L’honorable Pascal Affi N’guessan, président du Front populaire ivoirien, s’est prononcé sur l’actualité concernant la nouvelle Commission électorale independante (CEI). C’était à l’issue d’une audience qu’il a accordée à l’ambassadeur du Royaume-Uni en Côte d’Ivoire, S.E Joséphine Gauld, mercredi 2 septembre 2019 au siège de son parti sis à Abidjan Les Deux-Plateaux Vallons.
Ci-dessous l’intégralité de l’intervention du président Pascal Affi N’Guessan au sortir de la rencontre:
« Nous avons passé en revue l’ensemble de la situation nationale. Vous savez que les représentations diplomatiques ont cette responsabilité de s’informer de la marche du pays dans lequel elles représentent leurs pays d’origine. Donc il est normal et c’est une tradition que de rencontrer les acteurs politiques et d’échanger avec eux sur l’actualité.
L’actualité en Côte d’Ivoire aujourd’hui, c’est à la fois la préparation des élections de 2020, le dialogue avec le gouvernement sur les questions centrales de ces élections, à savoir le code électoral, la commission électorale indépendante, les conditions générales des élections. C’est aussi l’état d’esprit des partis politiques par rapport à ces échéances, je dirai les perspectives d’élections apaisées et sans violences.
Ensuite, nous-mêmes, en tant que parti politique, quelle est notre vision de l’avenir et quelles sont nos ambitions pour la Côte d’Ivoire ? C’est autour de ces questions que nous avons échangé.
Affi N’guessan exprime sa satisfaction après la mise en place de la nouvelle CEI
La Question de la CEI est une question nationale. Ce n’est pas seulement la question ni du Front populaire ivoirien en tant que parti seul, ni de son président que je suis. Nous, nous avons participé à l’amélioration de ce qui existe par le passé. Je crois qu’aujourd’hui, tout le monde est d’accord que cette CEI que nous avons, même si elle n’est pas idéale, constitue une avancée par rapport à ce que nous avons ; par rapport à la présidence de la CEI qui a changé. Vous saviez que monsieur Youssouf Bakayoko cristallisait les frustrations de beaucoup d’Ivoiriens, aujourd’hui, il n’est plus à la tête de la CEI.
Du point de vue de la composition, il y a pratiquement tout le personnel a été renouvelé si on excepte monsieur Sourou et monsieur Alain Dogou, une ou deux personnes. C’est un nouveau personnel, une nouvelle opportunité faite aux Ivoiriens de construire des élections apaisées pour leur propre pays et nous devons leur faire confiance à priori. Je crois que dans ce domaine, nous devons considérer que chaque Ivoirien a pu tirer les leçons du passé, qu’il soit du pouvoir ou de l’opposition ou de la société civile et que lorsqu’il est appelé à une responsabilité aussi importante que de conduire le processus électoral, il doit être conscient que le peuple le regarde, que la communauté internationale le regarde, et que ce que l’histoire va retenir de ceux-là, c’est comment ils ont participé à faire avancer le pays, à faire en sorte qu’on tourne la page des élections avec violence pour construire la démocratie dans la paix, dans la stabilité.
Tout doit en être conscient. Que nous soyons du RHDP, du FPI ou du PDCI, nous devons être conscients que nous avons un devoir vis-à-vis de notre pays. Que nous ne sommes pas là seulement pour servir les intérêts de nos partis politiques au détriment de l’intérêt général, y compris même au prix de millier de morts. Je ne vois pas comment un Ivoirien digne de ce nom pourrait s’inscrire de façon systématique dans cette vision des choses.
Ayant vécu cette crise, personnellement je suis persuadé que ceux que nous venons d’appeler à la CEI tiendront compte des drames liés aux actes qu’ils posent et que la responsabilité qu’ils ont aussi de laisser dans l’histoire du pays leur nom dans cette phase de restauration et de renaissance de notre nation. Donc moi je leur fait confiance à priori.
Affi N’guessan rejette l’idée d’une trahison suite à l’élection du magistrat Coulibaly Kuibiert en lieu et place d’un acteur de la société civile à la présidence de la CEI
Pas du tout puisque nous avons désigné un président non marqué politiquement. Même si certains qui le connaissent disent qu’il a des affinités, qu’il est proche du président du Conseil constitutionnel, n’empêche que pour la grande majorité des ivoiriens, c’est une nouvelle personnalité qu’on découvre. Personne ne peut dire qu’à priori je le savais. Ce n’est pas Cissé Bacongo, ce n’est pas Joël N’Guessan, c’est une personnalité qui sort de l’ombre, qui n’est donc pas marqué. Donc c’est conforme à ce que nous avons dit. Ensuite, l’opposition a un poste de vice-président. C’est conforme à l’accord que nous avons obtenu avec le gouvernement. Donc, sur ces deux questions fondamentales, je ne vois pas où se trouve la trahison.
Ensuite le gouvernement est toujours engagé pour que nous continuions les négociations sur les conditions générales qui vont démarrer très bientôt. Donc je pense que nous avons été conformes à l’accord que nous avons obtenu avec le gouvernement même si cet accord n’est pas idéal. Parce qu’évidemment, il ne faut dire que cette Cei est idéale ; le dire ce serait faire preuve d’irresponsabilité. Et il n’y a pas d’équilibre parfait, et je me demande même si l’équilibre parfait peut exister dans ce genre de domaine.
Quels que soient les gens que nous allons prendre, il aura toujours des gens qui seront insatisfaits qui diront celui est proche de celui-là. Donc ce qu’il faut, c’est un cadre qui soit une amélioration du passé. Et dans lequel chaque acteur dispose d’une marge pour contrôler, pour veiller et pour alerter. Aujourd’hui l’élection, d’ailleurs, du président la démontrer. 9 contre 6 cela veut dire qu’il y a à l’intérieur un noyau dur, un noyau de gens qui vont jouer un rôle d’éveil, un rôle d’alerte.
C’est ce que nous souhaitons. C’est que ceux qui dirigent n’aient pas un pouvoir absolu, un pouvoir exorbitant et fassent ce qu’ils veulent. Mais qu’il y ait une opposition interne ou du moins un groupe qui puissent défendre nos intérêts, nous alerter si les choses ne se passent pas conformément à l’éthique électorale. Globalement je pense que nous avançons et nous invitons tous nos amis des autres partis de l’opposition à nous rejoindre. Nous les représentons. Il faut qu’ils sachent que nous sommes à la Cei pour représenter l’ensemble de l’opposition et nous allons prendre les dispositions pour voir comment nous nous mobilisons ensemble pour être présents dans les commissions locales.
Les commissions locales ne sont pas les commissions des seuls présents à la Cei, elles seront les commissions locales de tous les partis de l’opposition. Et nous devons nous concerter avec le PDCI pour voir comment nous désignons nos représentants dans chaque commission locale (…) de manière à optimiser les trois postes qui nous sont offerts par la loi. »