La troisième audience du procès de Charles Blé Goudé pour « Crimes contre populations civiles » et « Crimes contre prisonniers de guerre » devant le Tribunal d’Abidjan Plateau, ce mercredi 6 novembre, s’est terminé en queue de poisson. Les avocats de l’ancien leader des jeunes patriotes ont estimé que les autorités judiciaires ont fauté dans la procédure relative à la remise d’une importante pièce qu’ils avaient préalablement exigée. Me Claver N’Dri livre donc les explications de cet incident devant la presse.
Me Claver N’Dri « Nous refusons de servir d’enjoliveur à la justice ivoirienne »
A l’image des deux premières, l’audience de ce mercredi dans le procès de Charles Blé Goudé vient une fois de plus de connaître une nouvelle suspension. Du moins, les avocats se sont retirés de la salle d’audience pour, disent-ils, éviter de donner leur onction à une parodie de justice.
« Les avocats de Charles Blé Goudé ont sollicité un renvoi d’audience devant cette même chambre d’instruction parce que nous avons estimé qu’il y avait une pièce importante dans le dossier dont l’omission ne permettait pas l’avancée de cette procédure », a déclaré Me Claver N’Dri, avant d’ajouter que les juges d’instruction en charge du dossier n’ont transmis au conseil d’avocats de Charles Blé Goudé la pièce manquante qu’ils ont exigée qu’à la veille du procès.
Aussi, ont-ils demandé un délai supplémentaire pour joindre ce document à leur plaidoirie. Mais le tribunal ayant refusé de donner une suite favorable à leur requête, les avocats de l’ancien ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo ont donc décidé de suspendre leur participation à ce procès « pour ne pas servir d’enjoliveur à la justice ivoirienne ».
Poursuivant, l’avocat a dévoilé le nom de la pièce, objet du blocage du procès. « Cette pièce concerne purement et simplement le transfèrement de Charles Blé Goudé à la Cour pénale internationale», a déclaré la défense du Président du Cojep, avant de préciser : « C’est une pièce qui est relative à l’audience qui s’est tenue exactement ici dans cette même salle précisément le 21 mars 2014. J’y étais. »
Tirant motif de cet important document, Me Claver N’Dri ajoute que la Côte d’Ivoire, ayant la possibilité de juger Charles Blé Goudé, avait décidé de se dessaisir du dossier en le transférant devant la justice internationale. Et maintenant que l’accusé y a été acquitté, ses avocats trouvent incongru que la justice ivoirienne vienne s’autosaisir à nouveau pour remettre ces accusations au goût du jour. Refusant donc de participer à cette insécurité judiciaire, les avocats se sont retirés du procès. Du moins pour l’instant.
Par ailleurs, Me Claver N’Dri indique que les infractions de « Crimes contre populations civiles » et « Crimes contre prisonniers de guerre » pour lesquelles leur client est poursuivi ont été abrogées par l’article 564 du Code pénal. « Comment on peut poursuivre un citoyen sur la base de textes abrogés », s’est-il indigné.