Hamed Bakayoko est l’une des premières personnalités ivoiriennes à s’incliner sur la dépouille mortelle de DJ Arafat dès les premières heures de son décès, ce lundi 12 août 2019. Il ne pouvait en être autrement, car le ministre de la Défense avait adopté la légende du Coupé-Décalé comme son fils.
Hamed Bakayoko – Arafat DJ, une relation de père et fils
C’est un véritable secret de polichinelle, l’admiration mutuelle que se vouaient Hamed Bakayoko et DJ Arafat. Le ministre ivoirien de la Défense n’a d’ailleurs pas hésité à porter sur le dos, comme un enfant, le Yôrôbô devant des spectateurs médusés, en hurlant : « C’est mon fils ! C’est mon fils ! » Les Ivoiriens et autres mélomanes africains avaient alors compris que les relations entre l’homme politique et l’artiste transcendaient le cadre du showbiz pour se muer en une relation filiale entre les deux. « L’étoile filante » du Coupé-Décalé l’avait d’ailleurs reconnu en déclarant : « Bakayoko est mon deuxième papa, et il sait s’amuser, comme moi. » Puis, il ajoute : « Je me tuerais pour lui. »
C’est donc à juste titre que dans les nuits chaudes d’Abidjan, Hambak et Arafat se rencontraient pour célébrer la musique ivoirienne et la Rumba congolaise, dont est friand le ministre d’Etat. Cependant, dans une enquête publiée par Le Monde, le Dahishikan livre une confidence sur le ministre Hamed Bakayoko. « J’imagine que le président a dû lui dire : “Tu arrêtes tes trucs maintenant, tu te fais une boîte chez toi mais je ne veux plus te voir sortir.” Alors le ministre, il fait son taf et après il rentre chez lui, on le rejoint et on se saoule sur la musique. Sa boîte de nuit est normale, c’est l’alcool qui parle. Les soirées y sont impeccables, c’est notre chez nous. »
Et le ministre de confirmer ses propos dans les colonnes du confrère français : « Je voulais avoir un espace de musique et j’anticipais que mes charges officielles m’empêcheraient de profiter de la culture comme j’en ai besoin. C’est une sorte de petit pub. Comme la situation dans le pays n’est pas très facile, cela pourrait paraître choquant de voir un ministre écouter de la musique dans un pub. J’ai donc voulu me préserver un tout petit peu à travers cet espace. » Ces soirée privées étaient d’ailleurs animées par un certain Arafat DJ confortablement installé sur les platines.
Cette idylle entre Hamed Bakayoko et Ange Didier Huon ne date pas d’aujourd’hui. L’ancien patron de Radio Nostalgie a vu naître musicalement le fils de feu Huon Pierre et de Logbo Valentine dit Tina Glamour, et l’avait tout de suite adopté. « J’adore Arafat. Je l’ai vu commencer, il a progressé » avait déclaré Hambak, avant de s’expliquer : « Dans un pays très jeune comme le nôtre, si on n’entend pas ce que les jeunes aiment, on peut être en déphasage total. Je passe du temps avec lui pour comprendre sa façon de penser. »
Et en raison de cette proximité entre le ministre et la Star, les frasques du défunt artiste lui étaient généralement pardonnées. « Arafat, c’est son petit. Dans le temps, Arafat frappait ses managers. Les policiers arrivaient et il était libéré le lendemain. Le ministre le protège toujours », témoigne le photographe Jean-Marie Atteby. Aussi, Arafat DJ n’hésitait-il pas à exhiber son arme à feu qui ne le quittait presque jamais. « Tu vois ce flingue ? Je l’emmène toujours avec moi, cela me permet de me déplacer sans garde du corps », pouvait-il se justifier.
C’est donc en vertu de cette proximité qu’Hamed Bakayoko ne s’est pas empêché de couler des larmes à l’annonce du décès de DJ Arafat.
« Je me tuerais pour lui », affirme, comme en écho, DJ Arafat dans son petit studio à domicile où il nous fait écouter des extraits de son prochain album produit par Maître Gims. « C’est mon parrain. Il m’a emmené voir l’ancien président Henri Konan Bédié. Bakayoko est mon deuxième papa et il sait s’amuser, comme moi. »