Dans sa requête de 22 pages déposée auprès de la Chambre d’appel de la CPI, Me Emmanuel Altit exige la libération « immédiate et sans condition » de Laurent Gbagbo. Pour l’avocat de l’ancien président ivoirien, la procureure fait du dilatoire afin d’exclure son client de la vie publique en Côte d’Ivoire.
CPI, Me Emmanuel Altit tape du poing sur la table pour la libération définitive de Laurent Gbagbo
Laurent Gbagbo a été acquitté de crimes de guerre et crimes contre l’humanité devant la Chambre préliminaire I de la Cour pénale internationale (CPI), le 15 janvier dernier. Mais jusque-là, l’ancien Président ivoirien vit en liberté assorties de conditions à Bruxelles. La procédure ouverte contre lui à La Haye se poursuit dans la mesure où la procureure Fatou Bensouda a signifié sa décision d’interjeter appel contre ce le verdict d’acquittement prononcé en première instance.
Même si le procès devrait se poursuivre sur plusieurs mois encore, Me Emmanuel Altit s’indigne des nombreuses restrictions imposées à son client. Aussi, dans sa requête introduite le lundi 7 octobre la défense de l’ancien Chef d’Etat indique-t-ele clairement que cette semi-liberté de son client n’est « fondé ni juridiquement ni factuellement ».
Pour l’avocat français, imposer à Laurent Gbagbo l’obligation de résider dans un État membre de la CPI revient à l’exclure de la vie publique voire politique de son pays. Et pourtant, le fondateur du Front populaire ivoirien (FPI) entend jouer un rôle majeur pour la réconciliation nationale en prélude à la présidentielle de 2020.
Voilà pourquoi Me Emmanuel Altit déclare dans sa demande : « Il est d’autant plus crucial que soient respectés les droits de Laurent Gbagbo, notamment ses droits civils et politiques de citoyen ivoirien, que s’ouvre une période politique importante pour le pays et pour la réconciliation : celle de la préparation de l’élection présidentielle de 2020. »
A un an de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, les potentiels candidats sont d’ores et déjà en train de quadriller le territoire national, prenant ainsi une avance considérable sur leurs adversaires.
L’avocat de Gbagbo fait donc remarquer que « le maintien du régime restrictif de liberté aurait dans ce contexte pour conséquence d’interdire à Laurent Gbagbo de jouer un rôle dans la vie publique et dans la réconciliation de son pays. Cela lui interdirait par exemple de participer d’une manière ou d’une autre à l’élection présidentielle à venir. Il pourrait en effet, à la demande de responsables politiques du pays, être amené à participer à la campagne ou même, par hypothèse, à poser sa propre candidature ». Et cela, il ne saurait l’accepter. Raison pour laquelle il exige de la CPI une mise en liberté « immédiate et sans condition » de son client.