Ancien membre de la galaxie patriotique pro-Gbagbo, Ahoua Stallone vit aux Etats-Unis depuis la chute du régime des « Réfondateurs » en avril 2011. Exilé politique, le Président de Hiré Football Club, s’est ouvert à afrique-sur7 en exclusivité dans l’interview ci-dessous. Sans tabou ni langue de bois, le candidat déclaré à la présidentielle d’octobre 2020 revient sur le procès Gbagbo-Blé Goudé, parle de sa candidature à la présidence de la République de Côte d’Ivoire, évoque le cas Guillaume Soro et termine avec la candidature annoncée de Didier Drogba à la présidence de la Fédération ivoirienne de football (FIF).
Ahoua Stallone: « Guillaume Soro n’était pas sincère avec le Président Gbagbo »
Comment se porte Ahoua Stallone et où se cache-t-il depuis son départ de la Côte d’Ivoire?
Merci pour la question. Je voudrais, avant de vous répondre, faire un clin d’œil à tous les ivoiriens, faire un clin d’œil à tous les réfugiés, exilés, déplacés dans leur propre pays. Je voudrais les saluer et leur dire que nous sommes avec eux. Demander à tous nos frères qui sont restés au pays de ne regarder que la paix et la réconciliation parce que nous sommes inscrits résolument vers la paix et la réconciliation pour une Côte d’Ivoire unie. Cela dit, Ahoua Stallone se porte très bien. Où se cache Ahoua Stallone ? Je pense qu’aujourd’hui, ce n’est pas la préoccupation des Ivoiriens. Leur préoccupation, c’est de savoir si nous nous portons bien. Au-delà d’Ahoua Stallone, tous les autres se portent bien. Là où nous sommes n’importe pas les ivoiriens. C’est notre santé, notre vie au quotidien qui les préoccupent. Nous voudrions les rassurer que nous nous portons très bien et nous nous reverrons bientôt. Je profite de votre micro pour saluer la presse dans son ensemble pour le travail immense que vous abattez sur place. Vous dire aussi que bientôt, nous allons engager des actions allant dans le sens de la paix et de la réconciliation nationale. Mais ça ne saurait tarder.
Que vous inspire l’appel de la procureure Fatou Bensouda à la décision d’acquittement de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé?
Je dirai simplement que c’est inimaginable que le Procureur se pourvoit encore en appel, après que les juges de la CPI, se sont rendus compte que le passage des 82 témoins de l’accusation n’a pas pu prouver la culpabilité du Président Laurent GBAGBO. Ils ont décidé à l’unanimité de l’acquitter, lui et Charles BLE GOUDE et ordonner leur libération immédiate. Décision prise à la majorité. Alors le même Procureur qui est venu avec 82 témoins, se pourvoit encore en appel mais juste pour respecter la procédure, pour faire durer le suspense. Mais vous savez bien qu’il y a forcément une main invisible et je l’ai dit sur une chaine de télé en France, que le Président GBAGBO qui ne peut même pas toucher à une mouche, c’est ce monsieur qu’on veut déshumaniser de la sorte, qu’on veut faire passer pour un criminel! C’est parce qu’il n’était pas le pion de toutes ces mains invisibles et donc ils se sont arrangés pour l’écarter et ils espèrent encore le garder loin de la Côte d’Ivoire pour ne pas qu’il participe à la vie politique de la Côte d’Ivoire. Mais aujourd’hui, la Côte d’Ivoire a besoin de se réconcilier, les Ivoiriens ont besoin de se retrouver pour parler de paix et de développement. Certains sont allés en exil parce qu’ils étaient d’une ethnie proche ou de la même ethnie que le Président GBAGBO. Il y en a d’autres qui n’avaient rien à voir avec la politique. Des ivoiriens sont réfugiés au Ghana, au Rwanda, en Mauritanie, au Libéria, au Mali, en Guinée, au Togo…Vous trouverez des fonctionnaires qui ont tout perdu, des enfants qui ne vont plus à l’école, des gens qui attendent sous des bâches la pitance quotidienne. On ne peut même pas souhaiter à son pire ennemi l’exil à plus forte raison un gouvernement qui laisse les fils et filles de la Côte d’Ivoire à l’extérieur alors que la constitution ne le permet pas. C’est paradoxal. Mais comme celui qui n’a rien fait espère toujours à la justice de Dieu, bien évidemment, ils vont aller à l’appel juste le temps pour le procureur de gagner un peu de temps pour faire plaisir à ses « collabos ».
