Le Front populaire ivoirien (FPI) est à la croisée des chemins à onze mois de la prochaine élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Le parti fondé par Laurent Gbagbo rumine certes l’idée d’un éventuel retour au pouvoir, mais semble sérieusement fragilisé par une profonde crise interne qui dure depuis 5 ans.
« L’unité », seule alternative à un retour au pouvoir du FPI
Les observateurs avérés de la vie politique ivoirienne sont unanimes sur le sujet. Il sera très difficile, voire impossible pour le parti leader de la gauche ivoirienne d’espérer remporter le prochain scrutin présidentielle s’il y va en rang dispersé.
« Je suis toujours convaincu que sans la réconciliation, le FPI demeure affaibli », reconnait l’ancien ministre ivoirien de la défense, Michel Amani N’guessan, cadre du FPI proche de Laurent Gbagbo.
Pascal Affi N’guessan, qui tient la frange légale du parti, semble avoir pris largement connaissance de la situation. La semaine dernière, sur le plateau de TV5 monde, le député de Bongouanou témoignait de sa disponibilité à œuvrer en faveur d’un retour à l’unité du parti qu’il dirige depuis 19 ans.
L’ancien Premier ministre avait d’ailleurs à l’occasion demandé pardon à tous les militants du parti y compris son « patron » Laurent Gbagbo qui auraient été vexés à la suite de ses propos désobligeants à l’encontre de l’ancien président ivoirien, après le rendez-vous manqué de Bruxelles.
L’heure est désormais à la reconquête du pouvoir d’Etat, reconnaît-il, mais l’unité du parti demeure une condition sine qua non. « Le processus est en marche. Nous ferons en sorte que l’unité soit possible dans les semaines, mois à venir pour que nous allions unis, solidaires à la reconquête du pouvoir en 2020. »
Et pour parachever cette réunification du FPI, Affi N’Guessan annonce un probable congrès des deux tendances du FPI. « Il faut poursuivre ce travail. Il faut continuer à sensibiliser, à rapprocher de manière à ce qu’un congrès soit possible d’ici le premier trimestre 2020 », a-t-il conclu.
La rigidité des GORs, véritable obstacle à la réconciliation au FPI
Du Côté des « Gbagbo ou rien » (GOR), point n’est besoin de parler de réconciliation au sein du Front populaire ivoirien. Puisque pour Assoa Adou, Simone Gbagbo, Lida Kouassi et les autres, le FPI n’a jamais été divisé. « Pascal Affi N’guessan a été exclu des instances du parti depuis le congrès de Mama en 2014 », rétorquent-ils à qui veut l’entendre.
Nul doute pour eux, que l’ex-Directeur de cabinet de Laurent Gbagbo travaille à contre-courant des idéaux du parti, pour Alassane Ouattara, dans l’objectif de fragiliser davantage le parti de Laurent Gbagbo.
Malgré la main tendue du président légal du parti, l’oreille sourde semble être la voie privilégiée par ces inconditionnels de l’ex-président ivoirien. Une situation qui certainement finira par agacer bon nombre de leurs militants.
« Si quelqu’un reconnaît son tort, c’est un acte d’humilité. « Je ne veux pas parler au nom des GOR, mais à mon humble avis, dès lors que quelqu’un tente une initiative de rapprochement, il faut toujours l’écouter », soutient Seria Gossé cadre du FPI pro-Gbagbo dans la région de Gagnoa.
En clair, le conseiller du secrétaire fédéral du FPI (Pro Gbagbo de Gagnoa) recommande à ses camarades « Gbagbo ou rien » de quitter les rangs de ‘’l’extrémisme’’ politique pour ensemble donner une chance à la réconciliation du parti.
Du moment où tous, Affidés ou Gbagboïstesi, reconnaissent que Laurent Gbagbo demeure le seul patron du parti. Le Front populaire ivoirien est en effet frappé depuis 5 ans par un bicéphalisme qui l’empêche de s’affirmer réellement sur le terrain politique.
D’un côté le camp Affi N’guessan qui jouit de la légalité et de l’autre les cadres du parti se reconnaissant uniquement en Laurent Gbagbo (Les Gbagbo ou rien), brandissant la carte de la légitimité.