Accusé de trahison pour avoir trouvé un projet d’accord avec le gouvernement à propos de la nouvelle CEI, Pascal Affi N’Guessan a tenu à se justifier. Dans une interview accordée à IvoirTV.net, le président d’une frange du FPI a dévoilé à demi-mot ses réelles motivations.
Affi N’Guessan : «Je ne suis pas le Président de l’opposition»
Lundi 2 septembre 2019, au terme de la rencontre entre Pascal Affi N’Guessan et Hamed Bakayoko, un projet d’accord a été trouvé entre le président du Front populaire ivoirien (FPI, opposition) et le ministre de la Défense à propos de la nouvelle Commission électorale indépendante (CEI). Au sortir de cette audience, le candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2015 a déclaré : « Le nouveau président de la CEI devrait être choisi en concertation avec l’opposition de manière à ce que ce soit une personnalité non marquée politiquement et ensuite que l’opposition puisse bénéficier d’un poste de vice-président dans le bureau et également que ce schéma soit reconduit au niveau des commissions locales. »
Sa démarche a cependant été perçue par une partie de l’opposition comme une véritable trahison de la part de l’ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo. «Tu es déplorable», «Tu es un Judas», pouvait-on entendre de la part de ces opposants qui s’expliquent mal la volte-face d’Affi N’Guessan dans le combat de la réforme de la CEI.
Mais loin de se laisser conter par ses détracteurs, le Député de Bongouanou s’est expliqué, ce week-end, sur cette chaîne de télévision en ligne. « Dans une négociation, chacun y va et chacun essaie de voir comment avancer, comment progresser compte tenu du contexte, compte tenu de plusieurs facteurs… Mais nous, nous sommes, par principe, contre la politique de la chaise vide », a déclaré Pascal Affi N’Guessan.
À la question du journaliste de savoir pourquoi il n’a pas cherché à associer les autres partis d’opposition à sa démarche, la réponse du Président de la tendance modérée du FPI a été on ne peut plus formelle : « Ce n’est pas à moi de les fédérer. Je ne suis pas le président de l’opposition. Je suis le Président du Front populaire ivoirien. Et, tant qu’avec l’opposition, nous n’avons pas une plateforme commune, chacun défend ses intérêts. Parce que les gens ne veulent pas comprendre. Ils croient que les autres partis politiques sont là pour défendre leurs intérêts à eux. »
Poursuivant, il ajoute : « Mais ce n’est pas eux qui financent mon siège. Ce n’est pas eux qui financent mes tournées sur le terrain. Quand ils défendent leurs intérêts, je ne suis pas là. »
Pascal Affi N’Guessan avouerait-il ainsi qu’il y a eu des dessous de table pour le convaincre d’engager de façon solitaire des discussions avec le gouvernement à propos de la CEI ? Le financement de son siège et de ses tournées politiques se ferait-il sur fonds octroyés par le pouvoir RHDP unifié ? Qu’en est-il donc du financement des partis politiques prévu dans la Constitution ivoirienne ?
Quoi qu’il en soit, 2020 approche à grandes enjambées, et les citoyens ivoiriens qui savent apprécier leurs intérêts, sauront choisir lors du prochain scrutin présidentiel, le candidat qui incarne le mieux leurs aspirations.