Croyez-vous qu’ils s’en sortiront?
Ahoua Stallone: Mais ils (Gbagbo et Blé Goudé) vont rentrer pour participer à la réconciliation. Et tout le monde se prépare en ce moment à rentrer. Je suis dans une organisation internationale et j’ai la possibilité d’aller un peu partout dans le monde pour parler de paix. Je participe aussi à des forums sur la paix dans plusieurs pays qui sortent de crises. J’ai vu beaucoup de choses. Il faut vraiment qu’on aille à la paix. Parce que ce que nous entendons, s’il y a un problème, je ne suis pas sûr que certains restent à l’abri de ce qui va arriver. Il faut que les tenants du pouvoir se ravisent et tendent la main à tout le monde pour que les rancœurs à l’endroit des uns et des autres puissent s’estomper. Que Dieu donne la sagesse à chacun de nous pour ne pas faire de différence entre l’ivoirien du sud et l’ivoirien du nord. Il faut que la justice soit faite pour les justiciables et non pas une justice à double vitesse.
Ne pensez-vous pas que le pouvoir a fait beaucoup en signant par exemple une ordonnance d’amnistie pour la libération de près de 800 détenus et d’autres personnalités poursuivies par la justice ivoirienne?
Ahoua Stallone: Ce que vous dites, ça ce sont des pas qui encouragent. Je n’ai aucun problème. Tout le monde sait que je suis un homme de paix. La preuve, je suis le représentant Afrique à l’Organisation Mondiale pour la Paix. Vous étiez en Côte d’Ivoire. Vous avez vu ce que j’ai fait. Ce n’est pas tout le monde qui le fait. J’ai réussi à mettre ensemble les anciennes Forces Nouvelles, les Forces de Défense et de Sécurité, la Force onusienne et la LICORNE pour jouer pour la paix. Cela ne s’était jamais passé en Afrique pour dire en Côte d’Ivoire. Je l’ai fait à deux reprises et mobilisé plus de 45.000 personnes dont des Stars comme Samuel ETO’O, Georges WEAH, Djibril CISSE…qui se sont déplacés pour répondre à notre appel à la paix. Donc moi je n’ai aucun problème. Mais je dis, pour ce que je vois, que ce n’est pas forcément suffisant. Amnistier 800 personnes, libérer madame GBAGBO, c’est bien mais il y a encore des prisonniers militaires. Il y a encore beaucoup de militaires qui sont en exil. Mais le militaire en exil est plus dangereux qu’un civil qui rentre. Donc qu’est-ce que le gouvernement fait pour rassurer ces militaires pour leur éviter des idées funestes ? Ils faut les rassurer parce que ceux qui rentrent, pour certains c’est parce qu’ils n’ont plus rien à manger à l’extérieur. Il y en a qui préfèrent vivre le martyre parce qu’il y a des conditions qui ne sont pas encore réunies.
Que doit faire le gouvernement, selon vous?
Les gens sont à l’extérieur, ils ont des enfants qui y vont à l’école…mais quelles sont les dispositions qu’on prend pour les systèmes scolaires des pays d’accueil qui sont différents du système scolaire ivoirien. Quelles sont les dispositions qui sont prises pour l’intégration de ces enfants ? Des fonctionnaires partis en exil qui veulent revenir, quelles sont les dispositions prises pour ces fonctionnaires ? Quand on parle de rassurer, c’est de tout ça qu’on parle. Ils sont donc contraints en exil parce qu’ils ne sont pas rassurés. Or la constitution de la Côte d’Ivoire l’interdit. Un Président de la République, c’est comme le père de la Nation, le père de tout le monde. Je n’ai pas dit que le Président de la République actuel est le père du RHDP ou du RDR. Un père, il pose tout ce qu’il y a comme pas pour rassurer ses enfants. Le pouvoir a fait des efforts, c’est à saluer mais il lui reste beaucoup à faire. Voilà ce que je voulais dire tout en saluant tous ceux qui sont rentrés et encourageant ceux qui sont capables, de rentrer.
Plus de 8 ans après la chute de son régime, qu’est-ce que cela vous fait-il de voir cette ruée des hommes politiques ivoiriens vers Laurent Gbagbo aujourd’hui?
