Charles Blé Goudé s’est adressé samedi dernier à ses partisans à l’occasion du premier congrès ordinaire du COJEP, son parti politique.
Charles Blé Goudé donne une leçon à Guillaume Soro
Charles Blé Goudé vient de surprendre plus d’un après son intervention du samedi 17 août 2019 à l’ouverture du premier congrès ordinaire du COJEP. L’ancien pensionnaire de la prison de Scheveningen à La Haye, a plutôt vanté l’excellence de ses rapports avec son ex-codétenu Laurent Gbagbo (74 ans) que de mettre en avant la vocation du parti politique qui reste, somme toute, la conquête du pouvoir.
« (…) Ce qui nous lie Laurent et moi, c’est une cause. C’est une cause noble qui engage la vie de millions d’Ivoiriens. Et je n’accepterai pas que les gens jouent avec cette cause. Voyez-vous, quelle que soit la longueur des oreilles, elles ne pourront jamais dépasser la tête. La tête, c’est Laurent Gbagbo. Jamais de ma vie, je ne vais me comparer à Laurent Gbagbo parce que c’est mon père, c’est mon président et c’est mon maître », a coupé court l’ancien leader de la galaxie patriotique.
Mais là où Charles Blé Goudé va davantage surprendre l’opinion, c’est lorsque, du haut de ses 47 années révolues, le dernier Ministre de la Jeunesse du régime des « Refondateurs », confiera qu’il n’entend mener aucune lutte en vue d’un quelconque héritage politique tant que Laurent Gbagbo, son mentor, est encore dans la plénitude de toutes ses facultés.
« J’ai fait 5 ans en prison avec lui. Je n’ai pas dit 5 jours, je n’ai pas dit 5 semaines, je n’ai pas dit 5 mois. J’ai dit 5 ans en prison avec lui. 24H/24. Nous nous sommes parlé. Et nous nous sommes parlé beaucoup. Il m’a enseigné beaucoup de choses que je vais mettre à votre disposition plus tard de manière pratique dans la vie. Mais, je ne suis pas pressé », lâche-t-il comme pour couper l’herbe sous les peids de ceux qui souhaiteraient sa candidature à la prochaine présidentielle de 2020.
« Quand ton père est en vie et que tu parles de son héritage, c’est que tu souhaites sa mort. C’est pourquoi je n’accepte pas, au moment où Laurent Gbagbo est encore en vie, il est encore actif, on parle de son héritage à gauche, de ses héritiers à droite. Je ne ferai pas partie de ceux qui parlent de l’héritage de Laurent Gbagbo pendant qu’il est encore en vie… », prévient Charles Blé Goudé.
Une sortie certes très ovationnée dans l’opinion mais qui prend le contrepied de la posture actuelle de Guillaume Soro (un ancien ami à lui devenu rebelle) vis-à-vis d’Alassane Ouattara. Depuis sa démission de la présidence de l’Assemblée nationale à la suite de nombreuses divergences sur la mise en place du parti unifié RHDP, Guillaume Soro est devenu un farouche opposant au Président Ouattara qu’il a pourtant contribué à installer au pouvoir. Dans chacune de ses sorties, l’ancien chef de la rébellion armée de septembre 2002, ne porte pas de gants pour fouetter le régime de l’actuel chef de l’Etat.
En témoigne sa récente rencontre avec la diaspora ivoirienne à Paris au cours de laquelle le député de Ferkessédougou n’a pas du tout été tendre envers son ancien mentor Alassane Ouattara. «Laurent (NDLR: Gbagbo) a été candidat face à Félix Houphouët-Boigny à 45 ans, Barack Obama a été président des Etats-Unis à 47 ans, et moi j’ai 47 ans, vous voulez que j’aille demander permission à quelqu’un pour être candidat, pourquoi ? J’ai 47 ans révolus et j’entends assumer mes responsabilités et j’irai dans le sens de ce que les ivoiriens auront décidé. Car en définitive, en démocratie seul le peuple décide», avait-il lancé.
D’ailleurs, concernant le cas Soro, Alassane Ouattara, lui-même, n’avait pas manqué, au détour d’un déplacement récemment à Paris, de qualifier l’ancien Président de l’Assemblée nationale ivoirienne, de fils « rebelle ». « Guillaume Soro est un fils, je l’ai dit: certains fils sont un peu rebelles, il faut leur donner le temps de s’assagir », avait ironisé le numéro 1 ivoirien. En attendant, Guillaume Soro prépare continue son petit bonhomme de chemin et annonce même que »quelque chose se passera » ces mois de septembre ou octobre prochains.