Après le dépôt de la décision écrite des juges de la Chambre préliminaire I, l’honneur échoit à Fatou Bensouda de voir dans quelle mesure interjeter appel. Mais le bureau du procureur vient d’avouer qu’il s’est fourvoyé dans ce procès de Gbagbo et Blé Goudé.
Echec dans le procès Gbagbo, Fatou Bensouda accuse Ocampo
15 janvier 2019, le juge président Cuno Tarfusser prononçait l’acquittement et la mise en liberté immédiate de Laurent Gbagbo et Charges Blé Goudé. Deux semaines plus tard, les deux accusés ivoiriens sont libérés sous conditions par la Chambre d’appel. Le Bureau du procureur n’attendant désormais que la décision écrite des juges de première instance avant d’envisager la possibilité de faire appel à leur décision.
Après l’exposé écrit des motifs de ces juges, Fatou Bensouda et son équipe demandaient une prolongation de délai de 3 mois afin d’analyser les 1 351 pages du document produit par les juges de la première chambre. Mais la Chambre d’appel n’a pas fait droit à la procureure gambienne. Le juge président Chili Eboe-Osuji ne lui ayant accordé qu’une prolongation de 30 jours.
C’est dans cette déconvenue que le Bureau du procureur vient de produire son Plan stratégique 2019-2021. Dans ce document, la Procureur Bensouda fait le bilan à mi-parcours de son mandat. « Le Plan stratégique 2019-2021 coïncide avec une période de résultats mitigés à l’audience et de difficultés extérieures inédites. Malgré un certain nombre de succès obtenus à l’audience par le Bureau entre 2016 et 2019 (notamment dans l’affaire Al Mahdi, l’affaire Bemba et consorts et, plus récemment l’affaire Ntaganda) et les efforts considérables déployés par ses membres dévoués et compétents, celui-ci a essuyé d’importants revers (dans l’affaire Ruto, l’affaire Bemba et l’affaire Gbagbo et Blé Goudé », peut-on lire dans ce document.
Fatou Bensouda impute en partie cet échec à son prédécesseur Luis Moreno Ocampo, dont elle a hérité le poste et les dossiers. A l’en croire, il s’agit des « effets résiduels de la stratégie du Bureau antérieure à 2012 ». Mais loin de se dédouaner totalement, elle évoque par ailleurs ses « difficultés à apprécier les règles juridiques en vigueur en raison parfois d’un conflit de jurisprudence ou de méthode ».
Quoi qu’il en soit, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé attendent que la procureure Bensouda tire toutes les conséquences de son échec en leur permettant de rentrer au pays, la Côte d’Ivoire, pour contribuer à la réconciliation nationale.