Ce que vous appelez même ruée, moi je le qualifie de pèlerinage. Hier c’était à la Haye, aujourd’hui c’est à Bruxelles. Ils savent que le Président Laurent GBAGBO est incontournable. Ils savent qu’il est une figure emblématique, une référence en politique. Et donc ils le font en fonction de leurs intérêts. Je l’ai dit, il y a quatre ans en arrière, en 2015 quand les gens voulaient se présenter aux élections présidentielles contre le Président Ouattara. Mais les gens défilaient à la Haye. Du coup, ils se faisaient passer pour les défenseurs du Président Laurent GBAGBO, mais en réalité pour chercher la bénédiction de celui-ci et se faire accepter par ses partisans. Mais voyez-vous, après les élections de 2015, ils se sont tous tues parce qu’ils n’avaient plus besoin de lui. Et le Président Laurent Gbagbo, en fin tacticien, le sait. Mais pour participer à la paix et à la réconciliation, il reçoit tout le monde. Ce n’est pas parce qu’il est prêt à soutenir tout le monde mais parce qu’il est un acteur incontournable au retour de la paix en Côte d’Ivoire. Mais pour tous ceux qui veulent utiliser son image pour s’accaparer ses partisans, c’est peine perdu parce que les ivoiriens ne sont pas dupes. Beaucoup ne sont pas formés politiquement mais aujourd’hui, les gens savent analyser. Ils savent apprécier. Pour la plateforme, c’est normal. Tout ce qui peut contribuer à la démocratie qui est l’expression de la liberté, toutes les plateformes sont les bienvenues.
Etes-vous en train de dire que vous approuvez la mise en place de la plateforme de l’opposition prônée par Bédié?
Mais je pense que les gens devraient être un peu plus courageux. Je n’ai pas encore vu quelqu’un dénoncer publiquement ce qui arrive au Président Laurent Gbagbo. Je prends le cas du Président Henri Konan Bédié. Il a été le premier à venir sur les chaînes de télévision, pour préparer les esprits à la déportation du Président Laurent Gbagbo. C’est lui qui a dit que le Président Gbagbo méritait la Cour Pénale Internationale. Si le même Bédié revient aujourd’hui pour dire que le Président Gbagbo doit repartir chez lui, mais c’est bien. Ceux qui étaient les pourfendeurs du Président Gbagbo, deviennent aujourd’hui ses défenseurs. Mais il faut qu’ils aillent loin. J’aurai voulu que le Président Bédié, au cours d’un meeting, dise publiquement ce qui s’est passé en 2010 et demande que le Président Laurent Gbagbo revienne en Côte d’Ivoire avant de chercher à le mettre dans une Plateforme. Ceci ne concerne pas seulement le Président Bédié mais tous ceux qui rôdent autour du Président Gbagbo. La recherche de la paix n’exclut pas la vérité. Donc il faut qu’il y ait certaines vérités qui soient dites sur la place publique pour que les Ivoiriens puissent pardonner une fois pour de bon. Tout ce qui s’est passé, c’est la faute à nos aînés. Il y a eu des morts, des blessés des deux côtés. Comment on fait pour ressouder les plaies, c’est à cela que nous devons penser et non pas constituer une Plateforme pour s’attaquer à un individu. Moi je ne rentre pas dans ça. Je prie seulement Dieu d’éviter à la Côte d’Ivoire ce à quoi on ne veut pas s’attendre, à savoir la guerre. On ne veut plus de guerre ni d’affrontements. Les gens doivent comprendre qu’on n’a qu’une seule Côte d’Ivoire. Donc il faut travailler à ce que la Côte d’Ivoire se réconcilie dans son entièreté. Mais utiliser l’image du Président Gbagbo, en espérant faire plaisir à ses partisans, je ne pense pas que cela soit le bon chemin.
Quelle réaction suscite en vous la mise en place de la Commission électorale indépendante (CEI) par le gouvernement malgré les critiques de l’opposition?
