Dans un communiqué, Amnesty international dénonce formellement les graves violations des droits de l’homme dont se rend responsable le régime du président Alassane Ouattara à l’approche de l’élection présidentielle de 2020.
Côte d’Ivoire : Amnesty international dénonce des arrestations et des condamnations arbitraires, ce qui est demandé à Ouattara
Les autorités en Côte d’Ivoire doivent mettre un terme aux attaques persistantes contre les militants de la société civile et les membres de l’opposition, a déclaré Amnesty International à la veille de la fête de l’indépendance du pays, le 7 août.
Quatorze militants ont été interpellés depuis le début de l’année dans le cadre de la répression qui vise les voix dissidentes dont le cybermilitant Soro Tangboho alias Carton Noir. Sa condamnation à un an de prison a été alourdie et fixée à deux ans à l’issue de son procès en appel.
Les célébrations prévues ce 07 août 2019 pour la fête de l’indépendance sont une occasion que le président Alassane Ouattara et son gouvernement doivent saisir afin de respecter et de promouvoir les droits à la liberté d’association, d’expression et de réunion pacifique.
« Les menaces croissantes qui pèsent sur les militants et les opposants pacifiques en cette période de tensions politiques, risquent de faire basculer le pays dans l’instabilité à l’approche des élections de l’an prochain », a déclaré Marie-Evelyne Petrus Barry, directrice régionale pour l’Afrique occidentale et centrale à Amnesty International.
« Les célébrations prévues demain (ce jour) pour la fête de l’indépendance sont une occasion que le président Alassane Ouattara et son gouvernement doivent saisir afin de respecter et de promouvoir les droits à la liberté d’association, d’expression et de réunion pacifique», dit-elle.
Carton Noir a été arrêté de manière arbitraire le 8 novembre 2018 à Korhogo, dans le nord du pays, alors qu’il diffusait en direct sur Facebook une vidéo montrant des policiers qui, selon lui, étaient en train d’extorquer de l’argent à des motocyclistes.
Accusé de « troubles à l’ordre public » et d’« incitation à la xénophobie », il a été arrêté et condamné à un an de prison. Le 7 juin 2019, un procureur a fait appel de cette sentence et le 24 juillet, son nouveau procès s’est ouvert. Il a été condamné en appel à deux années d’emprisonnement, le 31 juillet.
Avant la condamnation de Carton Noir, le 23 juillet, six membres des Indignés, une coalition de la société civile, ont été arrêtés devant le siège de la Commission électorale alors qu’ils devaient rencontrer des responsables à la suite du report d’un rassemblement pacifique prévu ce jour-là.
Nahounou Daleba, membre de la coalition, a déclaré à Amnesty International :
« Nous avions reporté notre rassemblement et étions en chemin pour une réunion avec la commission électorale. Mais nous avons été surpris de voir des tanks et des policiers devant le bâtiment. Ils nous ont arrêtés et conduits au poste pour nous interroger, en l’absence d’un avocat. Ils nous ont gardés jusqu’au lendemain. »
Les membres de l’opposition sont eux aussi harcelés.
Le professeur Bamba Moriféré, président du parti d’opposition Rassemblement du Peuple pour la Côte d’Ivoire (RPCI), a été arrêté le 7 juillet à Abidjan et conduit au poste de police, avant d’être relâché quelques heures plus tard. Il était l’un des principaux organisateurs d’un rassemblement, le 6 juillet, regroupant des opposants et des militants de la société civile pour dénoncer la non-gratuité des cartes d’identité biométriques et le projet de loi réformant la Commission électorale indépendante. Le 11 juillet, il a de nouveau été interrogé par la police et accusé d’ « incitation à l’insurrection, xénophobie et troubles à l’ordre public ».
Le 1er juillet, le jeune opposant Valentin Kouassi a été arrêté par la police et conduit dans un lieu tenu secret, sans pouvoir consulter ses avocats, à la suite du rassemblement qu’il a organisé le 23 juin dans la ville d’Adzopé, dans le sud du pays. Il a été relâché par la suite, placé sous surveillance judiciaire, inculpé de troubles à l’ordre public et s’est vu interdire de s’exprimer en public et sur les réseaux sociaux au sujet de l’actualité, et de participer à des rassemblements.
« Les autorités ciblent et arrêtent des militants et des opposants uniquement parce qu’ils expriment leurs opinions politiques ou organisent des manifestations pacifiques. Le gouvernement doit tous les libérer immédiatement et sans condition et veiller à ce que nul ne soit arrêté ni incarcéré pour de tels motifs », a déclaré Marie-Evelyne Petrus Barry.