En dépit de sa campagne de pardon, Guillaume Soro continue d’être fustigé par bon nombre d’Ivoiriens qui le tiennent pour responsable de la tragédie qu’a traversée la Côte d’Ivoire. Dans cette crise militaro-politique qui a éclaté en septembre 2002, l’Ouest ivoirien a payé le plus lourd tribut avec des massacres des Wê à Guitrozon, Petit Duekoué, au quartier Carrefour de Duekoué et surtout le camp de déplacés de Nahibly. Dans une interview accordée à Opéra News, le ministre Hubert Oulaye, cadre de la région et membre du FPI, déclare que le « pardon » demandé par l’ancien chef rebelle n’est que de la poudre aux yeux.
Massacre des Wê à l’ouest, graves accusations contre Guillaume Soro
Affranchi du devoir de réserve après son éviction/démission de la Présidence de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro s’était promis de faire le grand déballage sur certains grands dossiers gardés jusque-là au secret. C’est ainsi que, dans sa fronde contre le pouvoir d’Alassane Ouattara, le Président de Générations et peuples solidaires (GPS) se livre à des révélations pour éclabousser ses alliés d’hier. Candidat déclaré à la Présidentielle de 2020, il a également décidé de demander pardon pour sa part de responsabilité dans la crise qui a endeuillé la Côte d’Ivoire.
Hubert Oulaye estime cependant que Soro Kigbafori Guillaume n’en fait pas suffisamment, dans la mesure où l’environnement dans lequel il demande pardon n’est pas compatible avec la gravité des fautes qui lui sont reprochées. Dans son interview, l’ancien ministre ivoirien de la Fonction publique déclare : « Guillaume Soro n’a pas encore dit sa part de vérité. Il y a un cadre dans lequel il faut dire cette vérité. Pour l’instant, il dit « Je demande pardon’’. Cela veut dire qu’il se reproche quelque chose. C’est déjà bon. Mais, ce n’est pas suffisant. C’est pour cela que nous demandons qu’il y ait un cadre où chacun viendra demander pardon afin que la vérité sorte de là. »
Poursuivant, le président du comité de contrôle du FPI pro-Gbagbo martèle : « Guillaume Soro a beaucoup à dire. Il s’est présenté comme le chef de la rébellion. Il faut qu’il s’exprime sur ce qui s’est passé à l’Ouest, à Abidjan, à Bouaké, à Korhogo. J’admire sa position parce que je me dis qu’il est disposé à participer à un cadre ouvert de réconciliation. »
Avant d’ajouter : « Soro est le mieux placé pour dire des vérités sur le pouvoir en place. Je le lis avec beaucoup d’intérêt pour comprendre beaucoup de choses. Il connaît mieux ceux qui sont au pouvoir, leurs capacités, leurs défauts… Que le monde entier qui, à un moment donné, a été le soutien de ce pouvoir, sache également comment est ce pouvoir. »
À noter que la Commission nationale d’enquête et des rapports d’ONG, avaient incriminé d’anciens chefs de guerre (ex-com’zone) de la rébellion dirigée par Guillaume Soro dans le massacre des Wê dans l’ouest du pays. Mais ce dossier reste encore en friches, car ni la justice ivoirienne, encore moins la Cour pénale internationale (CPI) n’ont ouvert de procès pour élucider cette affaire qui continue d’émouvoir à travers le monde.