En effet, la Commission Electorale dans son essence est censée être indépendante. Mais dans sa composition actuelle, vous avez selon le pouvoir trois membres de l’opposition dont Henriette LAGOU (Rire), RHDP. Alors considérée comme membre de l’opposition Henriette Lagou et excluant toutes les autres formations politiques représentatives, bien sûr cette commission-là ne remplit donc pas à mon avis les critères d’impartialité comme tout le monde le souhaite. Alors tous les organes au-delà de la CEI, qui sont chargés du contentieux électoral à savoir la Chambre administrative de la Cour Suprême, le Conseil Constitutionnel…sont des organes qui sont inféodés au pouvoir en place. Et donc, il nous faut une CEI consensuelle qui passe par une réforme en profondeur comme le réclame toute l’opposition pour garantir des élections apaisées, libres et transparentes. Si nous devrons aller à des élections transparentes pour garantir la paix et la stabilité, il est impératif de se référer à la proposition de la Cour Africaine des Droits de l’Homme pour que tout se passe de façon consensuelle et que le pouvoir n’impose pas, en fonction de son desiderata, à la Côte d’Ivoire, son « opposition », ses « hommes » à travers la CEI. Vous avez vu ce qui s’est passé en 2010. Malgré le fait que la CEI avait été dessinée selon les propositions de l’opposition d’alors, vous avez vu ce qui est arrivé à la Côte d’Ivoire. A plus forte raison une CEI imposée aux ivoiriens. Je ne suis même pas sûr qu’on puisse aller résolument à la paix souhaitée par tous si les choses restent en l’état. Donc il nous faut une réforme en profondeur pour rassurer tout le monde (les candidats et les Ivoiriens) et pour garantir surtout la paix à notre pays.
Vous qui êtes un pro-Gbagbo, comment jugez-vous la situation que vit Guillaume Soro présentement avec le régime Ouattara qu’il a pourtant contribué à installer au pouvoir?
Ahoua Stallone: Je suis croyant et je pense que tout ce qui se fait dans la haine ne connait pas un aboutissement. Je sais aussi qu’on ne prend pas le risque de dîner à la même table que le diable. Et on le dit communément, quand vous voulez diner avec le diable, il faut avoir une fourchette très longue parce qu’il risque de s’attaquer à vous après le diner. Il faut aussi éviter de tenir l’assiette qui sert de déjeuner ou de diner au diable. C’est malheureusement ce à quoi nous assistons. Tu ne peux pas avoir combattu Laurent Gbagbo qui, après des accords de Marcoussis et Kleber, décide de travailler avec toi. Il savait qu’il y avait beaucoup de tentacules. Tout le monde savait que MPCI, MPIGO étaient du saupoudrage. On savait que c’est Soro Guillaume qui était le patron de tous ces mouvements. Mais malgré ça, le Président Gbagbo lui a donné des postes de ministres, juste pour aller à la paix. J’ai été de ceux qui ont effectué des meetings et des tournées pour demander aux Ivoiriens de s’inscrire résolument dans le retour de la paix en Côte d’ivoire en acceptant que Soro Guillaume soit Premier ministre de Laurent Gbagbo après les accords de Ouaga. A l’alliance, vous avez vu, on a même invité le Premier Soro Guillaume à Gagnoa. Après, on s’est rendu à Bouaké. Tout ça pour montrer aux gens que nous étions sincères. Mais Guillaume Soro n’était pas sincère avec le Président Gbagbo parce que ceux qui l’avaient envoyé, eux aussi n’étaient pas sincères. C’est malheureusement la loi du Karma. Mais je ne peux pas me réjouir du malheur d’un ivoirien. Aujourd’hui on doit regarder dans une même direction. Je l’avais dit, que le Premier Soro Guillaume avait été utilisé comme un enfant qu’on envoie à la boutique et à qui on promet tout. On lui fait croire que les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Il s’est vu très grand, trop top alors qu’il avait tout à gagner avec le Président Gbagbo parce que le Président Gbagbo était sincère.
Ah bon! Vous y croyez?
Il a préféré soutenir Ouattara dans l’espoir d’occuper les hautes fonctions de Président de la République parce que c’est ce qui lui avait été promis. Et plus tard, il s’est rendu compte qu’il a été bafoué dans sa dignité. Voilà pourquoi on assiste aujourd’hui à toute cette scène. Mais la politique n’est pas faite de vengeance. Pour faire la politique, il faut être un politique avec un grand P. Donc si on veut regarder tout cela, je ne suis pas sûr que la Côte d’Ivoire puisse avancer. On doit penser Côte d’Ivoire, on doit réfléchir Côte d’Ivoire. Alors je répète que l’intention ici que tout le monde devrait rechercher, ce n’est pas forcément d’occuper un poste de Président de la République mais comment résoudre les liens, comment resserrer les coudes pour que notre pays ne périclite pas. Le jour, on trouve la solution, je pense qu’on aura guéri la Côte d’Ivoire. Mais ce qui arrive, c’est normal. Tout le monde a vécu cela. Il y a des choses qu’on n’a pas envie de vous dire mais malheureusement c’est ça l’Afrique. Tu peux contribuer à fabriquer quelqu’un et comme tu as contribué à le fabriquer, du coup, tu deviens gênant pour lui parce que tu a beaucoup de secrets le concernant. Bien évidemment, il t’élimine et ce n’est pas seulement en Côte d’Ivoire mais partout en Afrique. Qu’est-ce qu’on fait pour que la Cote d’Ivoire ne s’embrase pas ? Voilà la question à laquelle, nous devrions tous chercher à répondre.
