Invité de RFI et France 24, vendredi, Guillaume Soro a abordé plusieurs sujets brûlants de l’actualité sociopolitique en Côte d’Ivoire.
Guillaume Soro : « Ce n’est pas moi qui ai tué IB »
Sa candidature à la présidentielle d’octobre 2020, est actée. Guillaume Soro sera candidat et il espère être élu au soir des élections. « Alors, je vais vous faire une précision. Il y a longtemps, j’ai beaucoup réfléchi à cette question qui m’a mainte fois été posée. C’est décidé : je suis candidat », a-t-il décidé.
Puis de faire une autre confidence : « Avec le président Bédié, nous avons échangé, et longuement parlé d’ailleurs, et je dois m’en réjouir, m’en féliciter du soutien qu’il m’a apporté. Le principe est très net et je pense qu’il est démocratique. Tous ceux en Côte d’Ivoire qui veulent aller à l’élection présidentielle, qu’ils aillent. Qu’ils soient tous candidats. Et au second tour, nous qui sommes dans l’opposition, nous nous mettrons d’accord pour soutenir celui qui sera le mieux placé d’entre nous ».
Mais lorsque le journaliste revient sur la mort d’Ibrahim Coulibaly dit IB, Guillaume Soro se rétracte, devient hésitant et marmonne : « D’abord, en ce qui concerne la mort de monsieur Ibrahim Coulibaly (…) Dit « IB ». Je n’étais pas en Côte d’Ivoire ».
Mais cuisiné par le confrère qui lui dit que, même de loin, il aurait pu être le commanditaire, le président du Comité politique finit par lâcher, visiblement agacé : « Oui. J’étais Premier ministre. Vous pouvez quand même concéder que je n’avais pas de pistolet sur moi ».
Une réponse on ne peut plus ambigüe certes mais qui est sa vérité sur l’assassinat de IB. C’est pourquoi, vu l’insistance du journaliste sur le sujet, Guillaume Soro décide finalement de se confier : « Permettez-moi de dire la vérité sur les faits et l’exactitude matérielle des faits. Je n’étais pas en Côte d’Ivoire quand IB a été tué. On est d’accord ? Donc, je ne pouvais pas avoir tenu le pistolet. Pour le reste, la justice de Côte d’Ivoire a du travail à faire. Donc, la vérité est dans la main de la justice », dit-il.
Comme pour dire à ceux qui l’accusent qu’il n’a rien à se reprocher. Que la justice fasse son travail et on verra qui en sont les vrais coupables. Mais ce n’est pas lui, Soro. Bref. Revenant sur ses rapports avec le Président Alassane Ouattara avec qui il s’est brouillé depuis quelques temps, le député de Ferkessédougou ne fait pas la fine bouche.
Même s’il avoue avoir un énorme respect et de l’admiration pour le chef de l’Etat, il reconnait que politiquement, c’est fini entre eux. « Au plan politique, je pense que la rupture est consommée puisque j’ai lancé mon mouvement. Ce mouvement va à la conquête du pouvoir d’État. Mais je dois vous dire qu’au plan personnel et humain, je continue à garder beaucoup de respect pour le président Ouattara », avoue-t-il.
Et si vous lui demandez s’ils continuent, Alassane Ouattara et lui, de se parler, il répond sans ambages. « Je dois avouer pour être honnête avec vous qu’il y a bien un moment que nous ne nous sommes pas parlé directement, mais il existe des passerelles », déclare-t-il.
Pour la première fois, Guillaume Soro s’exprime sur la fameuse promesse qui lui aurait été faite relativement à une supposée passation du pouvoir. « En politique (…) Les promesses n’engagent que ceux qui y croient », dit-il désillusionné.
« Moi, j’ai décidé de prendre mon destin en main. J’ai décidé de m’assumer. J’ai 47 ans et je pense que, désormais, je ferai cavalier », lâche-t-il, décidé. Mais au-delà, il avoue implicitement qu’il y a bel et bien eu promesse entre Ouattara et lui. Sauf qu’un des deux acteurs n’a pas ou ne veut pas respecter sa parole. Mais qui est-ce ? A chacun, sa lecture des faits.