Charles Blé Goudé a profité du Congrès du Cojep, tenu ces samedi et dimanche, pour clarifier ses relations avec Laurent Gbagbo. Lors d’une récente interview sur France 24, l’ancien leader des jeunes patriotes avait indiqué que « la conclusion de Laurent Gbagbo sera son introduction ». Mais à ceux de ses détracteurs qui continuent de soutenir que les relations entre lui et son mentor se sont effritées, l’ancien ministre de la Jeunesse est allé plus en profondeur sur son séjour de cinq ans passés dans la cellule 32 de Scheveningen à La Haye.
Charles Blé Goudé « Je ne suis pas Gbagbo… »
« Je vais vous parler de Laurent Gbagbo et moi. Parce que depuis que je suis en prison, mes oreilles sont trop pleines. Ce qui nous lie, Laurent et moi, c’est une cause. C’est une cause noble qui engage la vie de millions d’Ivoiriens. Et je n’accepterai pas que les gens jouent avec cette cause. Voyez-vous, quelle que soit la longueur des oreilles, elles ne pourront jamais dépasser la tête. La tête, c’est Laurent Gbagbo. Jamais de ma vie, je ne vais me comparer à Laurent Gbagbo parce que c’est mon père, c’est mon président et c’est mon maître.
J’ai fait 5 ans en prison avec lui. Je n’ai pas dit 5 jours, je n’ai pas dit 5 semaines, je n’ai pas dit 5 mois. J’ai dit 5 ans en prison avec lui. 24H/24. Nous nous sommes parlé. Et nous nous sommes parlé beaucoup. Il m’a enseigné beaucoup de choses que je vais mettre à votre disposition plus tard de manière pratique dans la vie. Mais, je ne suis pas pressé. Quand ton père est en vie et que tu parles de son héritage, c’est que tu souhaites sa mort. C’est pourquoi je n’accepte pas, au moment où Laurent Gbagbo est encore en vie, il est encore actif, on parle de son héritage à gauche, de ses héritiers à droite. Je ne ferai pas partie de ceux qui parlent de l’héritage de Laurent Gbagbo pendant qu’il est encore en vie…
Gbagbo et moi, les gens nous ont mis en prison. Et ils ont raconté partout qu’on est mort. Qu’on ne reviendrait jamais en Côte d’Ivoire. Qu’on ne sortirait jamais en prison. Ils nous ont mis sous terre. Mais quand ils nous ont mis sous terre, il y a deux choses qu’ils ont confondues. Quand ils nous ont mis sous terre, ils pensaient qu’ils nous avaient enterrés. Or, en nous mettant sous terre, ils ont oublié ce qu’ils faisaient. Ils nous ont semés et maintenant, nous allons germer. Ils ont confondu enterrement et semence. La graine qu’on a mise sous terre, qu’on pensait avoir enterrée a, depuis le 1er février, commencé à germer pour donner des fruits plus tard. Et bientôt, nous serons de retour en Côte d’Ivoire…
Gbagbo a vendu sa vie, il a sacrifié sa vie pour que nous parlions aujourd’hui. Et il est encore dans le feu, et on lui doit tout. Et on doit lui pardonner tout. J’ai fait cinq ans, jour pour jour, heure pour heure, seconde pour seconde dans la même cellule avec Gbagbo Laurent. C’est un homme grand. J’entends trop de choses. Parce qu’avant tout, c’est un être humain. Il a besoin de notre soutien. Il a besoin de savoir que nous sommes autour de lui dans notre diversité pour que la cause puisse aboutir. Il n’a pas besoin de bruits, donc taisez-vous.
Quelqu’un qui a été bombardé dans son palais, transporté dans le QG de son adversaire, ensuite transporté à Korhogo… Avant tout, c’est un être humain. Il a besoin de repos, de calme. Moi, je parle parce que je ne suis pas Gbagbo. Je suis Blé Goudé. Moi, je viens pour enlever la rosée, mais le chef va venir passer…
Je veux ressembler à Gbagbo, parce que Gbagbo n’est l’héritier de personne. Il s’est créé lui-même, il s’est organisé. Les gens se sont moqués de lui, ils l’ont emprisonné, mais il est resté droit. Je veux marcher dans la démarche de Gbagbo Laurent pour rester droit, pour reste digne. »