Vous ne serez donc pas opposé à une rencontre Soro-Gbagbo?
Mais c’est tout à l’honneur du Président Laurent Gbagbo parce que c’est lui (Soro) qui l’avait diabolisé. Si aujourd’hui, il cherche à le rencontrer, c’est une autre façon de le disculper. Et donc moi, je ne suis pas opposé à cela. Mais je demande aux Ivoiriens et aux hommes politiques d’être conséquents envers eux-mêmes. On ne peut pas faire une chose et son contraire. Tu ne peux pas détruire l’image de Laurent Gbagbo parce que ça t’arrange et puis venir laver son image parce qu’aujourd’hui là où tu étais, tu te rends compte que c’était le mauvais chemin. Il n’est pas le seul à vivre ce qui lui arrive aujourd’hui. IB est où aujourd’hui ? Lui Soro Guillaume, il doit faire très attention. J’ai vu qu’il avait été inquiété en Espagne. On ne veut plus qu’il mette les pieds aux Etats Unis…etc. Ce n’est pas fini. La prochaine étape, ça sera que les gens le déportent un jour à la CPI. Il doit s’attendre à ça. Donc comment prendre le taureau par les cornes pour qu’on aille à la réconciliation ? C’est à cela qu’il doit réfléchir et non se recroqueviller. Je ne veux pas rentrer dans beaucoup de détails…Nous devons chercher à l’unisson à sauver notre pays, la Côte d’Ivoire.
A moins d’un an de la fin de son second mandat, le président Alassane Ouattara ne s’est pas encore clairement prononcé sur son retrait ou non du pouvoir. Il affirme même que la nouvelle constitution lui autorise encore deux autres mandats…
Ahoua Stallone: Moi je pense sincèrement que vouloir se présenter en 2020 pour un troisième mandat est non seulement peu constitutionnel mais suicidaire pour lui-même (Président Ouattara). C’est vrai qu’il clame haut et fort que la constitution lui autorise à faire deux autres mandats mais d’abord pour une question de crédibilité, il devrait y rénoncer parce que cela va aiguiser l’appétit des uns et des autres. Secundo, l’ancienne constitution a été abrogée par la mise en place de la nouvelle constitution en 2016. Et si la nouvelle constitution ne s’applique pas à l’ancienne, il aurait fallu une nouvelle élection puisqu’il a été élu sous l’ancienne constitution pour un mandat de cinq (05) ans donc de 2015 à 2020. Et c’est pendant ce mandat que lui Alassane Ouattara, il trouve opportun de changer la constitution. Donc j’aurai voulu qu’il dise par exemple, si les élections ont lieu en 2021, il va être candidat parce qu’il a été élu de 2015 à 2020. Donc ce n’est pas possible pour lui de venir en 2020 alors que son mandat court toujours jusqu’en 2020 pour venir dire qu’il est candidat ! Non, je suis désolé.
