Alors que le baromètre mondial sur la corruption vient d’être publié par transparency International, la Côte d’Ivoire ne semble pas concernée. On pourrait le dire aussi pour les droits de l’homme. Mais la démocratie et la bonne gouvernance sous nos tropiques sont mesurées à la quantité de billets de banques, distribués. Les paradoxes politiques de la Côte d’Ivoire, entre démagogie et une affaire de tribunal, Nelson Zimin en parle.
« Rejoignez-moi, votez pour moi ou mourrez de faim, bonjour ! »
Mon cher DEGBA,
Telle est la devise des démocrates de ton pays. Tu sais, au regard de ce qui se passe ces dernières semaines dans ton pays. Je ne sais plus quoi penser. Toutefois, permets-moi de te faire l’économie d’une correspondance classique, et t’expliquer deux petites choses. La politique dans ton pays a pris des proportions non rationnelles.
Vois-tu! Je me pose la question de savoir comment Transparency International à fait pour classer la Côte d’Ivoire au rang des pays qui auraient amélioré leur indice de corruption en 2018 ? Piston ou réseau, bien malin celui qui répondra. Mais les faits quant à eux, restent bien incompressibles. Le week-end dernier, un membre de l’opposition de chez vous a été enlevé à son domicile, entendu puis convoqué au tribunal. Bamba Moriféré est pourtant ancien membre du gouvernement, donc soumis à une procédure spéciale d’interpellation prévue par la loi de 2005. Le gouvernement a violé son propre code de procédure pour arrêter un opposant. Une fois au tribunal, la juge de la Cour suprême renvoie l’affaire en première instance au tribunal d’Abidjan, en prenant le soin, de désavouer partiellement le gouvernement et de renvoyer les parties dos à dos. Elle ne peut que suivre son cours tordu, la procédure. Mais il y’a mieux.
Adjoumani fait son « travaillement » sans craindre de se retrouver au Tribunal
Un ministre de la république représentait il y’a quelques jours, le premier ministre Amadou Gon Coulibaly à une cérémonie. L’investiture de Serey Doh, président du conseil régional du Guémon, à l’ouest de la Côte d’Ivoire. Le ministre Adjoumani Kouassi Kobenan a offert 15 millions Fcfa en petites coupures, aux chefs traditionnels. Cet argent transporté dans des sacs, et offert est un signe visible de corruption et d’achat de voix. Mais chez vous tout est possible tant qu’on est du côté du pouvoir en place. Pas de tribunal pour pour lui. Le même ministre avait affirmé et assumé que le parti au pouvoir recrutait des étrangers, les enrôlait à des fins électoralistes. As-tu vu ou entendu la voix de votre procureur de la République sur ces questions ? Bien sûr que non! Sinon autogoal ! Pas de tribunal ici non plus pour lui.
Pourtant, on poursuit un opposant pour avoir dit « nous ne devons plus laisser des aventuriers détruire notre pays ». Il est poursuivi pour xénophobie. Belle lecture politique de la justice en laisse. Quel est le message que votre gouvernement veut-il nous communiquer ? On ne peut pas dire que « la Côte d’Ivoire est un pays de liberté » et enregistrer ce genre de dérives. Entre le népotisme, la corruption et la mauvaise gouvernance, je préfère écouter Mofaddel Abderrahim qui dit à propos que : « La loyauté n’est qu’une chimère dans les pays où la corruption fait rage ». Pour preuve, le vice-président Daniel Kablan, le président du Sénat Ahoussou Jeannot et le président du conseil économique et social ont été virés des instances du parti au pouvoir. Ils avaient tous trahi Henri Konan Bédié et le PDCI, pour rejoindre le RHDP de Ouattara. Ai-je encore matière à écrire ?
A Bientôt
Nelson Zimin