Me Raoul Gohi Bi livre, dans une interview accordée au confrère Afrik soir.net, des secrets sur l’acharnement de la justice ivoirienne contre Blé Goudé, son client, et l’ancien chef d’État ivoirien Laurent Gbagbo.
Voici les raisons de « l’acharnement » contre Gbagbo et Blé Goudé
Dans une analyse de la situation relative au réveil subit de la justice ivoirienne sur les cas Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, Me Raoul Gohi Bi décèle des manœuvres « suspectes » du régime visant à empêcher les deux Ivoiriens de participer à la prochaine élection présidentielle.
Nulle autre explication ne saurait, à en croire l’avocat de Blé Goudé, expliquer à juste titre la décision de confirmer la condamnation de l’ancien président ivoirien à 20 ans de prison et de l’ouverture prochain d’un procès pour crime contre l’humanité visant son filleul, seulement quelques jours après le dépôt de la décision motivée de l’appel de Fatou Bensouda.
« Ce n’est rien que ça », fait-il savoir. À la vérité, explique Me Gohi Bi, plus rien ne s’oppose au retour à Abidjan des deux Ivoiriens, la procureure de la Cour pénale internationale, Fatou Bensouda ayant échoué à les faire condamner. La justice ivoirienne apparaît comme l’échappatoire pouvant servir à les maintenir loin des frontières ivoiriennes.
« Madame Bensouda sans appel a demandé la reprise de la main. C’est-à-dire qu’il n’y ait plus de décision prononcée mais seulement la nullité de la procédure. Du coup, Blé Goudé et Gbagbo rentrent. Elle dit que si vous confirmez l’acquittement, ce n’est pas bon. Si on doit aller rejuger, ça va être compliqué parce que c’est le même tribunal. Donc si elle reprend la main, on annule la procédure. C’est comme si ça n’avait jamais existé. Quand madame le procureur pose un tel problème, on revient à zéro », a-t-il relaté.
Avant de poursuivre: « Donc Gbagbo et Blé Goudé rentrent. Dès qu’elle finit de dire cela, deux jours après, on enrôle la procédure de Gbagbo, on confirme ses 20 ans et son mandat d’arrêt international. C’était le mardi. Et le mercredi, on programme Blé Goudé sans ses avocats pour le ramener devant le tribunal pour être condamné à vie. D’où ils sont pressés pour que ces décisions arrivent et maintenant la CPI peut faire ce qu’elle veut. Et si elle les libère, dès qu’ils rentrent, eux, ils les mettent en prison, ils ne participeront pas aux élections », a-t-il expliqué.
Acquitté le 15 janvier 2019 en première instance devant la Cour pénale internationale, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé sont sortis de prison deux semaines plus tard avec plusieurs conditions assorties à leur libération. Le régime d’Abidjan, faut-il le rappeler, s’est dit opposé à la lever desdites conditions.