Mais le Président Ouattara, lui, s’appuie sur la nouvelle constitution…
Et puis, l’article 183 de la nouvelle constitution dit clairement que les dispositions de la constitution de 2000 qui n’ont pas été touchées restent en vigueur. L’article 35 dit que le Président de la République est élu pour un mandat de 05 ans et l’article 55 dit qu’il est élu pour un mandat de 05 ans rééligible une seule fois. Alors d’où vient cette dichotomie ? D’où vient cette autre manière d’interpréter la Constitution ? C’est vrai que les hommes font la loi mais on est tous régi par la loi. Donc ce qui est dit doit être appliqué à tout le monde et non pas appliqué en fonction de nos ambitions et nos intentions. Donc je pense que le mieux serait que le Président Ouattara aille se reposer. Il l’a dit lui-même, qu’il allait laisser la place à la nouvelle génération. Qu’il laisse donc la nouvelle génération gérer le pays et une retraite paisible lui sera assurée. Mais je sais qu’ils ont tous peur parce qu’en Afrique, il y a beaucoup de gabegie. Et comme personne ne veut encore voir la Côte d’Ivoire s’embraser, naturellement tout le monde sera protégé. La nouvelle génération que nous constituons, va gérer le pays dans le respect des ainés et avec leur expérience. Qu’il aille donc se reposer sans crainte. Je le dis parce que souvent en Afrique, les opposants eux-mêmes contribuent à ce que ceux qui sont au pouvoir rechignent à partir. C’est-à-dire: si je suis à l’opposition et que je menace celui qui est au pouvoir, le parti au pouvoir ne va pas vouloir quitter le pouvoir de peur de subir des répressions après. Donc chacun doit rassurer à son niveau. Que ce soit l’opposition ou le pouvoir. C’est la Côte d’Ivoire seule qui doit primer et non les intérêts personnels. Donc je demande au Président Ouattara de revoir sa copie. Il connait le passé trop récent de notre pays qu’aucun ivoirien ne souhaiterait revivre. Qu’il se retire tranquillement.
Seriez-vous vous même candidat à la présidentielle?
Vous nous donnez là, l’occasion de réaffirmer notre volonté d’être candidat aux élections présidentielles de 2020. Nous l’avons déjà dit et nous allons le confirmer bientôt. Ça sera en Côte d’Ivoire, en Décembre, au cours d’un grand rassemblement. A la question de savoir ce que nous comptons apporter et que les autres n’ont pas apporté, je peux vous dire toute suite que nous avons un programme vraiment adapté aux réalités de notre pays. Nous avons conçu un programme qui répond aux aspirations des Ivoiriens. Comment vous faites pour que le petit cordonnier, menuisier, maçon, le plombier ne pensent pas que leur travail est un sot métier ? Comment l’Etat peut les accompagner à travers la formation ? Comment anoblir ces fonctions ? Comment les mutualiser ? Comment faire en sorte qu’ils participent au développement du pays ? Nous avons une solution pour ça. Comment identifier les populations? Comment rapprocher la justice des justiciables? J’ai même proposé que le Procureur de la République soit élu. Nous avons une solution pour tout ça. On ne va pas déballer notre programme maintenant. Mais c’est pour dire que nous avons un programme qu’aucun ivoirien n’a encore proposé. Nous avons échangé avec des personnalités qui ont décidé de nous suivre à cause de notre programme conçu à partir des modèles des pays développés mais en parfaite adéquation avec la réalité ivoirienne. Bientôt, vous verrez ce programme.
Sans rentrer dans les détails, peut-on avoir quelques pans importants de ce programme si alléchant?
J’ai dit aussi en filigrane que je ne suis pas d’accord que ce soit un Président de la République qui naturalise un individu. Nous allons mettre en place un Département de l’immigration qui va réguler les entrées, les sorties mais surtout la naturalisation. Si vous avez fait 10 ans en Côte d’Ivoire; que vous avez payé vos impôts, vos taxes, vous n’avez aucun problème avec la justice, ce que le pays peut vous donner pour service rendu, c’est la nationalité. Au lieu d’aller prendre des armes pour tuer des Ivoiriens pour qu’on te donne un passeport ou la nationalité ivoirienne ou au lieu de frauder, on va permettre aux gens d’être légaux vis-à-vis d’eux mêmes et vis-à-vis du pays. Là, ce sont des choses que nous allons changer. Je vous confirme que nous serons candidats et nous sommes en train de prendre toutes les dispositions pour cela. Nous serons le candidat de la paix, le candidat des Ivoiriens. Nous venons donc pour que les Ivoiriens puissent se réconcilier et se parler comme auparavant. Voilà l’essentiel de notre programme : la paix, la réconciliation et le développement.
Pourquoi avez-vous mis fin aux activités sportives du club, Hiré FC, dont vous êtes le président?
