La présidentielle d’octobre 2020 est bien évidemment un enjeu majeur pour la classe politique ivoirienne. Alassane Ouattara, qui achève tout doucement son second mandat, ne s’est pas encore clairement prononcé sur son avenir politique. Même si le chef de l’État dit attendre l’année prochaine pour s’exprimer sur sa probable candidature, il ne veut laisser aucune marge de manœuvre à ses adversaires, notamment le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), dirigé par Henri Konan Bédié.
Alassane Ouattara veut boucler la présidentielle
Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara sont aujourd’hui de véritables ennemis. Et pourtant, les deux hommes apparaissaient aux yeux de tous comme les meilleurs alliés du monde, surtout à l’accession du président du Rassemblement des républicains (RDR) au pouvoir. On se rappelle qu’en mai 2005, sur les bords de la Seine, Ouattara et Bédié s’étaient alliés pour combattre Laurent Gbagbo, qui tenait les rênes du pays à cette époque. Cinq ans plus tard, c’est-à-dire en novembre 2010, lors du second tour de la présidentielle, le président du PDCI appelle ses militants à soutenir le candidat des républicains contre Laurent Gbagbo, qui défendait les couleurs de La majorité présidentielle (LMP).
Finalement, après une crise postélectorale qui a secoué la Côte d’Ivoire et fait officiellement 3 000 morts, Ouattara, déclaré vainqueur par la Commission électorale indépendante (CEI), s’installe au pouvoir. Le 17 novembre 2014, Henri Konan Bédié tait son ambition présidentielle et lance l’ « appel de Daoukro », soutenant la candidature unique de son « jeune frère », à l’élection de 2015.
La question de l’alternance politique soulevée par Bédié et rejetée par le président ivoirien a fini par diviser les alliés. À l’approche de la présidentielle de 2020, chacun prépare activement la bataille. Le patron du parti septuagénaire se bat pour mettre sur pied sa plateforme devant réunir plusieurs acteurs politiques. Pour sa part, Alassane Ouattara n’entend pas faciliter la tâche à l’ex-président ivoirien. Selon La Lettre du Continent, dans son numéro 809 du 09 octobre 2019, l’homme fort du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) exerce des pressions fiscales sur des cadres du PDCI à la tête d’entreprises.
À en croire le média français, « les entreprises que la présidence soupçonne d’être proches d’Henri Konan Bédié, le leader du PDCI, font l’objet d’attentions renouvelées des services fiscaux ». Notre source cite le groupe agro-industriel SIFCA de Jean-Louis Billon et le groupe NSIA dirigée par Jean Kacou Diagou.