Être poltron, c’est avoir peur je crois. Mais être couard en politique, c’est être poltron sans avoir peur. Je le sais, vous n’y comprenez rien et moi non plus d’ailleurs. C’est justement le sentiment que les laboratoires politiques qui surfent sur la peur du rejet des non nationaux, et du chantage à la guerre qui menace tous ceux qui parlent de la préférence nationale, diffusent en Côte d’Ivoire. Mais Henri Konan Bédié a décidé de mettre les pieds dans le plat, pour enfin poser un débat de fond.
Les faits qui étayent les accusations d’Henri Konan Bédié
Le débat qui a cours en Côte d’Ivoire actuellement dans un environnement de crise sociale, surjouée sur fond politique oblige à rester en dehors de celui-ci, pour le besoin de recentrer le débat. La dernière sortie du président Henri Konan Bédié fait l’effet d’un pavé de 500kg, qui flotte sur une marre d’inquiétudes. Du président Henri Konan Bédié et du chef de l’État Alassane Ouattara, il ne s’agit pas de savoir qui aime ou pas les étrangers. Non. La question devrait être abordée sous l’angle de notre politique migratoire et de la sécurité des Ivoiriens.
Cette question est exactement traitée comme celle du chômage des jeunes. La jeunesse est le meilleur produit politique que chacun habille de sa marque et de sa couleur politique. Finalement, tout le monde pose le même problème, mais chacun fait prévaloir ses propres arguments qui souvent n’ont rien à voir avec le diagnostic posé.
Pour véritablement diagnostiquer la question de l’orpaillage clandestin, il faut faire l’état des lieux des mines et situer leur contexte lié à la crise de 2002.
A qui appartiennent ces mines et qui embauche les orpailleurs qu’Henri Konan Bédié met en cause ?
La majorité des propriétaires des mines clandestines sont issus de l’ex rébellion ivoirienne que Guillaume Soro a dirigée. Depuis 2003, la rébellion ivoirienne a installé l’un de ses quartiers généraux dans la zone diamantifère du pays et exploite les mines désertées par les travailleurs de la Société de développement des mines de Côte d’Ivoire (Sodemi) et surveillées, à l’époque, par la gendarmerie nationale.
Devenus propriétaires des mines de diamants, les rebelles de Guillaume Soro ont vite fait appel à d’anciens soldats de Sierra Leone et du Liberia affamés et désarmés. Ils leur ont offert l’exploitation des sites de diamants, leur sécurisation et le reversement de 60 % des ventes des diamants. Les rebelles ivoiriens se contentent dans cet accord de trouver les acheteurs. Ainsi chaque jeudi, d’imposants véhicules 4×4 venus de Guinée ou du Liberia affrontent la boue, la pluie ou le soleil pour venir acheter des pierres précieuses. Selon des indiscrétions proches de la rébellion du tout puissant Guillaume Soro, la vente des diamants sortis des mines sous annexion, aurait rapporté la bagatelle de 300 milliards de francs CFA, autour de 600 millions de dollars américains de 2003 à 2009.
La pacification du pays n’a pas pris en compte les mines qui font l’objet du constat d’Henri Konan Bédié
Pourtant les mines de diamants de Bobi, de Diarabana, de Dualla et de Kani, à Séguela, dans le nord du pays existent encore, mais sous la responsabilité de qui ?
Par ailleurs, de nombreuses sources ont attribué des mines clandestines d’Or à Issiaka Ouattara dit « Wattao ». Mais le mise en cause n’avait jamais fait l’effort d’apporter un démenti.
Ainsi, la réaction du gouvernement semble ramer à contre courant de la recherche de la vérité. Pourquoi jouer de l’instrument de l’Ivoirité ou de celui de la xénophobie, sur une question qui touche à la sécurité nationale et à l’économie du pays ?
Jusqu’à la fin la crise post-électorale, les profiteurs de la crise n’ont pas forcément envie de faire un bilan du suçon de la moelle de l’os qu’ils ont gardé longtemps dans la bouche.
Alors, il serait plutôt judicieux que le gouvernement ivoirien instruise une enquête pour comprendre les fondements des propos du président Henri Konan Bédié, afin d’éclairer et informer les ivoiriens sur l’état de ces mines clandestines qui ont bien des patrons qui ont recruté ces orpailleurs non nationaux.
Nelson Zimin