Les raisons sont simples. Lorsque je quittais la Côte d’Ivoire, le Club était en D2. J’ai dû le confier à certaines personnes dans le but de continuer le travail immense que nous avions abattu. Tout le monde sait que j’avais hissé le Club au standard d’un Club non seulement compétitif mais des plus respecté en Côte d’Ivoire. Nous nous sommes arrangés avec l’appui de notre sponsor à mettre un stade qui répondait aux normes du Championnat national Ligue 1, notamment avec des vestiaires, une grille de protection, etc. Nous étions capables de jouer le championnat de Ligue 1. Malheureusement, la crise a fait que nous sommes partis. J’ai dû confier le Club à une personnalité qui n’a pas été à la hauteur. Les gens se disaient que mon nom rime forcément avec des millions et donc quand monsieur Ahoua Stallone vous confie son club, cela veut dire qu’il doit vous envoyer des millions tout en oubliant que j’avais mes comptes bloqués et que je ne pouvais rien faire. Donc il fallait se débrouiller avec le peu que la Fédération donnait et le peu que j’envoyais. Mais ça n’a jamais suffi. Et on était en train de péricliter sinon ce n’est pas pour une raison politique ou quoi que ce soit. Je n’ai jamais été harcelé ni inquiété. Le Président Sidy Diallo, c’est mon grand-frère. Il est venu même me chercher au Ghana en son temps en 2011. Il a même arrangé un rendez-vous avec le Président Ouattara en 2012 au Gabon parce que c’est un grand-frère qui connait aussi notre compétence et qui avait vraiment l’intention de réunir tout le monde autour de lui. La preuve, Feu Kebé Zadi, l’ancien Président du FC Guiberoua, Siaba Hervé et bien d’autres sportifs étaient rentrés à la demande du Président Sidy. Son intention de rassembler les sportifs était vraiment à louer. Mais moi, j’avais autre chose parce que je travaillais avec des organisations. Je ne pouvais être en même temps en Côte d’Ivoire et être avec ces partenaires. J’ai dû lui expliquer et je sais qu’il l’a expliqué au Président Ouattara. Cela pour dire que je n’ai pas d’animosité avec lui mais les conditions ne permettaient pas de rentrer.
Vous auriez aussi refusé de rentrer par solidarité à Laurent Gbagbo…
Mais aussi par solidarité au Président Laurent Gbagbo. Je lui (Sidy Diallo) ai dit que le Président Laurent Gbagbo ne pouvait pas être en prison à Korhogo et moi Stallone, je vais rentrer. Ce n’est pas possible. Donc ce n’est pas parce qu’on m’a mis la pression, pas du tout. C’est moi qui ai décidé volontairement de retirer mon club du championnat parce que ceux à qui j’avais confié le club, le géraient très mal. J’ai dû écrire au Président de la Fédération pour éviter la honte, que je retirais le Club. On a privé nos populations du bon jeu. Et à la demande de cette population, j’ai décidé de revenir dans le jeu pour continuer l’immense travail que nous avons abattu. Nous avons noué quelques partenariats et nous verrons donc comment mettre en place un grand centre de formation de football pour former les joueurs et permettre aux jeunes de réaliser leurs rêves.
Justement, les élections à la tête de la Fédération ivoirienne de football (FIF), c’est pour bientôt. Quel rôle comptez-vous jouer durant ces élections?
Nous jouerons notre partition. C’est ce que nous avons toujours fait. J’ai été aussi élu en son temps à la Fédération Ivoirienne de Football, à la Ligue Professionnelle. J’étais en charge de la mobilisation. Donc c’est notre maison. Je connais bien la maison. J’ai été le chargé à l’organisation de la conférence des Présidents de Clubs. Je sais comment fonctionne la Maison. Je connais les problèmes des sportifs, des Clubs. Je sais aussi que la FIF fait un gros effort pour pouvoir accompagner les Clubs. A notre temps, en ligue 1, les subventions étaient à 38 millions. Je crois qu’elles sont maintenant à 50 millions. J’ai même vu que pour les Clubs de Ligue 2, la subvention qui était de 15 millions est passée à 25 millions. Et pour les clubs de D3, passée à 15 millions. Avant, c’était 8 millions…bref. C’est pour dire que les gens ont fait un gros effort. Il faut féliciter le Président de la FIF et son équipe. Mais on n’est pas encore là. On jouera notre partition. Il y a plein de candidats qui se profilent à l’horizon. On n’espère qu’ils viendront nous donner un programme alléchant.
C’est-à-dire?
