Avant, pendant et après la crise de 2010 qui a emporté le régime de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, le journaliste Théophile Kouamouo était aux four et moulin sur les médias occidentaux pour défendre la cause du socialiste. Mais à bientôt 10 ans après la chute de ce dernier, l’un des principaux journalistes de « Le Média », en France, semble prendre ses distances avec son entourage.
Guerre déclarée entre Théophile Kouamouo et pro-Gbagbo
En effet, ce n’est pas que Théophile Kouamouo se renie, mais juste que le journaliste avisé qu’il est supporte de moins en moins le comportement totalitaire des Gbagbo Ou Rien (GOR). Ces derniers qui partageaient ses moindres publications sur les réseaux sociaux dans le passé n’hésitent aujourd’hui plus à l’attaquer de front à chaque fois qu’il fait émerger un point de vue différent du leur. Mais ce combattant de la liberté qui n’a gouté à la prison que sous le régime de la Refondation du même Laurent Gbagbo, ironie du sort, est loin de se laisser intimider par cette peuplade d’extrémistes de l’ex-Président.
Ce mercredi 18 septembre 2019, dans son analyse du comportement des soi-disant pro-Gbagbo après l’appel de Fatou Bensouda, Théophile Kouamouo provoque la réflexion chez les GORs. En réalité, il a irrité au plus haut point les fans du patron du FPI avec cette publication. L’artiste ivoirien Serges Kassy, une des têtes d’affiche de la Gorsphère, n’est pas passé par quatre chemins pour s’en prendre à Théo.
Les propos de Théophile Kouamouo qui provoque l’ire des Gors :
« Si j’étais Laurent Gbagbo, faisant l’analyse que je suis un otage et que le but de la guerre de ceux qui me maintiennent en otage est la neutralisation de l’opposition à leur poulain Alassane Ouattara, j’aurais rendu vaine leur tactique en… passant la main et en appuyant sincèrement mon successeur. »
Toujours dans sa contribution, Théophile Kouamouo, qui pense comme beaucoup de pros-Gbagbo non-fanatisés, lance : « J’aurais pris acte du fait que tous ces mois d’attente sont l’allié suprême d’un adversaire qui s’organise pendant que mes soutiens sont dans l’expectative ; pendant que mon entourage le plus proche tire ouvertement ou pas sur la personne la mieux préparée à livrer cette bataille de 2020 pour mon camp politique (je pense à Simone Gbagbo). »
Il faut croire que pour les Gbagbo Ou Rien, M. Kouamouo n’aurait pas dû désigner l’ex-première dame comme seule capable à ce jour de représenter valablement le FPI dans la course à la présidentielle de 2020. Il poursuit son analyse en disant : « Je dis « si j’étais Gbagbo », mais ce n’est en réalité qu’une tournure rhétorique parce que je ne le suis pas et que j’ai moi même mes propres affects qui auraient limité mes marges de manœuvre politique si j’étais à sa place. Et j’imagine fort bien qu’il est conscient que nombreux sont ceux qui l’entourent qui disparaîtraient s’il cessait d’être leur « marchandise politique », donc leur moyen de survie.
Théophile Kouamouo écrit, Serges Kassy dans tous ses états
En appuyant là où ça fait mal, Théophile Kouamouo s’attendait certes à des contradictions, mais pas à de la brutalité verbale. C’est pourtant de cela que va faire preuve le reggaeman Serges Kassy. Ce dernier lui a répondu en disant : «Nabobié là, tu es revenu ? Après avoir dit, qu’il (Laurent Gbagbo) aurait pu éviter ce qui est arrivé en 2011, en abandonnant le pouvoir, en laissant Dramane occuper le fauteuil, aujourd’hui c’est « si j’étais Gbagbo », la mission qu’on t’a confiée depuis un temps, et tu nous pollues l’air avec tes attaques incessantes a l’égard de Gbagbo et le FPI, j’espère que Dramane et Affi seront éternels , et au pouvoir dans ce pays mien, ne t’en fais même pas.» Comme une menace à peine voilée.
Les « chantres de la liberté d’expression » je dirais les planqués d’hier ont ici oublié le combat qu’ils disent mener, à moins qu’il ne soit que pour leurs seules gueules. Ces bandeurs de muscles en temps de paix oublient tous que dans un passé pas très lointain ils étaient tous pétrifiés par la simple idée d’évoquer leur idole Laurent Gbagbo à chaque approche d’un micro. Ils étaient tous bien cachés dans les jupons de leurs Françaises d’épouses qui rendent possible leur résidence en France, sérieusement couverts par la francité de ces mêmes compagnons. Théophile Kouamouo arpentait déjà, sans salaire ni ordre de mission, les plateaux de médias en tout genre pour dire sa part de vérité sur la crise ivoirienne, expliquant au passage que Laurent Gbagbo était en réalité la victime que ne voulait pas voir le monde. En ce moment-là, ils n’étaient pas très avares de superlatifs pour nommer sa bravoure, mais ça, c’était avant avannnnt !
M. Théophile Kouamouo, poursuivant, appelait à « Analyser la vie politique sans prendre en compte les affects, penser que ceux qui sont élevés ne sont pas sujets aux passions et angoisses qui nous étreignent nous-mêmes, les voir en demi-dieux capables de commander au réel, c’est s’illusionner lourdement. Et pourtant, on est dans « ça », dans la vraie vie avec ce qu’elle comporte de grandeur et de petitesses. »
Autant vous dire que son mur est chaud parce qu’un rassemblement rapide de Gors est perceptible sous son post qui ne fait qu’essuyer insultes et accusations de trahison. Le confrère Théophile Kouamouo est pourtant un, si ce n’est le seul journaliste professionnel, défenseur de Laurent Gbagbo aux heures chaudes de la crise. Il garde ses valeurs d’homme de gauche et c’est justement ce qui a facilité son entrée à « Le Média ».
Qu’il est maigre le salaire du combat de Théophile Kouamouo
Mais Théo vient aussi d’apprendre une chose, dans la politique ivoirienne, si vous ne reprenez pas à votre compte les chants et pas de danses d’un camp, vous devenez son adversaire. Tout ce que vous aurez fait ou perdu ne comptera pas et ne comptera plus.
C’est le dramaturge et romancier français Alexandre Dumas qui avait tout compris. Il disait : “Il y a des services si grands qu’on ne peut les payer que par l’ingratitude.”