Une délégation de l’opposition ivoirienne a séjourné dans la capitale française dans la période du 14 au 20 Octobre 2019. Participer au colloque sur la paix en Côte d’Ivoire était le motif principal de cette mission politique. Organisé par Jean-Paul LECOQ, député du Parti Communiste Français, membre de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française, le vendredi 18 octobre 2019, le colloque vient de rendre publics ses actes. L’évènement s’est déroulé autour de deux tables rondes, portant sur des thématiques aussi différentes qu’essentielles. Avant de débriefer le contenu des tables rondes, que représente pour le FPI cette alliance avec les « coco »?
Est-ce la lune de miel entre les socialistes ivoiriens et le parti communiste français?
L’événement qui s’est déroulé à Salle Lamartine – Immeuble Jacques Chaban-Delmas – 101 rue de l’Université à Paris, a ouvert avec les discours d’ouverture de l’organisateur, de monsieur Feurtet, député honoraire, et du professeur DANO Djédjé Sébastien.
Jean-Paul LECOQ a ouvert son propos par un état des lieux de la situation politique de la Côte d’Ivoire avant de déplorer que « Malheureusement, il est à noter que des procédures politiques perdurent et frappent aujourd’hui y compris les anciens alliés du pouvoir, dont le PDCI ».
Il a ensuite fustigé l’exploitation à but politique des agrégats économiques tel le PIB par le gouvernement ivoirien:
« Sur le plan économique, la Côte d’Ivoire a été présentée comme une locomotive en matière de croissance située au-dessus de 7 %. J’y apporterai cependant un regard critique, car les statistiques comme le PIB sont parfois trompeuses. La croissance de cet indice ne signifie pas que tout le monde en profite, bien au contraire. L’augmentation du PIB alimente les inégalités lorsque l’élite confisque pour elle seule les fruits de la croissance ».
Abondant dans le même sens que son prédécesseur, monsieur Feurtet a insisté sur l’engagement du parti communiste français à soutenir les efforts en faveur de la démocratie:
« Le Parti communiste français appuie les efforts des démocrates ivoiriens en vue de réaliser les objectifs de Paix et de réconciliation, aujourd’hui si fragiles et urgents alors que les élections présidentielles et législatives arrivent à grands pas ».
Prof. Sébastien Djédjé DANO, ancien ministre de la Réconciliation nationale et des Relations avec les institutions ; Vice-Président FPI, a quant à lui, salué l’opportunité du colloque sous les auspices du Parti Communiste Français :
« C’est pourquoi nous nous réjouissons de l’opportunité que les parlementaires du Parti communiste nous offrent pour débattre de la nécessité de la réconciliation nationale qui représente à nos yeux, la seule alternative crédible pour solder définitivement les conséquences de la crise ivoirienne ».
Le parti Socialiste français a-t-il abandonné le FPI qui se cherche un soutien au Parti communiste français?
Au-delà des discours politiques et déclarations de bon aloi, une question reste essentielle: quelle sera la valeur politique du rapprochement entre l’opposition ivoirienne et le parti communiste français? Depuis l’élection du président Macron en France, les fondements des grands partis traditionnels ont explosé.
Aujourd’hui la gauche traditionnelle et la droite tentent difficilement de se reconstruire. Mais depuis, les cartes ont été redistribuées et les paradigmes politiques traditionnels sont remis en question. De plus en plus de mouvements politiques voient le jour et fragmentent davantage les partis traditionnels.
Quel est donc l’intérêt, dans cet environnement, pour le parti communiste français à soutenir une opposition amorphe? La réponse est dans le discours de monsieur Feurtet. « Plutôt que d’en rajouter au chaos libéral qui favorise les conflits, les déstabilisations, et le chaos environnemental, nous aurions besoin de sécuriser la vie, de mettre en place des systèmes de protection sociale, solidaires et de retraite, adaptés, initier un nouveau modèle agricole, développer des services publics, des industries qui bénéficient du transfert de technologies. Avec la résolution des conflits, ce sont les conditions indispensables pour la Paix. L’Afrique, la Côte d’Ivoire, ont de nombreux atouts pour y parvenir ».
Profiter des « atouts » de l’opposition ivoirienne pour reprendre pied en Afrique et peut-être gagner du terrain en politique française?
En tout cas jusqu’aux dernières élections françaises, le parti communiste français n’a cessé de perdre du terrain, et secoué par une crise interne. « Qui s’assemble se ressemble » serions-nous tentés de dire, mais le PCF a encore du ressort.
Selon le confrère le Parisien, « En 2017, le parti communiste français est même passé de 7 à 11 députés. Et ce, malgré un score historiquement bas de 2,7 % aux législatives. Les communistes conservent quelque 7 000 élus – conseillers régionaux, départementaux, municipaux – sur tout le territoire, dont 700 mairies (sur 36 000). Mais jusqu’à quand ? ».
Toutefois, il reste l’un des partis à avoir gardé son homogénéité au contact de la transformation de l’environnement politique français. Il pourrait être un intéressant soutien pour l’opposition ivoirienne. Mais que valent aujourd’hui les idéologies dans un monde hyper dynamique?