Il ne suffit pas de vouloir être Président de la Fédération sinon on allait être tous candidats. Il faut avoir le profil. Mais en même temps, il faut avoir les appuis qu’il faut. Il ne faut pas venir seulement compter sur la FIFA ou les sponsors. Un président de la Fédération qui n’est pas en odeur de sainteté avec les autorités du pays, c’est-à-dire les autorités étatiques, c’est sûr qu’il a échoué d’avance. Bref…Je pense que le moment venu, on regardera le programme. Nous comptons jouer un grand rôle. Nous sommes en train d’y travailler. Au-delà de nous, nous avons des amis avec lesquels nous partagions les mêmes problèmes; des amis que nous avons aidés en son temps; des amis avec lesquels nous avons les mêmes visions. On pourra se parler pour choisir ensemble le candidat qu’il faut au moment où les gens devront pouvoir voter. Ce n’est seulement pas la personne d’Ahoua Stallone ni de FC Hiré qui revient progressivement. Mais nous avons encore des amis qui nous écoutent, avec qui nous pourrions partager ensemble les problèmes des sportifs et pour lesquels nous pourrions peut-être donner des orientations et suivre une ligne. Le moment venu, nous déciderons. Mais je pense que nous ferions toujours ce qui est bon et demanderons à nos amis d’aller dans le sens de ce qui est bon pour le football ivoirien. Ce n’est pas la politique. Ce n’est pas l’ethnie. Ce n’est pas les confessions religieuses. Ici on est dans le sport et le sport a ses réalités. Et donc, les gens prendront les décisions en fonction des réalités du moment.
Que pensez-vous de la candidature de Didier Drogba?
Oui effectivement, j’ai appris comme tout le monde que Didier souhaite être candidat. Et pour le moment, je n’ai rien n’à dire. Il a le droit d’être candidat. Il a un carnet d’adresse bien fourni. Mais le sportif là, il juge le candidat sur son projet sportif. Le sportif ne juge pas par accointance. C’est-à-dire ce n’est pas parce que tu es mon ami que je dois te voter alors que ton projet n’arrange pas le monde sportif ni mon club ni la fédération parce que c’est tout un évènement. Des Eléphants jusqu’aux clubs, aux infrastructures. Le Président de la Fédération, ce n’est pas seulement gérer l’équipe nationale et puis les clubs. C’est vraiment tout un ensemble. On n’a pas forcément besoin que ce soit l’Etat ou le Ministre des sports qui partent à l’extérieur pour négocier des infrastructures et autres. Le président de la Fédération peut le faire. C’est un rôle qui lui est dévolu aussi. Là-dessus, je sais que Didier a beaucoup de contacts. Il peut le faire s’il en est conscient. Mais je pense qu’au moment venu, les sportifs regarderont. Ils vont juger et donner leurs voix à celui qu’ils croient capable; au Comité Exécutif qu’ils croient capable de pouvoir mener à bien le programme pour lequel ils vont les élire, qui va avoir forcément une incidence sur le développement du football ivoirien.
Qu’est-ce qui devra prevaloir, selon vous?
Ahoua Stallone: Aujourd’hui, les infrastructures, à part le stade d’Ebimpé, sont inexistantes. Or nous sommes à quelques encablures de la CAN 2021. Les stades ne sont pas pleins. Les gens ne viennent pratiquement plus au terrain. J’avais discuté avec Moov à ce sujet pour voir comment ramener les sportifs au terrain. Je ne vais pas dévoiler… Il y a plein de choses qui doivent être mises en route pour que le football retrouve ses lettres de noblesse. Quand vous allez à l’extérieur, les stades sont pleins. Mais en Cote d’Ivoire, vous n’avez même pas 200 personnes au Stade. Alors qu’avant, ce sont les primes des stades qui pouvaient même accompagner les clubs pour les primes de match et autres. Aujourd’hui, les Présidents sont obligés de puiser dans leurs poches. Il va falloir redynamiser tout cela. Donc on a besoin de quelqu’un capable de rassurer la famille sportive; quelqu’un qui a un carnet d’adresses bien fourni et bien garni. Le moment venu, les sportifs décideront. Mais ce n’est pas encore le moment de juger X ou Y ou Pierre ou Paul. Le choix dépendra du programme. Pour ce que je sais, ce sont des choses qui se préparent peut-être 10 ans en avance. Ce n’est pas à un an des élections à la FIF, qu’on dit qu’on est candidat. J’espère que les candidats ont pris les dispositions depuis longtemps. Si ce n’est pas le cas, c’est déjà peine perdue. Nous prions Dieu que tout se passe pour le mieux pour le bonheur du football ivoirien.