7 années après que la mort l’a arraché à l’affection des siens, Bernard Zadi Zaourou demeure dans le coeur de bon nombre d’Ivoiriens, et non des moindres.
Des anciens étudiants de Lettres modernes de l’Université de Cocody, ressuscitent Zadi Zaourou
Enseignant, homme politique, écrivain et syndicaliste ivoirien né en 1938, Bernard Zadi Zaourou, connu également sous le nom de Bottey Zadi Zaourou, a quitté le monde des vivants le 20 mars 2012. Père du Didiga, une esthétique qui se décline au plan artistique comme le récit des prouesses d’un héros chasseur nommé Djergbeugbeu et au plan philosophique comme l’art de l’impensable, Zadi Zaourou peut être considéré comme un auteur féministe. En peignant des femmes l’image de guerrières intrépides, il relance par la bouche de la gent féminine, la question de la fragilité du pouvoir mâle. En témoigne cet extrait de La Guerre des Femmes dont abidjan.net nous en fait un large écho dans une biographie de l’homme publiée sur internet :
Mahié
Oui, (…) Quand tu seras seule avec l’homme avec qui tu passeras la première nuit, observe bien sa nudité. A la lisière de sa prairie qui est à tous points semblable à la nôtre, tu découvriras un arbre sans feuillage. Il porte un fruit qui renferme deux fèves. Ne t’acharne pas sur le fruit. Tu tuerais l’homme. Caresse plutôt l’arbre. Il grandira et grossira subitement. A vue d’œil. Ne t’effraie pas. Couche-toi sur le dos. Amène ton double à s’allonger sur toi, de tout son long. Les tisons que tu portes là, sur ta poitrine, le brûleront d’un feu si doux qu’il roucoulera comme une colombe. Il s’abandonnera à toi. Engage alors son arbre dans ton sentier ; fais en sorte que lui-même lui imprime un rythme : haut-bas ! haut-bas ! haut-bas ! Tu verras. Ses yeux se révulseront et il s’oubliera dans une jouissance indicible. Quand tu le verras ainsi désarmé et à ta merci, ne le tue pas mais retiens que toi seule pourras l’envoûter de la sorte, chaque fois que tu le voudras, toi. Ce pouvoir, c’est l’arme nouvelle que je vous laisse. Dis à toutes mes filles, le moment venu, qu’elles en fassent bon usage et qu’elles n’oublient jamais que nous sommes en guerre et que la paix des hommes ne sera jamais qu’une paix de dupes !
Eh bien! 7 années après le décès de l’illustre enseignant, ses ex-étudiants et étudiantes de Lettres modernes de l’Université de Cocody de la promotion 2004-2010, ont bien voulu se retrouver au sein d’une plateforme dénommée Promotion Zadi Zaourou aux fins d’immortaliser l’homme. Ainsi donc, samedi 27 juillet 2019, ces disciples du Maître du Didiga, aujourd’hui pour la plupart dans la vie active, se sont retrouvés à Grand-Bassam pour jeter les bases de cette association.
« De 2007 à 2010, des étudiants venus d’horizons divers font la Faculté des Lettres de l’Université de Cocody; université appelée aujourd’hui Université Félix Houphouet-Boigny. Ces étudiants y rencontrèrent un professeur émérite, un Maître en la personne de Bernard Zadi Zaourou; un nom, une personnalité, un symbole de la culture et du savoir. Ce nom servira d’appelation pour la promotion en question. 2019, c’est-à-dire 10 ans plus tard, ladite promotion se retrouve et cette fois-ci non sur la Fac mais dans le quotidien pour célébrer la fraternité et la solidarité d’hier à aujourd’hui », a expliqué Wondji Pamphile, Président du comité d’organisation.
Touré Bouraima, fils spirituel de Zadi Zaourou, aujourd’hui cadre dans une société de la place, a livré son témoignage sur l’illustre disparu. A sa suite, Gnizako Flavien, homme de lettres et conférencier, a d’emblée tenu à rappeler que la Promotion Zadi Zaourou doit être perçue comme une appellation. « L’important, c’est de se retrouver pour célébrer un homme: Zadi Zaourou », a-t-il rappelé. M. Gnizako a ensuite fait savoir que l’une des qualités qui caractérisaient Bernard Zadi Zaourou, était l’intégrité.
« Ce que j’ai apprécié chez le professeur, c’est sa mentalité. Zadi ne forme pas en fonction de la région ni de l’ethnie. Le combat de Zadi était un combat par la culture. A travers la culture, on peut véhiculer tout type de message (…) Il a été approché par des hommes puissants qui voulaient le rendre puissant à condition qu’il change le ton de ses oeuvres. Il a refusé (…) Zadi Zaourou est un homme intègre qui a refusé d’être député dans son village sur la base de la fraude. Si nous nous mettons ensemble pour véhiculer les idées de Zadi Zaourou, ce sera faire oeuvre utile pour la Côte d’Ivoire », a plaidé Gnizako Flavien.
En attendant le prochain RDV qui permettra de mettre en place les instances dirigeantes de l’association, Wondji Pamphile a été désigné à l’unanimité Président du Comité ad hoc. Avec son équipe, il a la lourde charge d’élaborer les statuts et règlement intérieur de l’association en vue de sa déclaration officielle.