Kalifa Tokpa Sêdè, spécialiste en analyse des discours politiques, s’est penché sur le cas Guillaume Soro et son avenir politique depuis sa rupture de ban d’avec son mentor Alassane Ouattara. Dans cette analyse relayée par Yeclo.co, le politologue soutient que l’ancien chef du Parlement ivoirien, contrairement à ce qui est souvent raconté sur son cas, ne représente rien politiquement sans la caution de son ancien mentor Alassane Ouattara.
Ci-dessus l’intégralité de son analyse sur le poids politique réel de Guillaume Soro
Je l’ai écrit dans un post précédent, la politique n’est pas un jeu de revanche et de revenue ! Soro s’est vu trop beau ! Il s’est forgé l’idée depuis des années que c’est grâce à lui que le RHDP a gagné les élections en 2010 ! Comme s’il avait mis à lui tout seul 1 million de bulletins dans les urnes.
Si l’action de la rébellion des Forces Nouvelles a contribué à faire plier Gbagbo, Soro a vite confondu sa personne aux Forces Nouvelles. Avec tout le respect que je lui dois, il doit savoir qu’au sein des Forces Nouvelles, il était certes le premier responsable politique, mais il n’était pas irremplaçable. Il aurait été tué en 2002, 2004 à la RTI ou 2007 dans le Gruman présidentiel, qu’il aurait été remplacé par un autre et les FN auraient continué leur lutte.
La preuve, IB le père assumé de la rébellion a été écarté en 2003 lorsque les FN ont décidé de privilégier la démarche politique au détriment de l’affrontement armé. Malgré sa mise à l’écart les FN ont continué la lutte. Le Sgt-Chef Oumar Diarrassouba, une forte tête de la rébellion est tombé très tôt, mais un autre officier a pris sa place et la rébellion a continué.
Donc penser que c’est sa petite personne qui a porté le candidat du RHDP au pouvoir en novembre 2010, est une prétention démesurée et insensée qui a perdu Soro. Ce sentiment de suffisance, l’a même poussé à penser que c’est parce que sa personne est importante que le Président Tabo M’beki lui a rendu visite à Bouaké. Ç’aurait été IB, Sidiki Konaté ou Watao, le Président Mbeki serait allé à Bouake.
Maintenant qu’il ne pèse que par lui-même, pense-t-il qu’un simple maire ou député étranger viendra lui rentre visite ? Aujourd’hui, sans la caution du RHDP et du Président Ouattara, Soro est un chaton sans défense dans la jungle politique ivoirienne. En Afrique de l’ouest, tous les palais lui ont fermé leurs portes à doubles tours. Depuis 3 mois qu’il est en France, aucune officine politique, économique ou diplomatique sérieuse ne veut le rencontrer.
Rencontre Guillaume Soro et Laurent Gbagbo ?
Après avoir erré pendant trois mois, il est allé poser en photo avec le vieux Bedié pour se donner un agenda chargé à Paris. Le secret espoir de rencontrer le célèbre prisonnier de La Haye en lune de miel à Bruxelles s’est volatilisé car le Woody ne veut pas entendre parler de lui. On a toujours dit que la « patience est un chemin d’or ».
Mais le jeune homme s’est vu si beau quand il se rase le matin devant le miroir qu’il a cru devoir affronter celui-là même qui a fait de lui un homme honorable, après la réputation de rebelle qui lui collait à la peau à la sortie des dix années de crise. Bombardé Premier Ministre du grand Ouattara puis Président de l’Assemblée Nationale à la demande de celui-ci, Soro prend une cuillère plus grosse que sa bouche et devient « L’homme pressé » à la Une de Jeune Afrique.
Entouré d’une équipe peu expérimentée avec les Alain Lobognon, Affoussi Bamba, Soro Kanigui, Soro Mamadou, Soul to Soul, GKS s’est totalement fourvoyé. Lui et son entourage découvrent que la gestion d’un Etat moderne ne s’accommode pas à celle d’un Syndicat estudiantin ou d’une rébellion.
Soro Guillaume est en train d’atterrir de son petit nuage d’illusion. Du coup, il cherche à revenir à la maison. Nul doute que le Président Ouattara, homme de paix et de dialogue, héritier légitime du père de la nation Felix H. Boigny saura tendre la main à ce fils égaré.