Ce moment d’échanges avec Guillaume Soro, était très attendu. Comme annoncé depuis quelques jours, le Président du Comité politique a rencontré la diaspora ivoirienne vivant en Europe, dans la soirée du samedi 10 août 2019 à Paris. Une rencontre qui, selon des témoins, a refusé du monde tellement la salle était pleine à craquer. Une occasion toute rêvée pour Guillaume Soro de dire certaines vérités sur ses rapports avec le régime Ouattara mais aussi sur sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2020.
Guillaume Soro : « Je ne suis pas RHDP »
(…) Je ne suis pas RHDP. On a voulu que je quitte la tête de l’Assemblée nationale. J’ai décidé moi-même de partir de la tête de l’Assemblée nationale. Je n’avais pas envie de faire un bras de fer à cause d’un poste. On peut se battre pour la paix dans son pays. On peut se battre pour des causes nobles. Mais aller se battre pour des postes, je ne le ferai pas. Je suis parti de la tête de l’Assemblée nationale. Vous ne pouvez pas imaginer comment je me sens soulagé. Et je me suis démarqué de la gestion du parti au pouvoir en Côte d’Ivoire, RHDP. Je ne suis pas dedans. Si vous m’avez suivi, vous verrez que j’ai commencé à me démarquer depuis 2015.
J’ai pris des positions publiques qui pouvaient me coûter. Au nom de la vérité et par acquis de conscience, je ne pouvais pas trahir l’idéal pour lequel nous nous sommes battus. Ce n’est pas pour faire un parti unique en Côte d’Ivoire qu’on s’est battu. On ne s’est pas battu pour le parti unique. On ne s’est pas battu pour le RHDP. Ce n’est pas ce qu’on s’était dit. C’est pourquoi je suis parti de l’Assemblée nationale. J’ai vu des personnes me demander pourquoi je quitte l’Assemblée, un poste où je suis numéro trois du pays, pour ne devenir qu’un simple député. Pour moi, ma conviction est plus importante que les postes auxquels nous sommes. Aujourd’hui, certaines personnes se permettent de me moquer en disant : « Guillaume ne sait même pas lire un budget ». Si ce n’est pas l’arrogance, qu’est-ce qui peut leur permettre de parler ainsi.
Alors que ce monsieur qui parle ainsi, a été mon ministre. Il était très content et m’appelait : « Excellence ». Je ne comprends pas l’arrogance actuelle qui s’est saisi de nos dirigeants. Je suis solidaire du bilan de Ouattara pour son premier mandat. Mais le deuxième là, non. Je ne suis pas solidaire. Lorsque nous avons pris le pouvoir en 2011, il faut le reconnaitre. Il y a eu le retour de la paix ; le bond qualitatif. Et je suis solidaire de ce mandat là. Mais à partir de 2015, j’ai été le premier à dire qu’il fallait que les Ivoiriens se réconcilient d’abord. Je l’avais déjà dit en 2013. Tant que les Ivoiriens se ne considéreront pas comme des frères et des sœurs, la Côte d’Ivoire ne connaitra pas une paix durable. Et au nom de la réconciliation, je suis allé à Gagnoa.
Guillaume Soro: « Un enfant qui reste dans la maison de son père à 47 ans, c’est un vaurien »
J’ai commencé à sillonner la Côte d’Ivoire pour demander pardon aux Ivoiriens et professer la réconciliation. Je demande pardon non pas parce que je suis le plus fautif. Non. Je demande pardon parce que le pardon guérit. Peut-être qu’à ce moment, les oreilles n’étaient pas encore prêtes pour recevoir le message de la réconciliation mais il a fallu que je sois persévérant pour continuer à demander pardon. Et je me réjouis aujourd’hui que toute la classe politique ait repris le mot réconciliation. Et je profite pour saluer la rencontre entre les président Bédié et Laurent Gbagbo à Bruxelles. C’est très bien. C’est un moment de réconciliation. Certains sont là à se demander : « Est-ce que Guillaume va aller se réconcilier avec Gbagbo ? ». Mais vous m’attendez pourquoi ?
Guillaume Soro l’assure, il ne fera pas marche arrière avec Ouattara
J’ai 47 ans révolus. Parce que j’entends des gens dire : « il faut revenir dans la maison du père ». Un enfant qui reste dans la maison de son père à 47 ans, c’est un vaurien. Moi j’ai 47 ans et je dois aller demander la permission à quelqu’un pour être candidat ? Mais pourquoi ? Je dis bien: j’ai 47 ans révolus et j’entends bien assumer ma responsabilité. Donc je ne serai sous la tutelle de personne.