Jean Bonin, Cadre du FPI et analyste politique, a présenté dans la contribution ci-dessous, certains points faibles du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, potentiel candidat du RHDP. Points faibles qui pourraient jouer, selon Jean Bonin, contre Amadou Gon lors de la prochaine élection présidentielle en Côte d’Ivoire.
Jean Bonin énumère les points forts et les faiblesses du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly
Chapitre 2 – Amadou Gon Coulibaly
Si Ouattara n’y va pas, comme il le laisse entendre, alors ce pourrait être Amadou Gon Coulibaly. Celui que ses partisans appellent affectueusement « le lion » pourrait-il être un bon cheval pour le RHDP ?
A – Faiblesses :
1 – Sa santé
Sans qu’on en ait formellement la preuve, il se murmure dans les chaumières qu’il aurait une santé assez précaire. Si c’est avéré, au pire cela pourrait le disqualifier, au mieux, ce serait une situation dirimante car il est difficile de parcourir le pays durant plusieurs mois de campagne et de précampagne sans en payer un lourd tribu médical.
2 – le bilan social du RHDP
Le chantier de la réconciliation nationale est loin d’être achevé, de nombreux ivoiriens vivent encore dans des camps de réfugiés à l’étranger. La réduction du coût de la vie n’est pas effective, pas plus que la baisse du chômage, de la corruption et de l’insécurité. La justice et les médias d’État sont toujours caporalisés. À moins de régler ces fléaux avant octobre 2020, il aura du mal à convaincre les Ivoiriens qu’en 9 ans de pouvoir le RHDP n’ait pas pu solutionner ces problèmes essentiels et qu’il lui faudra un ou deux mandats supplémentaires pour y arriver.
3 – une image non sympathique
Gon Coulibaly donne de lui l’image d’un technocrate froid, hautain, cassant et inaccessible. Il est inexistant sur les principaux réseaux sociaux et pour l’heure ne développe pas une stratégie de communication qui pourrait laisser présager qu’à 1 an de la présidentielle de 2020 il envisagerait même de concourir.
4 – Il n’a pas un bastion personnel
De ce qu’on entend çà et là il a un commerce difficile avec les populations de Korhogo, localité dont il est le maire, plus pour y avoir été candidat du RHDP qu’intuitu personae. Est-ce possible d’avoir un destin national lorsqu’on n’a pas soi-même un bastion local imprenable ? Rien n’est moins sûr.
5 – il n’est pas rassembleur
De toute évidence, contrairement à Ouattara, il ne fait pas l’unanimité au sein du RHDP et sa candidature pourrait entraîner celle de dissidents telles que Mabri Toikeusse ou, ce n’est pas exclu, celle de Hamed Bakayoko. Il lui serait difficile d’être au 2ème tour s’il n’arrivait pas à faire l’union sacrée autour de sa personne, notamment au regard de la guerre froide interne entre Malinkés et Sénoufos.
6 – un faible positionnement à l’international
Visiblement, il n’a pas profité de son poste de 1er ministre pour se tisser un solide réseau relationnel à l’international. Compte tenu du positionnement géostratégique de la Côte d’Ivoire cela peut s’avérer être un frein à ses ambitions présidentielles.
7 – Manque de charisme
Face à des candidatures de Gbagbo et/ ou de Bedié il ne ferait pas le poids. En réalité, intuitu personae il est très peu connu en zone rurale, au même titre qu’un Billon et autres Yasmine Ouegnin, Thiery Tanoh qui sont plus des phénomènes issus des réseaux sociaux qu’ayant un rapport affectif ou personnel avec la grande majorité des populations ivoiriennes.
B – Atouts
1 – Assise nationale
Le RHDP est aujourd’hui un parti qui a incontestablement une implantation nationale. Même à l’ouest du pays il a opéré une vraie percée, profitant de la guerre de positionnement interne du FPI. Cela lui permettra de glaner une bonne part de marché électorale dans cette partie du pays.
2 – Moyens financiers
En tant que candidat du RHDP, le parti au pouvoir, il est assis sur un trésor de guerre financier, d’autant qu’il dispose, à satiété, de la caisse de l’État. Compte tenu de la relative paupérisation des populations c’est un facteur qui vaut son pesant d’or lors des campagnes, notamment pour le achats des consciences.
3 – les médias d’État
Le contrôle des médias d’État (Rti radio et télé et également Frat Mat) est un atout pour tout candidat au pouvoir. C’est un puissant outil de propagande politique, notamment auprès des populations rurales ou des populations analphabètes qui croient dur comme fer ce qu’elles y voient et entendent.
4 – Forte implantation au nord du pays
En tant que candidat du RHDP il bénéficiera de l’électorat captif du nord qui, dans sa grande majorité, ne jure que par ce parti politique. C’est un atout non négligeable d’autant que cette domination au nord pourrait être consolidée avec ses nouveaux bastions au centre du pays.
5 – Un bilan défendable
En dehors du bilan social qui est plus que mitigé, le RHDP peut se prévaloir d’un bilan économique assez flatteur, notamment en ce qui concerne les infrastructures et les superstructures routières. Ce sont des éléments qui ne laissent pas insensibles les populations dans leur ensemble, tant urbaines que rurales. Le candidat Gon pourrait donc bénéficier des dividendes politiques de ces réalisations qui on apportées un mieux vivre dans certaines régions du pays.
6 – Un excellent technocrate
Cet ancien DGA du BNETD, à l’époque du PDCI, sait ce qu’est la gestion d’un Etat et a une parfaite connaissance technique des rouages et des grands dossiers de l’Etat. En plus d’être un ingénieur des TP il a également une bonne maîtrise des questions et enjeux économiques qui gouvernent les relations financières internationales. Autant d’atouts qui en font un homme d’État.
7 – l’apport des ex-cadres dissidents du PDCI
Ils sont nombreux, les cadres du PDCI qui battent désormais pavillon RHDP, à l’instar de Aka Aouelé, Adjoumani ou Achi Patrick. Cela permettra clairement au candidat du RHDP d’opérer une percée électorale dans des zones qui n’étaient pas au nombre de ses bastions traditionnels.
8 – sa jeunesse
À 60 ans, il est relativement jeune. C’est également un fin orateur et un haranguer de foule. C’est un atout qui peut faire la différence face à certains candidats qui sont incapables de tenir un discours lors d’un meeting sans lire des notes préalablement rédigées, une attitude qui n’est guerre séduisante auprès de l’électorat jeune.
NB: Les titre et chapeau sont de la rédaction.