L’ex-Première dame de Côte d’Ivoire, Simone Gbagbo, est à la croisée des chemins. Sa vie familiale (c’est un secret de polichinelle) et son positionnement politique sont un véritable chemin de croix. N’empêche, cette septuagénaire (70 ans) croit dur comme fer que son heure sonnera en octobre 2020. Quelles sont ses chances de succès ? Le politologue proche du FPI de Pascal Affi N’Guessan, Jean Bonin, nous donne quelques pistes.
Présidentielle 2020 : Atouts et faiblesses de Simone Gbagbo
A – Faiblesses :
1 – l’absence d’appareil politique
Le boss du FPI s’appelle Affi Nguessan. C’est lui le chef légal du parti à la rose. Dans ces conditions, il va s’en dire que Simone Gbagbo ne pourra pas être la candidate officielle de ce parti dont elle ne détient pas les attributs. Néanmoins, trois (3) possibilités s’offrent à elle pour être candidate en 2020.
1 – créer une nouvelle formation politique pour soutenir sa candidature, à l’instar de « GPS » de Soro Guillaume ou encore se présenter en indépendante, comme KKB en 2015.
2 – Négocier avec Gbagbo, le référent politique de EDS, pour être la candidate de cette plateforme de micro partis politiques (UNG et autres) où des dissidents du Fpi ont momentanément pu trouver un second souffle.
3 – Revenir au FPI, la maison mère, pour battre à la régulière Affi lors de la convention de désignation du candidat de ce parti qui aura lieu au 2ème semestre 2020.
Toutes ces options apparaissent comme un choix cornélien. À moins d’un an de la présidentielle c’est n’est pas une sinécure.
2 – l’offre politique
Son propos politique est essentiellement axé sur la réconciliation nationale (rien de bien original) et sur des « prêches » évangélico-messianiques. Autant dire qu’elle ne propose pas grand-chose de nouveau aux ivoiriens. Par ailleurs, elle semble être en complet déphasage avec leurs préoccupations majeures du moment qui sont notamment la cherté de la vie, le chômage ou l’insécurité. Pas vraiment de quoi rallier la majorité de ses compatriotes à sa cause, d’autant que, nul n’est dupe, son discours sur la réconciliation nationale pèche par son manque de volonté à œuvrer à la réconciliation au sein de sa propre famille politique. Une posture qui au final la discrédite.
3 – la guerre des factions au sein de la dissidence
La dissidence du FPI est minée par de sourdes guerres de leadership entre pro Gbagbo Laurent et pro Gbagbo Simone. Assoa Adou n’est quasiment plus présent lors des tournées politiques de Simone et vice-versa. Même s’ils font (pour le moment) l’effort de se côtoyer pour essayer de sauver les apparences, communication politique oblige, la réalité c’est que le mur de la dissidence est passablement fissuré. Dès lors, les uns et les autres ne se font plus confiance.
4 – l’omerta de Gbagbo
Pour une raison que lui seul sait, le Woody de Mama freine des 4 fers lorsqu’il s’agit de soutenir l’action politique de son épouse officielle. Assoa Adou reste son seul interlocuteur physique ou téléphonique. Ce n’est donc pas de ce côté-là qu’elle pourra espérer avoir une onction pour aller recueillir le suffrage des inconditionnels de Gbagbo.
5 – la guerre des épouses
Nady Bamba, l’épouse légitime n’entend plus rester dans l’antichambre face à l’épouse légale. La bataille de la légitimité contre la légalité fait également rage ici. La légitime que Bédié reconnaît comme la légale (conférer le communiqué Gbagbo – Bedié de Bruxelles) a désormais sous son joug, entre autres, Michel Gbagbo, Stephane Kipré, Demba Traoré, Koné Katinan. Tous ces pro Gbagbo purs et durs, ont tourné casaque en faveur de la rivale de Simone, celle dont on dit qu’elle est assise sur une colossale fortune et qui aurait la main facile, contrairement à Simone. Ces défections et retournements de veste fragilisent un peu plus l’ex dame de fer du FPI.
6 – issue d’un groupe ethnique ultra minoritaire
Le vote ethnique est une réalité jamais démentie en Côte d’Ivoire. Là aussi, issue d’un groupe ethnique assez minoritaire, Mme Ehivet ne pourra pas compter sur le vote Abouré (Moossou et une partie de Bonoua) pour faire la différence face à ses principaux concurrents Malinké, Baoulé, Agni…
7 – une image dévastée
Longtemps présentée dans les médias nationaux et internationaux comme une ultra nationaliste xénophobe elle a une image politique passablement ternie. Ses récents propos sur « les étrangers qui veulent arracher la Côte d’Ivoire aux ivoiriens » n’ont pas arrangé les choses, d’autant qu’elle ne fait rien pour redorer son image.
B – Atouts
1 – le nom Gbagbo
C’est un nom qui lui permet de sauver les meubles et de susciter encore de l’intérêt auprès de certains compatriotes. Tant que Laurent ne l’aura pas publiquement et sans ambiguïté désavouée elle pourra l’utiliser pour rallier à sa cause…. les pro Gbagbo et tous ceux qui sont sensibles aux thèses pseudos xénophobes ou neo exclusionnistes.
2 – la victimisation
Certains Ivoiriens mus par des considérations émotionnelles, sont sensibles aux injustices dont elle est victime de la part de la justice ivoirienne et de Gbagbo. Elle peut surfer sur ce sentiment pour rallier à elle une poignée d’ivoiriens, principalement dans les cercles évangéliques.
Jean Bonin
NB: Les titre et chapeau sont de la rédaction.