujours arracher des victoires.
La France a-t-elle les moyens de sauver le Sahel ?
Outre l’évident constat de l’incapacité de la France à régler la question du terrorisme en Afrique, il y a aussi le problème que pose la présence de ces troupes françaises sur les différents territoires.
Il n’est jamais bon de revoir l’ancien colon sur les terres qu’il s’était appropriées parce qu’on ne sait jamais quelles sont ses réelles intentions.
Entre les rumeurs d’activités illégales d’extraction de matières précieuses par des soldats français du sol malien et celles sur leur partielle complicité avec des groupes terroristes, Macron aurait dû tirer les choses au clair lui-même.
D’ailleurs à ce propos, le Président du Burkina Faso, M. Roch Marc Christian Kaboré ne peut pas être plus clair lorsqu’il affirme que son pays n’a pas besoin de forces étrangères, mais de moyens à donner à son armée pour combattre le terrorisme au Sahel.
Pourquoi Emmanuel Macron n’entend-il pas ce message ? Le salaire d’un militaire africain est moins élevé que celui d’un soldat français.
Bien équipées, les forces militaires africaines qui ont l’avantage de bien connaître le théâtre des opérations, peuvent s’avérer plus efficaces. Ces forces parlent en plus les langues locales, ce qui peut être un plus dans le renseignement.
Que vaut un soldat français face à son homologue africain au Sahel ?
Les soldats africains ont en plus une certaine affinité culturelle avec les populations locales. Des atouts non négligeables que n’auront jamais les militaires français ou américains sur place.
Plutôt que des effets d’annonce, Emmanuel Macron, s’il voulait vraiment aider l’Afrique, devrait se dire qu’il doit tout juste ramener ses légionnaires à la maison en France.
Avec son jeune âge, le Président français qui sait combien le monde a évolué, peut comprendre qu’un jeune soldat français, blanc, venu de sa ville de Toulouse, n’a pas plus de chances de réussir au Sahel qu’un jeune malien noir de Gao ou de Tombouctou, bien formé et bien équipé.
Ce que devrait faire la France avec les pays du Sahel
Il est vrai que la France peut se sentir coupable d’avoir désorganisé la zone sahélienne avec sa sale guerre en Libye, mais personne ne demande aux soldats français d’aller mourir sur le continent.
Si Paris veut vraiment réparer ses dégâts en Afrique, que la France se contente de donner des moyens militaires et financiers aux forces locales !